Plan de Moutier
Plan de Moutier
Plan de la vieille ville de Moutier (BE), centré sur le site de l’ancienne abbaye de Moutier-Grandval.
Le plan date certainement du XIXe siècle.
Abbaye de Moutier-Grandval
Histoire
Ce monastère, comme bien d’autres, naît dans l’élan impulsé par les moines venus d’Irlande, parmi lesquels le plus célèbre, Colomban (540-615), fonde celui de Luxeuil vers 590. Sous leur influence, près de cinquante monastères voient le jour, dont Moutier-Grandval, ainsi que, probablement, ceux de Saint-Ursanne et de Saint-Imier.
Fondation de l'abbaye
Au VIIe siècle, le duché d'Alsace s'étendait au sud jusqu'au col de Pierre-Pertuis. Dans l'intention de rouvrir cette route déjà fréquentée à l'époque romaine, le duc Gondoin (?-656) offre, vers 640, des terres à défricher dans la vallée de la Birse à Walbert (595-670), abbé du monastère colombanien de Luxeuil. Ce dernier y fonde une abbaye, sur le site actuel de la ville de Moutier, qu'il place sous l'autorité du moine Germain de Trêves (612-675).
Germain de Trêves y fait construire une église dédiée à Saint-Pierre, ainsi que le monastère et ses dépendances à proximité. Il aménage largement le passage de la vallée et établit une liaison directe entre le nord et le sud, reliant ainsi les vallées de Delémont et de Tavannes par les gorges de Moutier et de Court.
Le successeur de Gondoin, le duc Etichon-Adalric d'Alsace (635-690), tente d'affermir son pouvoir sur les populations du Jura, mais une révolte s'organise. C'est dans ce contexte que Germain de Trêves et le moine Randoald (?-675), se rendent vers le duc, à la basilique Saint-Maurice de Courtételle, pour lui demander de ménager la population. Cependant, à leur retour, ils sont tués par des soldats dans les plaines de la Communance, le 21 février 675. Leurs confrères emportent leurs dépouilles, après une veillée à l’église de Saint-Ursanne, jusqu’à l'église Saint-Pierre de Moutier pour les ensevelir. Dès lors, tous deux sont vénérés comme saints patrons depuis 849.
À sa fondation, l'abbaye de Moutier-Grandval, d'abord dédiée à Notre-Dame, fait vraisemblablement partie du diocèse de Strasbourg. Elle est ensuite soumise au diocèse de Bâle vers 740 et devient une abbaye royale après la disparition du duché d'Alsace cinq ans plus tard. Au fil du temps, nobles et grands seigneurs font donation de terres ou accordent des privilèges à l'abbaye. Carloman Ier (751-771), confirme en 769 l'immunité accordée par ses prédécesseurs et la faveur royale du monastère. Ce privilège dispense les terres de l'abbaye des impôts et des charges publiques et permet d'affecter ses revenus à l'entretien des frères. Cette même année, une seconde église est fondée dédiée à la Vierge, puis à saint Germain dès 866.
L'empereur Lothaire Ier (795-855) prend Moutier-Grandval sous sa protection en 849 et l'offre au comte d'Alsace Liutfrid (700-767). Le monastère, augmente alors ses possessions, tout en restant dans le giron alsacien et sous le contrôle des souverains carolingiens puis bourguignons. Le 19 mars 866, Lothaire II (835-869) lui garantit ses possessions. Le 20 septembre 884, l’empereur Charles III le Gros (839-888) confirme les biens, droits, revenus et dîmes de l’abbaye, qui s’étendent jusqu’en Alsace. Comme elle menaçait de tomber aux mains de laïcs, sous le règne de Liutfrid III, le roi de Bourgogne Conrad (925-993) se la fait adjuger par l'empereur Otton Ier (912-973) en 967.
En 999, à la veille de l'an 1000, hanté par l'idée de la fin du monde et du jugement dernier, Rodolphe III de Bourgogne (966-1032), au mépris de l'immunité reconnue par les souverains carolingiens et mérovingiens, donne « l'abbaye de Sainte Marie et de Saint Germain que l'on nomme Granval » à Adalbéron II (?-1025), évêque de Bâle, consacrant ainsi son pouvoir temporel. Cette donation est à l'origine de la future principauté épiscopale de Bâle.
Chapitre collégial
Entre 1050 et 1100, les moines détruisent l'église Saint-Germain et le monastère. Une nouvelle collégiale Saint-Germain est construite dans les hauteurs de Moutier. Peut-être cherchaient-ils à s'éloigner des risques liés à la Birse et à son humidité.
À ses débuts, le monastère, devenu abbaye de Moutier-Grandval, est une communauté isolée et fermée de frères, des moines vivant selon la règle strictes colombanienne et se consacrant à la prière. Au tout début du XIe siècle, et au plus tard en 1115 ou 1120, la communauté se transforme en un collège, appelé chapitre, marquant ainsi la naissance du chapitre de Moutier-Grandval sous l’influence des bénédictins. Ses membres, des prêtres consacrés (chanoines), sont rattachés à une église (la collégiale) et à une paroisse dont ils ont la charge. Ils se consacrent principalement à la liturgie et au chant de l’office divin, tout en assurant un ministère pastoral. Contrairement aux moines, ils ne vivent plus en communauté et possèdent des biens à titre personnel. Le chapitre est dirigé par un prévôt, assisté d’un archidiacre, d’un custode (trésorier) et d’un chantre (chef de chœur).
