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Crosse de Saint Germain

Détail du sommet de la crosse de Saint Germain, exposée au Musée jurassien d’art et d’histoire (MJAH) à Delémont (JU).

La crosse

La crosse de Saint Germain présente des dimensions remarquables : elle mesure 119 cm de long, avec un diamètre de 24 mm à son sommet, légèrement diminué vers la base. Son âme de bois est entièrement revêtue de fines feuilles d’argent battu.

La partie inférieure de la crosse, aujourd’hui endommagée, révèle une technique de fabrication soignée : les bords des feuilles d’argent se rejoignent par recouvrement et sont fixés par de petits clous d’argent, espacés de 20 à 22 mm. Les jonctions des tubes ainsi formés sont dissimulées par des anneaux d’argent ornés de délicats motifs gravés.

La poignée, longue de 14 cm, débute à la hauteur d’une virole d’or. Elle est recouverte de cinq petites plaques d’argent parfaitement ajustées à sa forme, maintenues par quatre bandes très fines d’or, placées sur chaque flanc, et par quatre bandes transversales, elles aussi en or, fixées à l’aide de minuscules clous.

Le corbin — la partie recourbée de la crosse — est lui aussi recouvert d’une feuille d’or, ornée d’émaux cloisonnés. Deux mains d’orfèvres se devinent dans l’exécution de cet ouvrage. À l'origine, le dos du corbin était décoré de douze grands « S » émaillés, dont huit subsistent aujourd’hui. La partie supérieure du neuvième motif reste encore visible, juste sous la poignée. Le bâton pastoral, ayant été porté par saint Germain et ses successeurs, montre les traces de son usage liturgique : la main gauche de l’officiant ne se posait pas sur la poignée, mais saisissait la crosse juste en dessous du corbin, provoquant l’usure de quatre motifs. Cette altération entraîna une restauration ultérieure : des émaux en forme de chevrons rouges et verts furent insérés dans huit rectangles, dont trois ont disparu à nouveau sous l’effet d’une manipulation prolongée.

La décoration primitive, cependant, témoigne d’un raffinement exceptionnel. Sur une feuille d’or fixée sur l’argent — selon un procédé similaire à celui de la croix de saint Éloi — sont soudés des filets d’or et des cloisons, tantôt lisses, tantôt finement ouvragées, délimitant des cellules épousant la forme des « S ». Reliés entre eux par de petits triangles, ces motifs cloisonnés étaient remplis d’émaux éclatants de rouge, de vert et de bleu.

La comparaison entre la crosse de saint Germain et la croix de saint Éloi ne laisse guère de doute : nous sommes bien en présence de l'opus inclusorium, cette technique d'orfèvrerie cloisonnée réputée dès le IXᵉ siècle et considérée au Moyen Âge comme caractéristique du travail de saint Éloi.

Saint Germain

Saint Germain naît au plus tôt en 612 à Trèves, au sein d'une famille sénatoriale et meurt le 21 février 675 dans la vallée de Delémont; il est le fils d'Optardus.

Élevé auprès de Modoald, évêque de sa ville natale, Germain rejoint à l’âge de 17 ans l’ermitage vosgien d’Arnoul de Metz. Après un passage par Remiremont, dans les Vosges, il entre à l’abbaye de Luxeuil. Là, sous l'autorité de l’abbé Walbert (629–670), il est ordonné prêtre et choisi pour devenir le premier abbé de Moutier-Grandval, fondé au cours du troisième quart du VIIᵉ siècle.

Revenant d’une entrevue avec le duc d'Alsace, Eticho (635-690) — à qui il avait reproché les violences infligées à la population locale — Germain est assassiné, aux côtés de Randoald, prévôt du monastère.

Sa mémoire est célébrée chaque année le 21 février.

Sources textes :

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