L'Hôtel de Russie

L'Hôtel de Russie

Carte postale Jullien frères, phot. Editeurs Genève
Sylvie Bazzanella/Bibliothèques municipales de la ville de Genève

Ce document a été publié sur notreHistoire.ch par Sylvie Bazzanella.

A propos de cet immeuble, Armand Brulhart indique dans son ouvrage "Ville et canton de Genève" au sujet du Square du Mont-Blanc que « le plus prestigieux ensemble de la ville nouvelle, formé de vingt immeubles d'habitation et de commerces disposés en quadrilatère autour d'un square planté d'arbres, auquel permettent d'accéder quatre passages principaux au centre de chaque côté et deux passages secondaires. […] Début des constructions en 1851-1852 par Joseph Collart à l'angle du Quai du Mont-Blanc no 1/ rue du Mont-Blanc no 2 sur le terrain le plus cher de Genève, offert à James Fazy pour services rendus à la communauté.

L'immeuble de luxe, qu'il habita et qui devint l'Hôtel de Russie, démoli et remplacé en 1969-1970, donnait le ton à tous les immeubles du quai, édifiés au cours des mêmes années ».

Le site institutions.ville-genève.ch indique que le Square du Mont-Blanc ainsi que l'Hôtel de Russie sont décrits dans La Genève sur l'eau, aux pages 131 et suivantes ainsi que 307 et suivantes. Autre source de renseignements, l'ouvrage de Louis Blondel "Le développement urbain de Genève à travers les siècles" et dans le volume 4 de "l'Inventaire suisse d'architecture* (INSA) Genève : 1850-1920, disponible en ligne sur le site des revues suisses numérisées e-periodica. Ce site présente par ailleurs de nombreux intérêts pour la recherche d'articles sur l'architecture. Nous trouvons par exemple des informations sur le développement du square du Mont-Blanc dans l'article de Catherine Courtiau L’avènement du réseau ferroviaire à Genève et les liens de Cornavin avec le Midi de la France.

Concernant la destruction de l’Hôtel de Russie, les archives en ligne du Journal de Genève indiquaient ce qui suit dans l'article du 26 août 1968 L’Hôtel de Russie va disparaître :

« L’Hôtel de Russie, situé à l’angle de la rue et du quai du Mont-Blanc, l’un des plus anciens de notre ville, va prochainement disparaître. En effet, ses propriétaires, M. Pierre Ernens et sa soeur, Mme Paulette Kunstlé, dès après la mort de leur frère, Charles Ernens, survenue il y a trois ans, qui jusqu’alors, avait exploité cet établissement et l’avait dirigé, avaient décidé de s’en séparer. Un notaire de notre ville avait été chargé de s’occuper de découvrir un acquéreur. […]

C’est la compagnie d’assurances "Zurich" qui s’est portée acquéreur non seulement du bâtiment mais aussi de tout l’équipement hôtelier qui s’y trouve […]. Toutefois, le nouveau propriétaire ne poursuivra pas l’exploitation de l’établissement.

Dès le 15 octobre, celui-ci fermera définitivement ses portes. […]

Ainsi donc, cet hôtel […] tombera sous la pioche des démolisseurs, comme ce fut le cas, il y a un certain nombre d’années déjà, à la place du Rhône, l’Hôtel de l’eau, dont l’enseigne était la plus vieille de Genève.

A sa place […] le nouveau propriétaire fera édifier un immeuble qui, dans l’ensemble, conservera à la fois son gabarit et son style actuel. Il importe de ne pas compromettre l’harmonie du quai du Mont-Blanc par une "verrue" de verre et d’acier.

Ce sont les architectes Braillard, […] qui se sont vu confier la reconstruction de cet immeuble. Celui-ci n’abritera que des bureaux et des locaux commerciaux. […]

Il semble qu’il y aura deux ou trois étages aménagés en sous-sol, ce qui permettra de récupérer par le bas, ce qui ne peut être gagné en hauteur, puisque le niveau des toits des immeubles environnants devra être respecté. »

La fermeture définitive de l’hôtel a lieu le 15 octobre 1968, selon le Journal de Genève du 4 octobre 1968 Dans quelques jours l’Hôtel de Russie aura vécu.

Et sa destruction elle-même est évoquée le 3 octobre 1969, en marge du projet de destruction, finalement non réalisé, de l’Hôtel Métropole, on se propose de démolir l’Hôtel Métropole : mais on le reconstruira.

Par ailleurs, le Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève propose en ligne plusieurs images de l’Hôtel de Russie.

Quant au nouveau bâtiment, on apprenait dans l'article Ancien Hôtel de Russie : l’avis de l’architecte publié dans ce même journal le 30 mars 1972 :

« En l’absence de M. Pierre Braillard, architecte chargé de la construction qui prendra la place de l’ancien Hôtel de Russe, c’est son frère, M. Charles Braillard, qui nous a apporté quelques précisions :

"C’est M. Raymond Reverdin, architecte, qui a été mandaté par le Département des travaux publics pour faire une étude globale de l’ensemble du square, en ce sens que ce département voulait établir un règlement de quartier pour l’ensemble du quadrilatère avec un gabarit pour tout l’ensemble. […]

Ce n’est pas M. Pierre Braillard qui a travaillé au projet des façades de l’ancien Hôtel de Russie mais le Département des travaux publics. Ensuite de quoi, ce département a pris un arrêté concernant le nouveau gabarit. En résumé, M. Pierre Braillard ne fait qu’appliquer les décisions légales prises par le département de M. François Picot." »

Un ouvrage publié en 2007 présente l’ensemble de l’œuvre de cet architecte Pierre Braillard : de 1932 à 1982 : un demi-siècle d’architecture à Genève.

A ce sujet encore, il peut être intéressant de consulter des articles comme celui de Frédéric Python La Société immobilière genevoise et ses architectes (1853-1889), publié en 2009 dans le document Le client de l'architecte : du notable à la société immobilière: les mutations du maître de l'ouvrage en Suisse au XIXe siècle, qui situe notamment le contexte historique et architectural de la construction du square du Mont-Blanc :

« Parmi les clients ou "commanditaires" traditionnels de l’architecte, le "siècle de l’industrie" vit apparaître un nouvel acteur, sous la forme collective de la société anonyme immobilière. La Société immobilière genevoise, fondée en 1853 à Genève, en constitue un cas intéressant pour la Suisse.[…]

La création du square du Mont-Blanc, entamée immédiatement après la fondation de la Société, dès 1854, constitua son opération la plus importante et une indication claire du type d’activités qu’elle privilégiait à ses débuts et que l’on nommerait aujourd’hui de la promotion immobilière. Elle consista en l’achat d’une série de parcelles lors de deux ventes aux enchères organisées par l’Etat, puis de la construction sur celles-ci d’immeubles mitoyens. Les aspects urbanistiques étaient prédéterminés par les travaux de planification de l’Etat et leur respect était garanti par un cahier des charges très contraignant. Les immeubles, édifiés à partir de mars 1854, étaient destinés à être vendus. »

Source article publié par le site des institutions genevoises

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David
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7 décembre 2021
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