Les chiens célèbres du Grand-Saint-bernard
"...C'est en pleine atmosphère de travail et de luttes qu'a vécu notre fameux Barry.
Sa naissance coïncida presque avec le passage de Napoléon. Sa vie se confondit avec celle de ses compagnons. Cependant, comme il descendait d'une longue lignée de chiens sauveteurs, un léger dressage développa et décupla ses dons exceptionnels.
Quels furent ses exploits ? C'est bien difficile à le savoir. Au Grand-Saint-Bernard, le dévouement pour les passants est chose naturelle, et on ne tient pas un catalogue des sauvetages opérés. Mais Barry eut une renommée immense; son histoire fut connue à travers le monde et entourée de légendes. Que dans ses courses, il ait rencontré une fois un petit garçon, qu'il l'ait léché pour le réveiller, qu'il l'ait même engagé par on ne sait quels gestes habiles à monter sur son dos pour le porter à l'Hospice ou du moins que l'enfant se soit accroché à lui, ce n'est pas impossible. D'ailleurs une peinture exécutée en 1822 représente déjà ce fait.
Enfin, lorsqu'il fut âgé et à bout de forces en 1812, le Prieur de l'Hospice l'envoya à Berne par l'intermédiaire d'un de ses domestiques, où, entouré de soins, il mourut en 1814. L'année suivante, il fut exposé au Musée historique.
Un siècle venait de s'écouler depuis la naissance du fameux Barry et voici qu'au début de celui-ci, tout le monde parlerait d'un chien non moins remarquable appelé Barry II.
Doué d'une vigueur et d'un courage exceptionnels et possédant une très grande taille, il n'a jamais lâché la tête de la colonne; quelle que fût la hauteur de la neige fraîche, c'est toujours lui qui a battu la piste en premier. Pour le service en montagne durant l'hiver, il fut extraordinaire. Avec la chaîne fixée à son collier, il a aidé beaucoup de personnes à monter jusqu'à l'Hospice, même une fois son propre marronnier épuisé. Hélas ! sa fin fut tragique. Le 20 mai 1905, il courait en direction du lac; c'était le soir; personne ne le vit disparaître dans une crevasse recouverte d'un peu de neige... On ne le retrouva que deux jours plus tard. Les journaux annoncèrent qu'il était mort en héros; plusieurs musées s'empressèrent de demander son corps, mais l'empaillement s'avéra irréalisable.
Un autre chien mérite aussi une mention particulière: Barry III.
Brave bête, très intelligente et d'une grande douceur, familière et attachante, il possédait au plus haut degré toutes les caractéristiques de la race. Il fut en outre un reproducteur de valeur et laissa toute une série de magnifiques descendants.
On l'avait dressé lui aussi pour les sorties à la rencontre des voyageurs; mais comme il n'était ni assez grand ni assez fort, on ne pouvait pas l'utiliser pour les grosses neiges car, malgré sa bonne volonté, il ne pouvait pas avancer et on devait le laisser derrière la colonne. Mais il était un guide sûr et, grâce à son flair, il découvrit et sauva plusieurs voyageurs. Il mourut le soir du 30 août 1910, victime de son dévouement. Il accompagnait un religieux qui allait au-devant d'un voyageur. Au Mont-Cubi, le chien s'engagea précipitamment à la suite de son maître dans un sentier abrupt, il glissa sur la glace qui s'y trouvait et dévala dans le ravin. Sa chute fut si subite que le religieux ne s'en aperçut même pas.
Barry fut retrouvé le lendemain, inanimé, et son corps empaillé est exposé maintenant à l'Hospice".
© Les chiens du Grand-Saint-Bernard et leurs sauvetages - Chanoine Marquis. Editions Grand-Saint-Bernard - Imprimerie Pillet Martigny - 2e édition, 1959.
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