Commentez les photos de la collecte "On ferme! Raconte-moi ton usine": vers la galerie
Il n'avait pourtant qu'un bras

Il n'avait pourtant qu'un bras

1970
Pierre-Marie Epiney

Dans sa volonté de peindre les héros du quotidien d'Ayer, son village d'adoption, le peintre Marco Epiney (*1960) a choisi Oscar Crettaz (1909-1995). On le voit ici au volant de son monoaxe dans les années 1970. En regardant l'image de plus près, on remarque qu'il lui manque un bras. Clément Epiney nous apprend qu'Oscar s'est fait arracher le bras au moulin du village. L'accident survenu en avril 1940 a signé l'arrêt de mort du moulin.

Depuis lors, avec un courage extraordinaire, Oscar trouvait des solutions à tous ses problèmes pratiques. Ainsi, pour aiguiser la faux, il avait inventé un système permettant de maintenir l'outil immobile afin d'effectuer les gestes appropriés avec son seul bras valide. On imagine également la difficulté qu'il devait éprouver pour sortir le fumier.

Oscar aurait pu se lamenter sur son sort et vivre reclus dans sa demeure. Au contraire, il participait activement à la vie de la communauté. Seul propriétaire d'un taureau, c'est à lui qu'on s'adressait pour la reproduction. Membre actif de la chorale, sa voix ressortait. À l'étable communautaire, c'est lui qui cubait le foin pour mesurer si la quantité de marchandise apportée était correcte. Il était également président des alpages et s'est longtemps occupé de la laiterie du village.

Voici le tableau de Marco Epiney qui a pris la liberté d'ajouter des boilles de lait sur son engin agricole

Pierre-Marie Epiney
Oscar au sortir de la laiterie
Oscar au sortir de la laiterie

Galerie des villageois d'Ayer choisis par Marco Epiney artiste-peintre

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
  • Yannik Plomb

    Entre rudesse et splendeur Il est un pays, dressé entre ciel et terre, où les cimes s’élancent comme des prières et où les vents murmurent les légendes d’antan. Le Val d’Anniviers, écrin de lumière et de roc, est une terre façonnée par la patience du temps et la main rugueuse des hommes. Là-haut, les saisons dictent leur loi avec une force impérieuse. L’hiver fige les torrents et fait craquer les bois des mayens sous le poids des neiges éternelles. Les bergers, blottis dans la chaleur hésitante des foyers, narrent aux enfants les épopées des leurs, les batailles contre le froid, les pactes silencieux passés avec la montagne. Puis vient le printemps, timide au début, lorsqu’un filet d’eau s’échappe de la glace comme un souffle retenu trop longtemps. Les prés s’éveillent, et les fleurs, en humbles éclats de couleur, saluent le retour des troupeaux. Les Anniviards, âmes fières et généreuses, savent la rigueur de leur terre et l’aiment d’un amour sans concession. Ils bâtissent en pierre et en bois, sculptent des ponts sur les abîmes et gravent leur existence dans les plis de la vallée. Ils chantent le patois, recueillent les contes et tissent les fils de la mémoire, pour qu’aucun nom ne s’efface, pour que le vent, porteur de siècles, continue à raconter l’histoire. Pierre Marie Epinay, infatigable veilleur de cette mémoire, est de ceux qui donnent voix aux silences du passé. Par lui, les vieux chalets murmurent encore, les ombres des anciens se dressent au coin des ruelles, et chaque sentier redevient une promesse d’émerveillement. Il sait que la beauté du Val d’Anniviers ne réside pas seulement dans ses panoramas à couper le souffle, mais aussi dans le courage discret de ceux qui l’habitent, dans les cœurs battants à l’unisson du temps qui passe. Ô Val d’Anniviers, rude et magnifique ! Ton âme est celle des glaciers et des torrents, du vent et du feu, de l’effort et de la joie. Que jamais ne se tarisse la source de tes récits, que jamais ne s’éteigne la flamme de ceux qui, comme Pierre Marie, portent haut la parole de ton histoire.

  • Charly-G. Arbellay

    Incroyable courage de ce montagnard! Si l'on sait que l'assurance invalidité ne date que depuis 1960, cet homme s'est débrouiller durant 20 ans sans rente. C'est sans doute ce qui l'a motivé a tout entreprendre pour s'en sortir avec beaucoup d'imagination, d'exercices et d'abnégation. Honneur à lui!

  • Michel Bel

    J’ai été élevé dans un bistrot; mieux que n’importe où, il m’a été donné de voire des personnages. Je devais avoir 8-9 ans, je revois ce bonhomme qui avait un moignon en guise de main, et une espèce de quille depuis l’articulation du genou gauche. Louis-Richard Pommet appelé «  la jambe de bois » était marchand de poissons; il conduisait une Citroën 15, Traction non aménagée. Sa grande spécialité était la vente de poissons pour lesquels la pêche était fermée. Un jour en plein commerce, arrivent 2 douaniers et 2 gendarmes, à son associé: « Marcel va donc chercher du poisson pour ces messieurs. » Ils ont eu du poisson à un prix imbattable, bien que voulant le payer à sa valeur. L’un des douaniers passe le lendemain, en rigolant: « On le connaît, j’ai eu une bonne friture. Bon c’est vrai que c’est fermé, Il ne fait de mal à personne, de plus je ne suis pas garde pêche. » Il ajouta: « Je pense que vu son handicap, personne ne le dérange dans son commerce. » Évidemment rien de déclaré, un jour de printemps il arrive goguenard: « J’ai passé l’hiver au chaud, rue Guillaume Fichet. » C’était la prison du château d’Annecy où ils l’ont employé à la comptabilité.

Pierre-Marie Epiney
2,490 contributions
2 mars 2025
211 vues
10 likes
0 favori
4 commentaires
7 galeries