Château de Pregny
Château de Pregny
Vue aérienne du château de Pregny, capturée par Walter Mittelholzer (1894–1937) le 16 mai 1925.
Histoire
« Pavillon de Pregny »
Le 26 juillet 1821, Auguste Saladin-de Lubières (1785-1857) acquiert auprès de Marc-François Vuaillet une partie du domaine appelé Le Clos du Parc, situé à Pregny. Cette propriété comprend une maison de maître, quatre corps de bâtiments ainsi que diverses dépendances.
Saladin fait démolir la maison de maître de Vuaillet afin d’y ériger, entre 1822 et 1825, sa propre résidence, qu’il nomme « Pavillon de Pregny ». Conçue par l’architecte Luigi Bagutti (1778-1835) dans un style néo-grec classique.
En 1855, le baron Adolph Carl von Rothschild (1823-1900), alors établi à Naples, acquiert le domaine pour en faire sa résidence d’été. Après la révolution de 1858 et la chute du Royaume des Deux-Siciles, il s’y installe définitivement avec son épouse et cousine, Julie de Rothschild (1830-1907). Passionnée par l’art des grands jardins, Julie de Rothschild entreprend dès 1858 d’importants travaux de terrassement sur le domaine du « Pavillon de Pregny » et démolit les dépendances existantes. La même année, le « Pavillon de Pregny » est démoli pour laisser place à la construction d’une nouvelle demeure.
Château de Pregny
Le château, construit entre 1858 et 1860 selon les plans de George Henry Stokes (1827-1874) et probablement de Joseph Paxton (1803-1865), occupe une emprise au sol de 1'126 m². Il se distingue par une composition monumentale tripartite de style néo-Louis XVI, marquée par des avant-corps sur les deux façades, agrémentées de balcons à balustrade et d’un décor sculpté riche en feuillages et en vases. La façade principale, offrant une vue directe sur le Léman, présente un avant-corps central en saillie de forme circulaire baroque et un vaste jeu d’escaliers de part et d’autre de l’esplanade. Le château ne possède pas de toit, mais est coiffé d’une terrasse à l’italienne. Cette demeure est principalement conçue pour abriter la collection de peintures et d'objets d'art rassemblée par Adolph, notamment des pièces en cristal de roche, ayant appartenu au grand-duc de Bade, et en pierres semi-précieuses. L'aménagement intérieur est confié à Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879). Le château abrite, parmi ses décorations, des meubles du XVIIIe siècle ainsi que des toiles de Francisco de Goya, Rembrandt et Jean-Honoré Fragonard.
On pénètre dans un vestibule décoré de quatre grands panneaux d'Hubert Robert. Le palier de l'escalier monumental est encore orné de deux tapisseries de vieux Gobelins, dont l'une représente de château de Versailles, l'autre celui du Louvre; il y a aussi de grandes tapisseries et des tentures figurant des scènes champêtres ou allégoriques; [...]. De là on passe successivement dans un salon Louis XVI, un boudoir Régence, une salle à manger Louis XIV revêtu de marbres divers et, enfin, un fumoir Renaissance. Le mobilier et las décoration sont à l'unisson; de très beaux tableau sont mis en valeur dans trois salons en enfilade ainsi que dans la salle à manger. [...] Le château compte une quarantaine de pièces.
En 1871, Adolph lègue le château de Pregny ainsi que son domaine à son épouse Julie de Rothschild, ne conservant pour lui-même que le terrain situé en bordure du lac, où la villa « Port Rouge » y a été érigée en 1865. Devenue propriétaire de l'ensemble du domaine, Julie de Rothschild lance de nombreux travaux. En 1872, elle charge l'architecte Francis Gindroz (1822-1878) d'ajouter des combles mansardés avec des œils-de-bœuf, dans un style Napoléon III, sur le toit du château, afin de créer des chambres destinées au personnel. En 1879, elle fait édifier des écuries de style néo-Renaissance française, ornées des armes des Rothschild, conçues par l'architecte John Camoletti (1848-1894) selon un plan à deux ailes retournées. L'année suivante, le même architecte est mandaté pour construire un manège, une structure circulaire élégante, dotée d'une armature métallique et d'une coupole plate reposant sur un socle en pierre de Meillerie.
Depuis sa création, le domaine ne comprend alors que la partie supérieure du coteau de Pregny. En dessous se trouvent des parcelles de vignes appartenant à une vingtaine de propriétaires. Julie de Rothschild acquiert l'ensemble de ce vignoble en 1880 dans le but d’y aménager un jardin pittoresque. Pendant trois années, des centaines d’ouvriers, travaillant jour et nuit en équipes, sculptent le terrain pour rompre la monotonie de l’ancien coteau descendant jusqu'à la ligne de chemin de fer. Pour unifier ce nouvel espace avec l’ancien parc du domaine, on abaisse en pente douce la pelouse devant le château. Afin de terminer les travaux de terrassement avant la fin de l’hiver et pouvoir procéder aux plantations dès le printemps suivant, le terrain est fréquemment creusé à la dynamite pour faire sauter les couches de molasse. Entre 1887 et 1892, plus de 1 500 arbres sont importés des pépinières et forêts du canton. Julie en profite pour réaménager le parc, y faisant construire des chalets, des grottes, des pavillons, ainsi que des sculptures réemployées. Un étang, un ruisseau, une cascade artificielle et même un véritable jardin zoologique viennent compléter l’aménagement. Un jardin pittoresque alpin y est imaginé par Jules Allemand (1856-1916).
En 1907, à la mort de Julie, le château est rétrocédé à son neveu issu de la branche française de la famille Maurice de Rothschild (1881-1957). Initialement, le domaine ne l'intéresse pas, et le château sert principalement à entreposer les collections d’œuvres d'art et autres objets précieux de la famille. Cependant, en 1940, suite au décret du 6 septembre, Maurice de Rothschild se voit déchu de sa nationalité française par le régime de Vichy. La famille est alors contrainte de s'exiler au château de Pregny, abandonnant le château de Boulogne-Billancourt, qui a été saccagé pendant l'occupation allemande.
En 1957, à la suite du décès de Maurice de Rothschild, celui-ci lègue son domaine à l'État de Genève tout en conservant un droit d'usufruit pour la famille Rothschild.
Source texte :
- Jérémy Toma, Château de Pregny, sur Wikipédia, 2018.
- Guillaume Fatio, Pregny, commune genevoise et coteau des altesses, 1947, pp. 255-262.
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, 1978, pp. 245-252.
Exposition: On ferme!
Le Musée d'Yverdon et Région explore le passé industriel du Nord vaudois dans une exposition temporaire qui donne la part belle aux témoignages issus d'une collecte lancée en mai 2023 en partenariat avec notreHistoire.ch. Venez nous rejoindre pour le vernissage, le jeudi 1er mai!