Les premières messes étaient courantes à une époque où de nombreux garçons choisissaient de devenir prêtres. Elles avaient lieu généralement dans la paroisse dans laquelle le prêtre avait grandi et les paroissiens étaient invités à y participer à l’occasion d’une grande fête. Luc F. Dumas, fils de l’architecte Fernand Dumas, a raconté, dans Bachu, son enfance douloureuse à Romont. Compte tenu de son témoignage, il est émouvant de le voir, devenu dominicain, célébrer sa première messe à la collégiale.

On voit sur cette image Luc Dumas et son père, Fernand Dumas.

Si j’ai voulu parler de cette crainte paternelle c’est que j’ai souvent essayé de savoir, depuis lors, quel rôle cette terreur sacrée avait bien pu jouer dans la décision que je pris (…) d’entrer dans les ordres et de prononcer des vœux d’obéissance inconditionnelle à mes supérieurs. A la fin de mon collège, j’étais décidé à soumettre ma vie à une autorité toute puissante et à renoncer à l’amour humain jusqu’à la mort. Moi qui n’avais jamais adressé la parole à une fille, qui n’avais jamais fait un acte d’autonomie personnelle. J’avais conçu de barrer d’un seul trait, de renoncer d’un coup à ce que je n’avais jamais connu: la tendresse humaine. Je rejetais la carrière, la profession, le métier et surtout l’argent honnêtement gagné.

(…)

(…) Folie, c’est de la pure folie que d’offrir ainsi ce que l’on n’a jamais possédé !

(…)

Une chose est certaine pour l’instant: lorsque j’entrai au couvent, je n’étais encore qu’un enfant qui n’avait pas vécu son adolescence.

Luc F. Dumas: Bachu, Lausanne, Ed. L’Age d’Homme, 1983, p. 184-185