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Repérage
Livret d'identité pour étrangers (1914-1918)

Livret d'identité pour étrangers (1914-1918)

1917
Metropolitan Police Leman Street London
Emily Bischofberger

Au Temps de la Première Guerre Mondiale

Presque aveugle de l'oeil droit pour cause de cataracte congénitale, mon grand-père Hermann (1888-1972) fut exempté de l'armée et n'a jamais effectué son service. Il dût payer chaque année la taxe d'exemption, rapportée dans son livret de service.

Il travaillait depuis la fin de sa formation à la Chaux-de-Fonds chez Henri Picard et Frères comme horloger rhabilleur et fournituriste.

Le 18.3.1913 il fut envoyé à la succursale de Picard à Londres comme représentant de fournitures pour la marque.

Il y restera malgré lui jusqu'au 23.8.1919, date de son départ pour la Chaux-de-Fonds après la fin de la guerre.

Jusqu'en 1914, on voyageait assez librement sans vrai passeport ni preuve formelle d'identité en Grande-Bretagne. Il suffisait souvent de remplir un questionnaire à l'entrée avec adresse et employeur, et de démontrer avoir suffisamment d'argent pour subsister.

Mais dès la guerre de 1914, le Royaume-Uni durcit les règles en votant le Alien Registration Act de 1914; il fallait désormais un passeport pour entrer et sortir du royaume, et tout étranger sur le sol anglais devait s'identifier régulièrement à la Police des étrangers.

C'est dans cette période que la première version du passeport Suisse est parue fin 1915.

Auparavant ce sont les cantons qui délivraient des papiers d'identité, sans photo d'identification.

Voir l'histoire des passeports suisses avec photo d'identité sur le site genève.ch ci-dessous:

geneve.ch/themes/culture/bibli...

Mon grand-père obtint en 1917 de la Metropolitan Police de Leman Street, Whitechapel, ce premier livret d'identité (Identity Book) avec sa photo, remis après validation par La Légation de Suisse à Londres (consulat), indiquant sa nationalité, sa date d'arrivée, son employeur et chaque changement d'adresse tamponné par la police.

Emily  Bischofberger
Livret d'identité pour les étrangers
1914
Livret d'identité pour les étrangers

Petite anecdote: La 'Met' de Leman street était mondialement connue pour l'Affaire Jack l'Eventreur à Whitechapel en 1888.

Emily  Bischofberger
Livret d'identité pour étrangers (pages 2-3)
1914
Livret d'identité pour étrangers (pages 2-3)

Sur les 2 premières pages ci-dessus, le nom, la date de naissance, le sexe, l'origine, le métier, l'employeur et l'adresse de logement, ainsi que sa date d'arrivée et l'indication de son statut militaire.

Emily  Bischofberger
Livret d'identité pour étrangers (pages 6-7)
1917
Livret d'identité pour étrangers (pages 6-7)

Sur les pages 4-5 ci-dessus, les données et dates de son passeport suisse, et une indication si il a quitté le pays depuis le début de la guerre (4.8.1914), et si des membres de sa famille ont combattu pour les alliés ou les ennemis du Royaume pendant cette guerre.

Il est également spécifié si des crimes contre le Royaume ont été commis, y-compris de faire commerce avec l'ennemi.

Tout risque d'espionnage devait être considéré.

Il obtint par la même Légation de Suisse de Londres, son premier passeport suisse issu le 9.8.1917, no 6802 lui permettant d'envisager son retour en Suisse en 1919. Le passeport précédent barré devait être son premier passeport cantonal d'Appenzell, sans identification photographique.

Emily  Bischofberger
Livret d'identité pour les étrangers (pages 8-9)
1917
Livret d'identité pour les étrangers (pages 8-9)

En pages 8-9 ci-dessus, les tampons officiels de la Légation Suisse de Londres et de la Metropolitan Police.

Emily  Bischofberger
Livret d'identité pour étrangers (pages 10-11)
1917
Livret d'identité pour étrangers (pages 10-11)

En pages 10-11 ci-dessus , les tampons des différents postes de police effectués à chaque changement d'adresse, jusqu'à son embarquement pour le retour en Suisse certainement fort attendu le 23.8.1919, après la fin de la guerre.

Pour plus d'informations sur les relations entre le Royaume-Uni et la Suisse avant, pendant et après le Grande Guerre, voir le chapitre 3 du Dictionnaire Historique de la Suisse , dont voici un extrait ci-dessous:

"Tout en continuant de proclamer officiellement son amitié pour la Suisse, la G. nourrissait des doutes sur la neutralité d'un pays dont elle craignait qu'il ne se liât de plus en plus à l'Allemagne. La méfiance culmina en 1910, entretenue par l'existence de contacts militaires avec les puissances centrales (manœuvres de 1912 en présence de l'empereur d'Allemagne). Londres prêta l'oreille à des rumeurs sur des accords secrets qui auraient autorisé les troupes allemandes et autrichiennes à traverser le territoire suisse pour attaquer la France et l'Italie. En Suisse, on ne voyait pas sans inquiétude le rapprochement de la G. avec la France, la Russie et l'Italie, ainsi que sa rivalité maritime de plus en plus vive avec l'Allemagne. Dans ces conditions, il était inévitable que la G. fût moins disposée à garantir la neutralité suisse que par le passé; elle laissa son allié français s'occuper de la défense contre d'éventuelles menaces touchant le territoire helvétique.

Après le début de la guerre, le gouvernement britannique resta méfiant. Il salua la déclaration de neutralité d'août 1914, mais il soupçonnait la Suisse d'opportunisme, craignant qu'elle ne soutienne une paix de compromis en cas de succès allié, mais n'adopte une attitude proallemande dans le cas contraire. En automne 1917, le Foreign Office commença même à envisager la possibilité d'une entrée en guerre de la Suisse aux côtés de l'Allemagne. Les efforts prématurés de quelques politiciens suisses en faveur d'une paix séparée entre l'Allemagne et la Russie (affaire Grimm-Hoffmann ) et la germanophilie d'une bonne partie de l'état-major entretinrent la méfiance britannique jusqu'à la fin de la guerre en novembre 1918."

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