Inauguration de l'Ecole suisse de céramique
Inauguration de l'Ecole suisse de céramique
Gazette de Lausanne du 3 septembre 1912 Dimanche après-midi a été inaugurée à Chavannes (Renens) l'Ecole suisse de Céramique. Ce fut l'occasion d'une petite fête populaire. Parmi les invités on remarquait : MM. Gauthier, chef de service à l'Instruction publique, Ch. Burnier, député et municipal de Lausanne, Léon Morf, professeur à l'Ecole des Hautes études commerciales, les préfets Paschoud, de Morges et Séchaud, de Lausanne, May, directeur du Collège et du Gymnase scientifique, les syndics et députés Laffely, de Morges, Collet de Renens, Amédée Milliquet, de Pully, A Jaton, conseiller national, Eug. Meyer, député de Moudon etc...
La cérémonie d'inauguration s'est déroulée devant le bâtiment de l'école, le corps de musique de Renens et la Jeunesse de Chavannes y ont prêté leur concours.
M. Lucien Menetrey, syndic a pris le premier la parole. Après avoir souhaité à tous une cordiale bienvenue, il a retracé à grands traits les diverses phases de la création de l'école. De 1903 à 1905 divers projets furent étudiés, mais ce n'est guère qu'en 1908 qu'on put achever ces études et préparer un projet définitif. La question financière ne fut résolue qu'en 1910; enfin le 27 septembre 1911 était posée la première pierre de l'édifice.
Il rappelle ensuite son voyage en Europe pour étudier de près l'organisation des établissements similaires.
Aujourd'hui, le bâtiment est terminé et demain il recevra ses élèves.
Le but des initiateurs est d'apprendre aux jeunes gens de notre pays à travailler, à gagner leur pain dans cette profession si belle, cet art de la céramique. Nous voulons joindre la théorie à la pratique. Notre école sera la maison-mère où patrons et ouvriers viendront se renseigner sur les procédés nouveaux, sur les inventions récentes, où tous viendront prendre contact, tandis qu'actuellement il semble que chacun cherche à garder jalousement les secrets de fabrication, la plupart du temps des secrets de Polichinellle.
Notre organisation est prête à fonctionner; des machines modernes y ont été installées; l'an prochain, nous pourrons vous faire voir des objets fabriqués. Nous nous efforcerons d'arriver à créer un style suisse, bien à nous, tout en ne s'inspirant pas de Hodler, ni des vignettes de nos billets de la Banque nationale. Nous ferons mieux et ce ne sera pas difficile.
L'école de Bunzlau en Silésie a commencé avec trois élèves et dix professeurs. Ils sont cinquante aujourd'hui et l'on parle d'agrandissement. Notre école - dont les conditions sont très avantageuses - pourra recevoir dix élèves par an, soit quarante pour les quatre années d'apprentissage.
M. Menetrey regrette que la Confédération et l'Etat de Vaud ne soient pas plus généreux pour l'instruction professionnelle. Le budget vaudois des cultes accuse 935.000 francs aux dépenses, tandis que l'instruction professionnelle n'absorbe que 129'000 francs. Ce sont pourtant les écoles professionnelles qui sont l'avenir du pays; elles sont le vrai nid de sa future richesse.
M. Menetrey dit ce qui se fait ailleurs dans ce domaine. Il remercie ses collaborateurs, M. Gauthier, chef de service, les sociétaires, qui sont venus nombreux. Il présente ensuite M. Savreux, directeur de la nouvelle école, et lui dit : "Nous vous demanderons beaucoup; mais nous savons que vous êtes qualifié et que vous ferez plus qu'il ne vous sera demandé".
M. Savreux remercie ensuite de l'honneur qui lui a été fait en l'appelant aux fonctions de directeur de l'école de céramique. Tous ses efforts tendront à mériter la confiance placée en lui; il cherchera à développer cette oeuvre naissante. Il se félicite des collaborateurs qui lui ont été donnés, en particulier le Dr Louis Pelet, professeur de chimie à l'Université. Tous nos efforts tendront à faire des artisans habiles, des artistes, espérons-le.
M. L. Gauthier, chef de service à l'Instruction publique, parlant au nom de ce département et du Conseil d'Etat, rappelle qu'il y a une centaine d'années, André Gindroz, dans un rapport sur l'amélioration de l'instruction dans le canton de Vaud émettait déjà le voeu de la création d'écoles d'application, pour permettre l'apprentissage de métiers, destinés à la formation d'ouvriers habiles. Et déjà il en demandait la réalisation à l'initiative privée.
