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Armoires de Moutier

Armoires de Moutier

1987
Jérémy Toma

De gueules à un portail d'église maçonné d'argent

Autocollant des armoiries de la commune bernoise de Moutier collé sur une planelle est offerte aux employés de la succursale prévôtoise de la Banque Populaire suisse en 1987 afin de célébrer le 75ème anniversaire de sa fondation.

Histoire

Fondation de l'abbaye de Moutier-Grandval

Au VIIᵉ siècle, le duché d'Alsace s'étendait au sud jusqu'au col de Pierre-Pertuis. Dans l'intention de rouvrir cette route déjà fréquentée à l'époque romaine, le duc Gundoin (656-656) offre, vers 640, des terres à défricher dans la vallée de la Birse à Walbert (595 -670) , abbé du monastère colombanien de Luxeuil. Ce dernier y fonde une abbaye, sur le site actuel de la ville de Moutier, qu'il place sous l'autorité du moine Germain de Trêves (612-675).

Les défrichements sont dirigés par Fridoald, un des derniers survivants ayant connu Colomban (540-615) qui avait fondé l'ordre colombanien. Germain de Trêves y fait construire une église dédiée à Saint-Pierre, ainsi que le monastère et ses dépendances à proximité. Il aménage largement le passage de la vallée et établit une liaison directe entre le nord et le sud, reliant ainsi les vallées de Delémont et de Tavannes par les gorges de Moutier et de Court.

Armoiries

Le plus ancien sceau du chapitre retrouvé présente un caractère roman. De forme ovale en pointe aux deux extrémités, il porte l'inscription « SIGILE CAPIT GRAN DIVALECCLLAE », qui encadre la figure d’un chanoine debout, vêtu des habits sacerdotaux, tenant une crosse et un livre.

Un autre sceau, datant de la fin du XVIIᵉ siècle, se distingue par sa forme ronde et l'absence d'inscription. Il est orné d’un cartouche de style Louis XIV, où figurent des armoiries coupées, moitié or, moitié gueules, ainsi qu’un grand « G » majuscule. Au-dessus, la Vierge et l’Enfant Jésus sont représentés, accompagnés à droite d’un chanoine tenant une crosse et une palme, et à gauche d’un autre chanoine portant une palme et un livre. Ces figures, probablement saint Germain et saint Randoald (?-675), apparaissent debout en adoration. On retrouve ces mêmes armoiries peintes sur le couvercle d’un coffre-fort de 1694, issu du mobilier de Bellelay. Il est donc certain que le chapitre de Grandval possède son propre sceau et ses armes, qui subissent des transformations au fil du temps tout en conservant un caractère purement religieux.

En 1332, la commune bourgeoise apparaît. C’est à cette époque que, dans le langage populaire, le nom commun de « moutier » (monasterium), « môti » en patois, se répand et finit par remplacer le nom propre « Grandval ». En 1430, Jean de Fleckenstein (?-1467, évêque de Bâle, accorde la première lettre de franchises à la prévôté. En 1446, le prévôt octroie le « rôle », et le 14 mai 1486, la prévôté conclut un traité de combourgeoisie avec Berne. L’historien Auguste Quicnerez (1801-1882) rapporte qu’à la fin du XVᵉ siècle, la prévôté possède son sceau et sa bannière. Malheureusement, seul le sceau est encore conservé.

Ce sceau, de forme ronde, porte une inscription en pourtour, encadrant une représentation du monastère d’architecture romane. Celui-ci repose sur un socle profilé et se compose d’une façade principale recouverte de bois jusqu’à la corniche. Il arbore une double porte fortifiée et une rosace dans le fronton, flanquées de chaque côté de tours rondes crénelées aux moellons saillants. Cette structure rappelle moins les principes architecturaux bénédictins que ceux adoptés par les Templiers (Milicia Templi, VIIIᵉ et IXᵉ siècles), qui allient architecture monastique et militaire par nécessité. Cela laisse supposer que le premier couvent, détruit lors de multiples incursions, a été fortifié ou reconstruit.

Un autre sceau de la prévôté, quasi identique au précédent, date de 1691. Son exécution, plus soignée, reflète l’évolution artistique du XVIIᵉ siècle.

Il est évident que les graveurs de ces sceaux réalisent un travail purement décoratif, s’inspirant à la fois de la façade de l’ancien monastère et des armoiries d’Amédée, chevalier de Moutier, qui porte sur fond gueules un château féodal d’argent flanqué de deux tours. Ces éléments figurent également dans un manuscrit de Bietrix.

Les historiens Desvoighes de Saincourt, le curé Sérasset et le doyen Bridel s’accordent à dire que la première bannière de la prévôté représente, sur fond gueules, un monastère collégial d’argent flanqué de deux tours. Une seconde version y ajoute une crosse épiscopale, tandis que la troisième arbore une cathédrale d’argent sur fond gueules, avec deux clochers à fenêtres. Cette dernière apparaît sur un sceau de la république de la prévôté, qui subsiste de 1793 à 1798, date à laquelle les trois bannières sont brûlées.

En 1816, lorsque la prévôté devient un district du canton de Berne, les Prévôtois font renouveler leur bannière, qui existe encore et représente sur fond gueules un monastère d’argent de style mixte, plutôt byzantin.

Lors de la fête du Centenaire en 1891, le gouvernement fait réaliser un tableau des armoiries des 30 districts bernois. Celles de Moutier y figurent sous la forme d’une façade de cathédrale d’argent sur fond gueules, encadrée de deux clochers à fenêtres, mais cette représentation relève davantage de la fantaisie que de la tradition historique.

upload.wikimedia.org/wikipedia... Armoiries du district de Moutier.

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Jérémy Toma
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24 mars 2025
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