Meyrin: du village à la ville. La construction de la Cité
Meyrin: du village à la ville. La construction de la Cité Repérage
Jusqu’à la fin des années 1950, à la veille de la construction de la cité, Meyrin est un village. Il compte 2512 habitants en 1958, Mategnin et Cointrin compris. L’agriculture y occupe une place importante. En 1940, la commune compte 84 exploitations agricoles et 1268 têtes de bétail (560 bovidés, 535 porcs, 101 chevaux, 72 moutons et chèvres).
Le destin de Meyrin va être bouleversé suite à la décision en 1957 des autorités cantonales, sur préavis favorable de la commune, d’y construire une nouvelle ville pour répondre à la pénurie de logements. Celle-ci concerne principalement les appartements en loyers libres à prix modérés pour la classe moyenne. Or, en zone urbaine, les terrains sont devenus rares et trop chers pour permettre de telles constructions. La proximité avec la ville de Genève, reliée par la route de Meyrin, la présence d’une grande superficie de terrains et celle de deux employeurs d’importance (le CERN et l’aéroport) cherchant à loger leurs employés à proximité de leur lieu de travail, expliquent le choix de Meyrin pour accueillir cette première cité-satellite de Suisse. Ce terme, synonyme de banlieue, désigne une ville située près d’un grand centre urbain avec lequel elle entretient d’étroites relations, bien qu’administrativement autonome.
Une construction accélérée
Le processus menant à la construction de la cité s’est déroulé à une rapidité étonnante : seuls 3 ans se sont écoulés entre le début du projet et celui des travaux, et il n’a fallu que 4 mois pour que l’autorisation de construire soit délivrée ! Le chantier de la cité débute en été 1960, au lieu-dit « Les Vernes », jusqu’alors situé en zone agricole. Son déclassement a été rendu possible par la Loi sur l’expansion de l’agglomération urbaine (LDAU) votée en 1957 par le Grand Conseil. Il s’agit du plus grand chantier de Suisse, avec à terme la construction de plus de 1800 logements. Les premiers locataires emménagent en novembre 1961 et en 1964, Meyrin devient officiellement une ville en franchissant le cap des 10'000 habitants. En 4 ans, Meyrin est donc passé de l’état de village agricole de 2512 habitants à celui de ville.
La réalisation de la cité été confiée à des investisseurs privés, sous la coordination de l’Etat. Les immeubles emblématiques de la cité, qui sont aussi les premiers chronologiquement (Meyrin-Parc) ont été dessinés par les architectes genevois Georges Addor, Louis Payot et Jacques Bolliger, du bureau Addor et Julliard. Ces mêmes architectes concevront quelques années plus tard la cité du Lignon.
Le fait de pouvoir construire une ville entièrement nouvelle a permis d’édifier une cité homogène, répondant aux critères modernes de l’époque (grands espaces de verdure entre les immeubles, larges voies de circulation, la cité de Meyrin a été conçue pour une société où la voiture est omniprésente, logements spacieux et lumineux), largement inspirés de l’architecte Le Corbusier et de la Charte d’Athènes. Les nouveaux habitants de la cité sont pour la majorité de jeunes familles d’origine étrangère (52%), au niveau professionnel et culturel relativement élevés (30% des habitants sont des fonctionnaires internationaux ou des employés du CERN). Aujourd’hui encore, le multiculturalisme est un aspect indissociable de Meyrin. Du fait de leurs origines, la majorité des habitants étaient des « déracinés », dans une ville elle-même sans passé. Il aura été nécessaire de créer une identité meyrinoise, un long processus.
Faire vivre la cité
Les débuts de la cité ne furent pas évidents : les promoteurs avaient construit des logements et un centre commercial, le premier de Suisse, mais les infrastructures culturelles, sportives, les services et les activités faisaient défaut. Face à ce manque et à une administration communale qui peinait à suivre, financièrement et en personnel, des habitants regroupés dans l’Association des Habitants de la Ville de Meyrin (AHVM) ont pris leur destin en main et ont contribué à faire vivre la cité, par l’organisation de cours, notamment de français, d’animations et de spectacles, évitant qu’elle ne soit une cité-dortoir, image qui la poursuivra malgré tout pendant de nombreuses années.
Un demi-siècle plus tard, entre 2013 et 2020, Meyrin a fait face à un nouveau défi, celui de la construction de l’écoquartier des Vergers (1350 logements, 3000 habitants).
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