Eglise Saint-Jean à Cour, Lausanne Repérage

31 octobre 2013
Claude Kissling

Textes tirés des fascicules : Eglise de Saint-Jean Lausanne d'Arthur-Louis Hofer, Editions Belle Rivière et de l'Association de l'église Saint-Jean à l'occasion du 100e anniversaire, 1913-2013, du premier culte célébré en l'église.

Peintre et verrier suisse : Louis River 1885-1963.

Saint-Jean, Alliance de la Liturgie et de l'Art

Au Jeûne du 21 septembre 2013, trois cloches, la Foi, l'Espérance et l'Amour, appellent les fidèles pour le premier culte avec Sainte Cène, à Saint-Jean.

Cette église fut crée en 1912-1915. Le pasteur JULES AMIGUET passionné de liturgie, le peintre LOUIS RIVIER retour d'Italie présentent un projet de basilique antique avec colonnes et abside semi-circulaire. MARGUERITE DE LOYS-CHANDIEU assume les frais de l'entreprise. Avant son premier départ pour l'Afrique, le pasteur ALBERT SCHWEITZER conçoit le plan des orgues. Le dimanche 26 septembre 1915 l'église est dédicacée.

Fidèles à la Réformation du XVIe siècle, les fondateurs de Saint-Jean renouent avec les sources culturelles et artistiques engendrées par l'annonce de l'Evangile dans l'Antiquité chrétienne.

L'église de Saint-Jean est le fruit d'une constance réflexion spirituelle sur le culte par le pasteur Jules Amiguet (1867-1946). Dès ses études de théologie et tout au cour de son ministère dans l'Eglise nationale évangélique réformée du canton de Vaud, par ses publications et son exemple, il s'efforce de susciter un renouveau liturgique dans l'Eglise vaudoise.

Fait capital, la Sainte Cène est célébrée tous les dimanches à Saint-Jean. En 1918, quand les autorités interdirent la communion à cause de l'épidémie de la grippe, le pasteur Jules Amiguet reçu l'autorisation de distribuer les espèces eucharistiques : le pain trempé dans le vin, comme chez les Luthériens des pays baltes. L'intinction, toujours en usage au culte du soir, souligne le lien entre connaissance des liturgies et sens pratique.

La Grande Guerre a empêché la publication de l'œuvre essentielle de Jules Amiguet : La restauration liturgique d'après les Liturgies-Mères. Jules Amiguet est l'auteur d'un Psautier complet et de cantiques sur des mélodies anglaises pour les jeunes : Eglise Humanité.

Sa liturgie ne se limitait pas à l'église, mais s'ouvrait sur la nature, la vie quotidienne, la patrie et l'humanité. Par ses relations avec prêtres et propres, il fut pionnier de la catholicité évangélique. Il se souvenait de sa première paroisse proche de terres catholiques : Quand le soir, nous entendions chanter le couvre-feu vaudois, l'angélus fribourgeois, il ne nous semblait pas possible que ce couvre-feu et cet angélus séparés pour toujours. Deux mots qui riment trop bien pour ne pas s'accorder : catholique et évangélique. »

Marguerite de Loÿs-Chandieu et sa Fondation perpétuelle

Dès 1909, Jules Amiguet, second pasteur à Ouchy, dessert la campagne bucolique s'étirant vers l'ouest jusqu'à Dorigny, loin de l'église à l'est de la paroisse. Jeûne fédéral 1911, après le culte à Ouchy, s'ébauche la construction d'une chapelle au cours d'un mémorable entretien avec Mademoiselle Marguerite de Loÿs-Chandieu (1860-1938), châtelaine de Dorigny et descendante du pasteur CHANDIEU, actif au synode parisien de 1559.

L'an suivant Mlle de Loÿs acquiert un terrain à Champ-d'Asile pour édifier une église de quatre cents places et le presbytère. Les travaux démarrent en automne et l'édifice est terminé fin de l'été 1915. Propriétaire de l'église jusqu'en 1921, Mlle de Loÿs prend des dispositions ratifiées par les autorités ecclésiastiques et civiles, pour le respect du sanctuaire et de la liturgie de Saint-Jean, grâce à une Fondation à perpétuité qui porte son nom.