Le premier pas dans cette création fut la création par Louis Ruchonnet des cours agricoles, que nous ont copiés une dizaine de cantons. En 1838, on étudia la création d'écoles professionnelles; la loi de 1901, révisée en 1908 en fixait le principe, laissant cependant aux communes ou à l'initiative privée le soin de les créer. C'est ainsi que nous avons vu éclore dans notre canton l'école d'horlogerie de La Vallée, l'école professionnelle de mécanique d'Yverdon, l'école de petite mécanique de Saint-Croix, l'école ménagère de Chailly sur Lausanne. Mme Nora Gross a créé avec l'appui de la Confédération et de l'Etat une école de broderie et d'art appliqué.
Enfin M. Lucien Ménétrey a eu l'idée, il y a neuf ans, de créer cette école de céramique. Il y poursuivi son idée avec ténacité en ne se laissant rebuter par aucune difficulté. Cette institution vient à son heure; elle trouvera des amis pour la soutenir moralement et financièrement. L'industrie suisse de la poterie a vu de très bon oeil cette création. L'appui de la manufacture nationale de Sèvres a été particulièrement précieux pour le choix du directeur.
Au nom des autorités cantonales, M. L. Gauthier, adresse ses félicitations aux initiateurs et forme des voeux pour la prospérité de cette institution populaire et nationale.
M. Pouly, municipal à Chavannes et membre du comité de surveillance de l'école, insiste sur la nécessité de former de bons potiers, dans notre pays où cette branche d'activité est presque entièrement dans la main des étrangers. Il espère que les résultats répondront à l'attente des initiateurs. Il remercie les autorités de leur appui moral et financier; il espère que les subsides votés ne seront pas regrettés. Il souhaite enfin la bienvenue à M. Savreux, à sa famille et à ses élèves.
M. Ch. Burnier, député et municipal, directeur des écoles de Lausanne, se félicite de se retrouver dans une réunion aussi populaire; il est heureux de voir se créer une oeuvre utile due à l'initiative privée. Au nom de la municipalité de Lausanne et de la ville voisine il apporte ses meilleurs voeux à l'école naissante. La commune de Lausanne qui a apporté un modeste appui à la création de l'école de céramique de Chavannes étudie elle aussi la création d'une école des métiers. Mais la question est très difficile à résoudre. Nous possédons déjà des cours professionnels, très utiles, organisés par les syndicats, des cours commerciaux que donnent depuis fort longtemps la Société des jeunes commerçants et la section de Lausanne de la Société suisse des commerçants. Ces cours donnent de très grands services et il faut en tenir compte.
L'école de céramique a dit M. Ménétrey, cherchera à créer un style suisse. M. Burnier l'en félicite et l'engage à créer un style suisse français et pas un autre. Le discours de M. Savreux donne à ce sujet les plus belles espérances : On fera ici des artisans qui seront des artistes. Comment en serait il autrement dans un pays aussi beau que le nôtre ? M. Burnier boit au succès artistique de l'école de céramique.
M. Paschoud, préfet de Morges, félicite les autorités de Chavannes et le conseil d'administration de leur initiative et de leur persévérance. Comme industriel, il constate que jusqu'ici l'enseignement professionnel n'a pas été suffisamment soutenu. Il souligne les avantages de la nouvelle loi sur l'apprentissage qui pose le principe de subsides pour les enfants de parents pauvres. L'exemple de Chavannes mérite d'être suivi.
M. Pachoud lève son verre à la prospérité de l'Ecole de céramique.
M. A Jaton, conseiller national à Morges, apporte un juste tribut de reconnaissance au syndic de Chavannes, M. Ménétrey, qui a bien mérité de la patrie. Il fait l'éloge de sa ténacité. La Poterie Moderne est également son oeuvre. Il émet le voeu que l'Ecole et la Poterie se soutiendront mutuellement pour le plus grand bien du pays.
M. Ménétrey remercie tous ceux qui ont assisté à cette inauguration "tout ce qu'il y a de plus démocratique" et les invite à visiter les installations sous la direction de M. Savreux.
Nous pénétrons dans le bâtiment construits sur les plans de M.d'Okolski, architecte. Au sous-sol sont les fours d'un système nouveau montés par M. Bigot, ingénieur; ces fours n'ont pas de cheminées; le tirage est fait au moyen de ventilateurs; la salle des machines comprend les moteurs électriques, des broyeurs, des malaxeurs pour les couleurs, puis le chauffage central.
Au rez-de chaussée sont les salles de modelage, de moulage, tournage, le laboratoire de chimie et un vestiaire; au premier, le cabinet du directeur, la bibliothèque et la salle d'exposition, la salle de dessin, celle de décoration et de finissage, puis deux salles de théorie. En haut l'appartement du directeur. Tout est simple et parait bien installé; la lumière entre abondamment dans toutes les salles.
Une collation a suivi, servie par les demoiselles de la Jeunesse de Chavannes.
Espérons que toutes les espérances des promoteurs de l'Ecole de céramique de Chavannes se réaliseront.
Sources : Archives historiques numérisées le Temps. archivesletemps.ch
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