Retour anniversaire au glacier du Rhône

27 juin 2008
Glacier du Rhône
Patrick Huet

Dix ans après avoir longé tout le Rhône à pied, du glacier à la mer, je suis retourné voir le glacier du Rhône.

Je raconte un peu plus loin cette expérience.

Tout d'abord, pour situer le contexte, le 27 juin 1998, je me trouvais face au glacier du Rhône et découvrais à la fois l'ampleur de celui-ci et le paysage fantastique qui s'étendait à l'infini.

Pour les dix ans de ma descente du Rhône, jour pour jour, je me suis rendu à nouveau au glacier du Rhône par le même chemin. Je vous livre ci-après mes impressions écrites sur le vif, le 27 juin 2008

Un voyage à l'extrémité des glaces

Voyage anniversaire des dix ans

de la descente du Rhône à pied

Rien ne vaut une marche sur le haut des glaces pour vraiment se rendre compte de l'ampleur d'un glacier.

Pour accéder à celui du Rhône (en Suisse alémanique), j'ai d'abord emprunté une voie de plus en plus raide qui va de la commune d'Oberwald jusqu'au hameau de Gletsch.

Ce jour-là, le torrent du Rhône était en crue, deux fois plus puissant qu'il y a dix ans. Six kilomètres de marche, six kilomètres à grimper et grimper toujours, en voyant le Rhône se jeter sur les rochers dans un vacarme assourdissant.

La chute du Rhône.

À Gletsch, j'ai continué durant encore trois kilomètres le long d'un sentier plat pour arriver à proximité des éboulis de roches en bas de la falaise et observer la chute du Rhône.

Pas question cependant de me hisser sur la falaise à main nue. Il soufflait un vent à décoiffer les pics de neige, et le froid transperçait les vêtements dès que le soleil se cachait derrière un nuage. Je suis retourné à Gletsch pour passer la nuit à « l'hôtel du glacier du Rhône ».

Dès l'aube, vers le glacier.

Le lendemain, l'aube accueillit mes premiers pas en direction du glacier. À vol d'oiseau, trois kilomètres. Mais en suivant les lacets de la route (totalement déserte de voitures), il fallait compter près de six kilomètres. C'était surtout le dernier qui fut le plus pénible. La pente déjà bien prononcée devenait encore plus accentuée. Plusieurs fois, j'ai surpris des sifflements... personne ni devant, ni derrière ! Ce n'est que par hasard que je m'aperçus qu'il s'agissait de marmottes. Elles émettent des sifflements brefs, très saisissants.

La pointe du glacier : de sable et de glace.

Le glacier lui-même est fabuleux, mais il faut grimper sur son dos pour en découvrir l'écrasante surface

Les cinq cents premiers mètres sont en partie recouverts de sable, de petits gravillons (provenant certainement de la montagne aux alentours). Par endroits, on y trouve sur de larges plaques une pellicule de terre menée là, je suppose, par le vent. Cette terre est gluante et noire, comme si elle était imbibée de pétrole, et s'attache de façon indélébile au pantalon si vous vous y agenouillez. Vue de loin, cette pointe du glacier n'est pas très agréable au regard, toutefois si l'on se donne la peine de l'escalader et d'avancer d'une trentaine de mètres, la vision change aussitôt.

L'aventure sur la glace.

L'aventure commence réellement lorsqu'on prend pied sur la glace. Mais il faut être extrêmement prudent, car des failles surgissent parfois au travers même de la glace, certaines très étroites, d'autres, larges de plus d'un mètre. Si vous vous y hasardez du mauvais côté, un simple glissement du pas vous envoie au plus profond de l'entaille.

Évitez donc de vous en approcher. Ce n'est qu'avec les plus grandes précautions et en avançant de bas en haut que j'ai pu en aborder deux d'entre elles en toute sécurité et en prendre quelques vues.

Neige rose et falaise de glace.

Une fois sortie de la zone noircie de sable et de gravillons, la neige magnifique vous attend. Elle recouvre cette partie du glacier. Quel plaisir de courir sur ces flocons blancs et même roses parfois ! Et lorsque l'on relève la tête, on ouvre grand les yeux sur les immenses falaises à sept ou huit kilomètres de là — des falaises de glace d'un bleu extraordinairement éclatant sous la lumière du matin.

À l'extrême limite du glacier.

Là où il ne faut surtout pas s'aventurer seul, c'est à l'extrême limite des glaces, là où elles se terminent.

Pour ma part, je m'y suis rendu uniquement parce que j'avais eu la chance d'y déceler un passage permettant d'accéder à l'endroit même où le torrent du Rhône prend naissance et se précipite hors du glacier.

Sous la paroi de glace, un lac s'est formé, mais un lac rugissant animé d'un courant formidable. J'étais sur le rocher où ce torrent explosait, tourbillonnait, avant de bondir par-dessus la falaise. Voilà pourquoi, il ne faut pas y aller seul. Un simple faux mouvement, on glisse et l'on est emporté par la force du torrent puis déchiqueté par une chute de plusieurs centaines de mètres.

Conscient du risque, je n'ai même pas voulu me mettre à plat ventre pour toucher le torrent de la main (il était proche à ce point), préférant rester fermement accroché et en prendre des photos impressionnantes de souvenirs.

Le Rhône – dix ans après, le 27 juin 2008.

J'ai relaté cette expérience dans un livre qui s'intitule tout simplement : "Le Rhône à pied du glacier à la mer"

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Patrick Huet
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14 mai 2022
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