Le 24 août 1914, la Commission synodale de l'Eglise Nationale (le Conseil synodal d'alors) écrit : les prières variées, à genoux au gré des fidèles, dites devant la table de communion ou au lutrin au lieu de la chaire, tout comme la Sainte Cène hebdomadaire « n'ont rien de contraire aux principes de notre Eglise ».

Cette déclaration est annexée à la Convention du 28 janvier 1915 entre Mlle de Loÿs et l'Association de l'église crée le 14 décembre 1913. Instituée le 21 juin 1915, la Fondation est inscrite au Registre du Commerce. Le Pacte successoral du 9 septembre prévoit le transfert de l'église à la Fondation au décès de Mlle de Loÿs. Suite au décret du Grand Conseil du 29 novembre 1920, le secteur du pasteur Amiguet devient la paroisse de Saint-Jean-Cour, l'église de Saint-Jean étant l'église de la nouvelle paroisse avec garanties des clauses de fondation. Mlle de Loÿs donne alors l'église à la Fondation. L'Acte de Donation (21 mai 1921), avec rappel de l'Acte de Fondation et mention explicite de l'autonomie paroissiale, est approuvé par le Conseil d'Etat vaudois. Lorsque l'église est cédée à la commune de Lausanne, cet acte est défini le 20 avril 1949 par une Convention et Cession en accord avec les clauses de Fondation, notamment : utilisation à perpétuité de l'église pour les cultes de l'Eglise réformée, liberté pastorale maintien de la décoration intérieure et des vitraux.

Depuis le 1er février 1995, l'église est monument historique protégé et le 20 janvier 1998 le bâtiment est classé monument historique.

Le 1er août 2000 la Paroisse de Saint-Jean à Cour perd son autonomie acquise en 1920. Bienheureusement, la nouvelle paroisse qui englobe Ouchy, Saint-Jean à Cour et Montriond choisit de s'appeler Saint-Jean. Pour maintenir le statut de Saint-Jean à Cour, une Chartre règle la collaboration entre l'Association de l'église Saint-Jean et la nouvelle paroisse. Privée de ses débuts, l'église Saint-Jean est pour toujours s reconnue comme une église témoin de l'œuvre du précurseur Jules Amiguet qui a transformé la célébration du culte et de l'architecture réformés. Un siècle après sa construction elle offre encore à tous ceux qui la découvrent un havre de paix et de beauté qui font pressentir les grâces de l'Evangile : la foi, l'espérance et l'amour.

Afin que vous profitiez un maximum d'informations sur cette belle église, je vous conseille vivement de vous procurer les deux fascicules susmentionnés directement à l'Eglise de Saint-Jean à Cour.

D'Anne-Marie Martin-Zürcher

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/56923/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/56914/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/56922/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/54986/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/42376/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/42378/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/42377/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/42374/

et les liens sur internet :

http://saintjean.eerv.ch/2009/11/08/leglise-de-saint-jean-a-cour/

Peintre et verrier suisse Louis Rivier 1885-1963 :

http://www.rivier.ch/news/l2019eglise-saint-jean-de-cour-a-lausanne-fete-ses-100-ans

Au tympan Louis Rivier a sculpté une émouvante Pietà : la sainte Marie pleurant son fils Jésus avant le mise au tombeau.

img098St Jean à Cour, le coeurSt Jean à Cour, clocher

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  • Michel Saucy

    Intérieur étonnant en effet !

  • Jean-Luc Husson

    Lapsus calami ci-dessus en début de document : C'est bien en 1915 et non en 2013 qu'a eu lieu le premier culte avec Ste-Cène à St-Jean... Faites vous surprendre par la vidéo "Lausanne, un témoin du renouveau liturgique". Visitez virtuellement St-Jean à Cour sous forme de 8 séquences en audio-visuel. Pour ce faire il faut accéder au site de la paroisse de St-Jean eerv.ch/region/lausanne-epalin... puis cliquer sur "Pratique" puis sur "Visite virtuelle de St-Jean à Cour" ou alors directement sur Youtube youtube.com/watch?v=XAdiJSII4b...
    Vous serez surpris et ne pourrez qu'être touchés au plus profond de vous-même par la paix et la ferveur qui émane de cette église réformée trop peu connue

Claude Kissling
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6 novembre 2013
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