Cette photo montre Jules Diserens (avec casquette sur le siège arrière) et sa famille vers 1911 lors d’une balade en voiture dans leur limousine Bianchi 18/24 PicPic de la société Piccard & Pictet de Genève.

Jules Diserens avait fait carrière comme émigré en Russie. Il y a commencé en 1880 à l’âge de 25 ans en tant que précepteur à Moscou, puis est devenu employé d'une usine de soie et a fondé, avec des partenaires, une entreprise de génie électrique extrêmement prospère à St. Petersbourg en 1893. En 1901, il est rentré en Suisse avec sa famille et a construit des propriétés de luxe à Lausanne en contrebas du Signal de Sauvabelin, entre autres le Château du Signal qui a appartenu au chanteur David Bowie dans les années 1980 et qui a servi de coulisse pour le film "Merci pour le chocolat" de Claude Chabrol. Comme il ne pouvait plus louer ces immeubles pendant la Première Guerre mondiale, Jules Diserens est retourné à Moscou à l’âge de 60 ans, où il a trouvé du travail dans diverses entreprises industrielles. Lui et sa famille ont connu la Révolution russe et ont été rapatriés en Suisse en 1920. Jules Diserens est décédé pauvre à Lausanne en 1935.

Ses enfants ont également émigré. Notamment Charles Diserens (assis sur le marchepieds de la voiture) a travaillé comme ingénieur mécanicien à Paris, Moscou, Kobe et Osaka et n’est retourné à Lausanne qu’à l’avant de la Seconde Guerre mondiale. À presque 50 ans, il est encore devenu professeur de photographie dans les écoles professionnelles de Lausanne et de Vevey.

L’histoire de ces migrations de mes ancêtres est l’objet de mon livre Bonheur éphémère en pays lointains, publié en janvier 2023.