100 ans église Saint Jean de Cour Lausanne
100 ans église Saint Jean de Cour Lausanne
L'église Saint-Jean de Cour à Lausanne fête ses 100 ans. Dans cette oeuvre d'art a eu lieu le renouveau du culte en Suisse romande, aux effets encore actuels
Au premier coup d'œil, difficile d'imaginer que nous arrivons dans une église protestante. Une pietà - Marie pleurant le Christ étendu sur ses genoux - domine le porche. Et pourtant. L'église Saint-Jean de Cour à Lausanne, qui fête son centenaire, a été pensée par Jules Amiguet, un pasteur protestant aux idées claires, controversées à l'époque par les uns, avant-gardistes pour les autres. «Cette église est une œuvre d'art totale, tout a un sens symbolique», avertit le pasteur Philippe Bécholey en nous invitant à entrer. Les couleurs vives du chœur saisissent le visiteur. La peinture murale est l'une des œuvres les plus réussies de l'artiste vaudois Louis Rivier. Et des plus originales. Au centre, un Christ en croix est porté à bout de bras par Dieu le Père. «L'amour du Père soutient le Fils. Regardez, Jésus n'est pas sanguinolent, il est déjà sur son trône de gloire, promis à la Résurrection», s'émerveille le pasteur. Regardez mieux. Jésus et le Père ont le même visage. «Celui qui a vu le Fils a vu le Père», cite Philippe Bécholey en référence à une parole de Jésus. L'artiste, de connivence avec Jules Amiguet, a représenté, à droite, une foule de témoins de l'Ancien Testament et, à gauche, de la Nouvelle Alliance. Tous ont les yeux tournés vers le Christ. «On a accusé le pasteur Amiguet d'être un crypto-catholique, mais la Parole est au cœur de cette peinture», fait remarquer notre guide en désignant les nombreuses pages bibliques, parfaitement lisibles, peintes près de chaque personnage. «Chacun est habité d'une parole qui annonce le Christ.» Voilà une étrange réunion: saint François et saint Augustin côtoient Luther, Calvin, Viret… mais aussi Charlemagne. «C'est la communion des saints où il n'y a plus de séparation», explique le pasteur. Comprenez mieux en prenant du recul. L'armée céleste des anges, qui domine la peinture, se poursuit sur les vitraux de la nef, au-dessus des bancs des fidèles. L'assemblée est ainsi reliée à la communion des saints. La clé est là. Alors que le culte était d'une grande austérité, Jules Amiguet a voulu le rendre proche des gens. «Il a fait cavalier seul pour initier un renouveau liturgique. Il a voulu que l'église soit toujours ouverte, décorée de fleurs, ce qui était rare. Il a déplacé la chaire de côté, introduit les tapis aux couleurs liturgiques et les répons chantés par l'assemblée. Mais surtout la célébration de la sainte cène chaque dimanche.» Le culte d'aujourd'hui en Suisse romande lui doit beaucoup, constate Philippe Bécholey.
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