Tout au début, après la sécularisation de l’abbaye, le chapitre entretient de bonnes relations avec l’Église de Bâle. Le premier prévôt, Siginand (?-1176), également fondateur en 1136 de l'abbaye prémontrée de Bellelay, est d’ailleurs un proche de la cour épiscopale. Cependant, dès 1179, une bulle du pape Alexandre III (1105-1181) confirme au chapitre des droits spécifiques et exclusifs sur ses biens et ses hommes, dans des limites géographiques correspondant à celles de la prévôté. Cette bulle constitue un revers important pour l’Église de Bâle, qui perd certains de ses droits sur le chapitre, notamment l’élection des chanoines et des prévôts. Cependant, les liens personnels avec le chapitre cathédral de Bâle deviennent de plus en plus étroits. Berthold de Ferrette (?-1262), Henri de Neuchâtel (?-1283) et Lüthold de Rötteln sont prévôts de Moutier-Grandval avant de revêtir la dignité épiscopale.
En 1295, un échange de divers biens et droits entre le chapitre de Moutier-Grandval et l’évêque de Bâle, Pierre Reich de Reichenstein (?-1296), réduit encore l’influence de l’évêque sur le chapitre. Durant le XVe siècle, la souveraineté épiscopale sur le chapitre s’affirme progressivement. Toutefois, ses limites exactes restent floues, et le chapitre continue de jouir de larges prérogatives, notamment en matière de droits seigneuriaux, de justice, de nomination des maires et du serment de fidélité des habitants de la prévôté. Le chapitre signe des traités de combourgeoisie avec Soleure en 1404 et avec Bâle en 1407. Le 9 février 1430, un acte de l’évêque Jean de Fleckenstein accorde aux bourgeois de la prévôté, en reconnaissance de leur aide pour le remboursement de ses dettes, des droits.
Dès le milieu du XVe siècle, les tensions entre l’Église de Bâle et le chapitre de Moutier-Grandval s’intensifient. Le premier conflit éclate en 1442 entre le prévôt Jean de Fleckenstein (?-1467) (parent de l’évêque du même nom) et l’évêque Frédéric zu Rhein (?-1451). L’arbitrage, mené notamment par deux représentants de Soleure, confirme la prééminence de l’évêque dans les domaines de la pêche et de la chasse. De plus, le texte le désigne comme le « seigneur » du chapitre, tant sur le plan spirituel que temporel.
Les prévôts tentent de réagir, mais un nouvel acteur entre en scène : Berne. À la mort du prévôt Henri d'Ampringen (?-1484) en 1484, une grave crise éclate, cinq candidats se disputant sa succession. Le chapitre choisit le Lucernois Jean Pfyffer, qui prête serment le 24 septembre 1484. Il bénéficie du soutien de son canton et de l’évêque, qui, après avoir soutenu un autre candidat, finit par se rallier à lui. Toutefois, Berne soutient un autre prétendant, Jean Meyer, curé de Büren. Ce dernier, appuyé par son canton, prend de force la maison du chapitre à Moutier avec une centaine d’hommes. Une troupe venue de Delémont parvient à neutraliser cette attaque, mais Berne exploite l’incident pour occuper la prévôté et imposer Jean Meyer comme prévôt en 1486. Cet événement permet à Berne d’affermir son influence sur l’évêché, notamment grâce à un traité de combourgeoisie conclu avec le chapitre et la prévôté de Moutier-Grandval.
Bien que l’Église de Bâle regagne du terrain à la fin du XVe siècle, Berne conserve son rôle de protecteur de Moutier-Grandval, un statut qui s’avère déterminant lors de la Réforme protestante, que Bâle ne parvient pas à empêcher dans la prévôté. En 1492, quatre cinquièmes des gens de la prévôté embrassent la foi nouvelle prônée par les Bernois.
En 1530, Berne envoie le réformateur Guillaume Farel (1489-1565), qui est généralement bien accueilli. Les chanoines quittent Moutier-Grandval en 1534 et trouvent refuge d’abord à Soleure, puis à Delémont où ils s’installent définitivement en 1571. À partir de cette époque, le bandelier, élu par le plaid (assemblée réunissant tous les hommes de 16 à 60 ans en présence d’un représentant du prince-évêque), remplace le prévôt à la tête de la seigneurie. En 1792, l’invasion française chasse les chanoines de Delémont. Ils se replient d’abord à Moutier, puis à Soleure, avant de se disperser définitivement en 1798 à l’arrivée des Français dans cette ville. Le chapitre est finalement supprimé en droit par le concordat de 1801 entre Bonaparte (1769-1821) et le pape Pie VII (1742-1823) en 1802.
Ruines de l'abbaye de collégiale Saint-Germain vers 1830 par E. Käppelin.
Source texte :
- Jérémy Toma, Abbaye de Moutier-Grandval, sur Wikipédia.
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