Devant l'écurie
Devant l'écurie
Cette scène se déroule un jour d'hiver devant l’écurie de Pierre Epiney (1921-2010) dans les années 70. Propriétaire de sept têtes de bétail, Pierre s'y rendait tous les matins vers cinq heures pour s'occuper de ses vaches. Ensuite, la plupart du temps, il entamait une deuxième journée comme chauffeur postal sur la route d’Anniviers.
Alors que Pierre verse le lait fraîchement trait dans une grande boille destinée à la laiterie, le curé Maurice Baumann (1916-1994) tient la passoire retenant les impuretés.
On peut imaginer cette discussion entre les deux amis :
- Pourquoi on t’appelle Pierre Fontaine ?
- Pendant l’été, mes parents avaient placé leurs vaches à l’alpage. Ils en gardaient une au village pour le lait. Comme j’étais le dernier de famille, ils m’avaient confié le soin de conduire la vache au mayen de la fontaine sur les hauts du village. Le surnom est resté.
- Je ne savais pas. Maintenant, sers-moi un verre de lait.
Voici le tableau réalisé par son fils Marco
Je ne crains pas de dire que 12 heures plus tard, ce brave homme va attaquer sa troisième journée avec la traite du soir. Sans négliger la problématique des fenaisons en région montagneuse, qui représentent une lourde charge de travail. Adolescent, je m’occupais de la traite de 15 vaches durant les vacances; je disposais d’une trayeuse. L’avantage de cette machine était le temps gagné à la traite, bien vite perdu lors de son nettoyage. Dans le Bas Chablais savoyard, la majorité des fruitiers était d’origine fribourgeoise; Luthy, Duparc, Christina pour ceux que j’ai connu. Actuellement, ce sont les transformateurs qui détiennent la facturation des produits agricoles; en fait le droit au chantage sur le prix d’achat du produit brut. Quel est l’artisan qui accepterait que son client lui discute, et impose le montant du devis relatif à son travail?