Repérage
La grande aventure du Sanatorium Fouad Ier  à Al Hayat en Egypte.(1926-1929)

La grande aventure du Sanatorium Fouad Ier  à Al Hayat en Egypte.(1926-1929)

1926
auteur inconnu
Album du Sanatorium Populaire Leysin ACV

J'ai trouvé cette photographie dans l'album du Sanatorium populaire de Leysin déposé aux Archives cantonales vaudoises. Echange entre René Burnand et le Dr Maurice Gilbert agrémenté de café et de cigarette. Maurice Gilbert était un collaborateur de René Burnand depuis 1925, fort apprécié et qui avait toute la confiance de René. Il devait également disposer d’une belle force morale et physique, Maurice Gilbert, l’ alpiniste, venait de faire le 9 août 1926 la première de la traversée complète de l’Arête de la Singla à Arolla avec les guides Antoine Georges et Jean Follonier !

Un événement imprévu va alors les lier..

En 1926, René Burnand, 44 ans, après 20 ans à Leysin dont 11 ans de direction sanatoriale, pense que c'est le moment de commencer une carrière ailleurs , à Lausanne. Vennes le tente, il cherche une maison pour sa famille..

C'est alors que le consul d'Egypte à Berne, El Khadry bey vient le solliciter d'accepter la direction, précédée de l'organisation, du futur Sanatorium du roi Fouad à Helouan-les-Bains.

Le roi Fouad Ier (1868-1936) , roi d'Egypte sous protectorat britannique depuis 1922,

upload.wikimedia.org/wikipedia...

qui avait fait une partie de ses études à Genève, cherchait un phtisiologue décidé à transformer l' ancien hôtel Al Hayat, lieu de cure thermale sulfureuse à Helouan près du Caire en un établissement de cure pour tuberculeux (plus de 300 000 cas à l’époque pour la plupart abandonnés à leur triste sort). Il devait être le 1er sanatorium pour tuberculeux d’Egypte.

René et Rose Burnand, malgré leurs 5 enfants, le dernier, Alain, âgé de moins d’une année, après bien des hésitations, des nuits d’angoisse ou d’excitation, décidèrent d’accepter l’aventure, sublimée en projet humanitaire.

René Burnand précise, de façon rétrospective, dans son livre "Mes vingt-cinq albums" édité en 1956:

« je suis parti parce que cette tâche m’apparut grisante par son ampleur, par son imprévu, parce que l’on ne refuse pas l’appel d’un roi qui espère en vous pour accomplir une oeuvre urgente et salvatrice dans son pays, parce que j’étais jeune et que la séduction de l’aventure me possédait. Mais toute cette affaire pourtant fut remise à la décision providentielle, comme toute affaire de notre vie. Indications formelles;directions indubitables, voilà ce que j'espérais et si cette chose incroyable devait aboutir, ma décision était, ainsi que celle de ma femme, de remplir notre mission médicale en pays musulman mais dans un esprit délibérément chrétien."

Après un voyage de prise de contact entrepris seul au Caire et à Helouan et malgré une grande incertitude quant au succès de l’entreprise (l’hôtel n’est plus qu’une somptueuse ruine, le climat est totalement différent de celui des cures d’altitudes helvétiques, les cadres sanitaire, socio-politique, religieux sont forcément fort différents ) René Burnand s’engage à réaliser le projet royal et l’affaire est conclue avec le roi Fouad Ier. Rentré à Leysin, il va solliciter le Docteur Maurice Gilbert en lui demandant de le seconder (une infirmière du sanatorium sera aussi du voyage).

Et c’est là que je place, de façon aimablement arbitraire mais vraisemblable, le dialogue que l’on peut imaginer entre les deux médecins, René paraissant très sûr de lui et Maurice grave et très attentif devant l’aventureuse proposition qu’il acceptera

Le Dr Maurice Gilbert s'occupera de la radiologie au Sanatorium Fouad Ier et à sa rentrée à Leysin deviendra directeur médical du Sanatorium le Belvédère (anciennement sanatorium anglais).

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  • Renata Roveretto

    L'acceptation pour ce nouveau départ de la part de toute la famille René Burnand me parait très courageuse, bien que tentant de toute façon, cela demanda un savoir avec un sérieux dévouement hors norme...j'admire

  • Philippe Chappuis

    Merci de votre lecture toujours très sensible et fine; courageux voisine avec téméraire, et René parle ici de son goût pour l'aventure, c'est une personnalité aux multiples facettes entre l'homme de foi et l'artiste, entre la plus stricte logique médicale et la toute puissance de l'imaginaire, entre une certaine dose de nombrilisme et empathie généreuse... Il est imprégné et nourri des siècles d'histoire familiale et comme ses ancêtres qui ont servi les rois de France, lui se sent appelé à répondre à la demande d'un roi des Milles et unes Nuit; plusieurs de ses ancêtres voyageurs sont partis dans les pays lointains, et c'est à lui de répondre à l'appel du mirage de l'Orient. Rose Burnand a probablement d'avantage les pieds sur terre, empreinte d'évangile chrétien. Elle me semble beaucoup plus claire dans ses choix nourris par l'altruisme chrétien, peut-être même jusqu'à l'abnégation commisérative...