"Souvenir de mon internement"

"Souvenir de mon internement"

12 octobre 1917
inconnu, collection Pm Epiney
Pierre-Marie Epiney

Le 12 octobre 1917, un militaire français interné à Sierre a sans doute reçu la visite de sa famille. il en profite pour tirer une photo qu'il envoie à une Madame Beaudoing demeurant à Grenoble.

L'intelligence artificielle a permis de coloriser l'image qui a d'abord été restaurée par Vivian Epiney grâce à des outils informatiques et à son savoir-faire.

Image originale :

notrehistoire.imgix.net/photos...

Image restaurée :

notrehistoire.imgix.net/photos...

Le contexte

Le 6 février 1916, Sierre recevait ses premiers "braves", des rescapés français et belges, qui revenaient du front.

Voici l'évocation de cet accueil sous la plume d''Edmond Bille, le peintre qui fonctionnait comme responsable de l'accueil en qualité de premier lieutenant :

"Le convoi destiné à la station valaisanne nous était arrivé un beau matin de février 1916. Sierre s'était mise en frais pour le recevoir. Sur chaque façade les drapeaux suisses et cantonaux mêlaient leurs couleurs vives à celles du Pape et de la République. La cité du Soleil débordait de bonnes intentions hospitalières et décoratives et affichait, sous des arcs de triomphe hâtivement construits ses souhaits de bienvenue « aux héros de la grande guerre ».

Bravant un froid de Chandeleur, la foule se pressait dans les rues comme à la kermesse. On se bousculait avec une hâte joyeuse et loquace, chacun voulant être au premier rang pour mieux voir. Bien avant l'heure prévue, la petite ville en habits de fête attendait, haletante…

Le train spécial s'était engagé sur une voie de garage, timide, hésitant, silencieux comme un cortège funèbre. Un instant, on avait vu cent mains maigre et jaunies agiter des mouchoirs et des képis rouges. Partie des portières ouvertes, une clameur montait dans l'air glacé, mais elle était retombée aussitôt, telle une flamme que rien n'alimente.

La foule déçue, saisie de pitié, restait interdite et presque atterrée. La joie aussi s'était subitement éteinte dans les cœurs. Ils battaient maintenant comme des tambours voilés de crêpe. Avec cette fanfare qui jouait l'hymne suisse, on pouvait se croire autour d'une tombe.

On était venu là comme à un joyeux spectacle, impatiemment attendu. Et le rideau s'était levé sur la guerre ! Et la guerre, en se découvrant, saluait ce peuple en liesse avec un rire effroyable et cynique."

texte paru dans "le Carquois vide" aux éditions la Baconnière, 1939

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