Alfred Chapuis Repérage

1930
Claire Bärtschi-Flohr

J’ai fait la connaissance d’Alfred Chapuis lors d’une recherche d’histoires horlogères que je désirais raconter. J’ai découvert, aux Editions Simonin de Dombresson, un petit livre jaune et jauni portant le titre évocateur de « Papillons autour du quinquet ».

Ce sont des histoires d’un monde horloger révolu… Pour Alfred Chapuis aussi, c’était des histoires déjà anciennes qu’il a pris plaisir à nous transmettre avant qu’on les oublie.

J’ai alors cherché à mieux connaître cet auteur. Il est né en 1880, à Neuchâtel, il a vécu son enfance à Fleurier. Après avoir acquis une licence en lettres à l’Université de Neuchâtel et effectué un séjour d’une année à l’Université de Berlin, il a enseigné au Collège Latin et à l’Ecole de Commerce l’histoire, la géographie économique et la littérature. Il était très apprécié par ses élèves.

Il fut aussi professeur à l’Université.

Esprit curieux et passionné, il s’est intéressé tout particulièrement à l’histoire des Industries, dont celle de l’Horlogerie, aux automates et est devenu un expert de renommée internationale. Il a reçu le prix de l’Académie des Sciences de Paris en 1928 et a été nommé Docteur Honoris Causa de l’Université de Neuchâtel en 1938

Il a écrit, sur ces sujets, beaucoup de livres très intéressants faisant le tour de la question, mais aussi des récits anecdotiques et même un roman, où ses personnages projettent d’explorer la lune !!! Un livre m’a particulièrement intéressée : « Les automates dans les œuvres d’imagination » où il répertorie toutes les œuvres littéraires habitées par les androïdes et autres créations mécaniques.

Il a réalisé, en outre, deux films documentaires. On trouve encore ses œuvres chez divers vendeurs et dans les bibliothèques.

Il était ami et collaborateur de Maurice Sandoz, le richissime collectionneur bâlois originaire du Locle.

On raconte à ce sujet une anecdote : Maurice Sandoz possédait le miroir des frères Rochat, de la Vallée de Joux, une merveilleuse pièce surmontée d’une rose. Grâce à un mécanisme caché près du manche, la rose s’ouvre et un oiseau chante en tournant la tête et en agitant ses ailes. On peut encore voir cette merveille au musée d’horlogerie du Locle. En 1952, ce miroir fut volé chez son propriétaire, Maurice Sandoz, au Château de Burier. C’est Alfred Chapuis, qui, ayant retrouvé un fragment de la rose d’or sur une marche d’escalier du château, permit, grâce à ses relations en Italie, de retrouver le précieux miroir à Milan, chez un antiquaire qui ignorait le vol. Et Maurice Sandoz put ainsi prouver que ce miroir était bien sa propriété.

C’est aussi grâce à Alfred Chapuis que cette collection inestimable rassemblée par Maurice Sandoz fut offerte au Musée d’Horlogerie du Locle. Heureuse coïncidence : Le Château des Monts fut mis en vente à ce moment-là. Il fut racheté par la ville pour y recevoir le musée et servir d’écrin à cette magnifique collection. Alfred Chapuis fut la cheville ouvrière de cette installation. Le Musée fut inauguré en 1959. Mais ni Alfred Chapuis, ni Maurice Sandoz, tous deux décédés en 1958, ne purent y assister.

Les archives d’Alfred Chapuis ont été offertes au musée par sa famille. Alfred Chapuis est citoyen d’honneur de la ville du Locle.

Ces archives ont, entre autres, révélé toute une correspondance entre des membres de la famille de Fritz-Courvoisier, soigneusement conservée par Chapuis. Une fois de plus, on constate à quel point cet homme passionné s’intéressait à tout.

J'ai pu acquérir toutes ces connaissances grâce, en particulier, aux travaux de Mme Caroline Calame, Conservatrice des Moulins Souterrains du Col-des-Roches, au Locle.

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