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Johannes BRAHMS, Concerto pour piano et orchestre No 1, Bruno-Leonardo GELBER, Orch. symph. de la Radio de Cologne, Ernest ANSERMET

21 février 1964
Radio Bavaroise pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photos
Radio Bavaroise pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photos

Ce premier concerto pour piano de Johannes Brahms est une oeuvre de jeunesse: elle fut donnée en première audition le 22 janvier 1859 à Hanovre par le compositeur au piano, alors âgé de vingt-cinq ans, l'orchestre étant dirigé par Joseph Joachim. Ce fut un succès mitigé, les critiques saluant plus les qualités pianistiques de Brahms que sa musique, jugée „incompréhensible“. En fait le public et la plupart des critiques furent déconcertés par le traitement du piano qui n'assume pas la partie concertante au sens classique du terme et se retrouve le plus souvent en fusion avec l'orchestre.

Certains considèrent l'oeuvre comme une symphonie avec piano obligé (Christian Merlin dans Diapason de février 2008, p.74-76). Brahms avait en fait d'abord conçu son concerto comme sonate pour deux pianos: le 19 juin 1854, il écrivait à son ami le violoniste Joseph Joachim: «Si seulement je pouvais laisser ma Sonate en ré mineur de côté pendant longtemps. J'ai souvent joué les trois premiers mouvements avec Madame Schumann, mais je me suis aperçu que même deux pianos ne sont pas suffisants.». La même année, il orchestra le premier mouvement de la sonate pour en faire une ouverture de symphonie, mais il abandonna peu après ce projet, peut-être à cause de son manque d'expérience quant à l'écriture pour orchestre. Entre 1856 et 1858, il fit plusieurs autres adaptations de cette musique, et finalement il transforma l'oeuvre en concerto pour piano. Après la première audition, il continua de modifier le Concerto jusqu'à sa publication en 1861, et ce n'est qu'en 1878 qu'il entama son Deuxième Concerto.

"[...] Le Concerto est certainement symphonique dans ses dimensions, mais pas du tout dans sa forme de pensée. Un thème dominant, d'une ampleur saisissante, attire immédiatement l'attention. Il s'agit bien d'une tragédie, en pleine expression rebelle; mais aujourd'hui, nous qui connaissons le deuxième concerto pour piano, nous pouvons reconnaître l'humeur antérieure de la tragédie d'un jeune homme, l'éternelle tragédie de la jeunesse qui découvre les frustrations qui assaillent toute vie. Après cette large déclamation, un passage plus triste et plus suave se produit; puis une nouvelle idée en sixtes se fait entendre aux bois, préfigurant les développements futurs. Lors de sa première entrée, le pianoforte est calme mais emphatique, avec une sorte d'arioso triste - encore une nouvelle idée. Puis, après quelques développements, le courant de la musique s'élargit vers un thème long et plus doux - le “deuxième sujet” proprement dit - en fa, le majeur relatif de la tonique. Tout ce matériel est élaboré avec soin, et le mouvement se termine par une coda au caractère tragique approprié.

Sur la splendide mélodie qui ouvre l'Adagio, Brahms écrivit sur l'une de ses esquisses les mots „Benedictus qui venit in nomine Domini“: les notes s'adaptent certes aux syllabes verbales, mais rien ne prouve que l'idée ait été empruntée à une oeuvre chorale antérieure du compositeur. Il pensait incontestablement à Schumann. La mélodie elle-même est caractéristique, car Brahms a souvent écrit des mélodies conjonctives comme celle-ci - dans la musique pour piano, dans les oeuvres chorales et surtout dans les chansons („Wie bist du, meine Konigin“ en est un bon exemple). Le développement est obtenu en séparant des fragments du thème pour les traiter séparément, mais au cours du mouvement, une idée entièrement nouvelle est distillée à partir de l'ancienne - un air très espacé de caractère quelque peu épisodique. La forme est simple, mais on peut attirer l'attention sur l'utilisation des tambours vers la fin.

Le sujet principal du Finale est tempétueux - assertif plutôt que tragique avec regret. On y décèle une légère saveur hongroise, que nous pouvons attribuer au fait que Brahms connaissait Remenyi, qui avait initié le compositeur à ces airs d'Europe du Sud pour lesquels il a toujours eu une grande affection par la suite. Parmi les divers épisodes, clairs à l'oreille, qui se produisent et sont liés par le thème principal, l'un d'eux est particulièrement intéressant, car il commence par un simple air en si bémol que Brahms traite bientôt de façon fugitive dans la tonalité mineure. Après une cadence (quasi fantasia) et un retour du premier épisode, une coda animée complète le cercle du rondo. [...]" Traduit des notes de Hubert FOSS publiées au verso de la pochette du disque His Master's Voice LHMV 1042.

René Gagnaux
Ansermet, Brahms Op. 15, Gelber
Ansermet, Brahms Op. 15, Gelber

Le 21 février 1964 Ernest ANSERMET dirigeait l'Orchestre symphonique de la Radio de Cologne. Au programme:

  • Ludwig van Beethoven, Symphonie No 8
  • Igor Strawinski, Petruschka
  • Johannes Brahms, Concerto pour piano et orchestre en ré mineur No 1, Op. 15

L'enregistrement que vous écoutez...

Johannes Brahms, Concerto pour piano et orchestre en ré mineur No 1, Op. 15, Bruno-Leonardo Gelber, Orchestre symphonique de la Radio de Cologne, Ernest Ansermet, 21 février 1964

  1. Maestoso..........................................20:57 (-> 20:57)
  2. Adagio..............................................13:12 (-> 34:09)
  3. Rondo: Allegro ma non troppo..........11:29 (-> 45:38)

Si vous désirez télécharger cet enregistrement en meilleure résolution (fichier zip avec l'audio en format flac, donc comprimé sans pertes): cliquer ici.

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René Gagnaux
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29 novembre 2022
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