William Rime
William Rime
William Rime, médecin, comédien, homme de théâtre et de radio, organiste, chef de choeur et d'orchestre, commentateur et chroniqueur musical, fonctionnaire, ... une personnalité de la Suisse Romande sortant vraiment de l'ordinaire...
Cette photo fut publiée dans le programme 1944-1945 du Théâtre Municipal de Lausanne. Le nom de William Rime apparaît ensuite très fréquemment dans les hebdomadaires et périodiques de la Suisse Romande, comme comédien. Puis comme organiste, chef de choeur et d'orchestre - il dirigea notamment à quelques occasions l'Orchestre de la Suisse Romande -, homme de théâtre, régisseur, homme de radio, et avant tout excellent commentateur et chroniqueur musical.
Les lectrices et lecteurs de l'hebomadaire Radio Je vois tout des années 1965 - 1980, doivent très bien se souvenir de ses chroniques, dans lesquelles il présentait divers concerts, commentait divers festivals, etc.
William Rime fut donc une personnalité très présente un peu partout dans le monde musical suisse romand, mais qui - apparemment - tenait à protéger sa vie privée. Je n'ai pu - jusqu'à maintenant - trouver qu'un seul entretien donnant quelques détails de sa biographie.
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Cet entretien avec Roger D'IVERNOIS (1920-1994, journaliste, photographe et cinéaste genevois) fut publié dans le Journal de Genève du 29 décembre 1982 en page 11:
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"[...] R.D'I. William Rime, le docteur William Rime, puisqu'il est médecin, commentera pour la vingt-cinquième année consécutive, le concert retransmis le 1er janvier à 12 h. par l'Eurovision et donné par l'Orchestre philharmonique de Vienne. C’était prétexte à notre rencontre, car William Rime est un personnage sortant de l'ordinaire. Musicien (organiste, pianiste, compositeur) il a été pharmacien, fonctionnaire a l'Etat de Genève, sergent-major dans les troupes de Forteresse (pendant la guerre) de la Brigade montagne 10, écrivain et journaliste. Un cas, non? D'autant qu'il n'a plus vingt ans, du moins selon son passeport...
W.M.: J'ai passé ma maturité en Suisse, mais comme mon origine est française - je suis très attaché à ce pays bien que je sois, de papiers, Neuchâtelois - je désirais faire mes études à Paris. Je voulais absolument faire de la musique, mais mon père m’en dissuada, prétendant que je ne pourrais pas en vivre. C’est ainsi que je suis entré à l’Ecole de pharmacie. ce qui, dès les premiers mois, me passionna. A tel point que je me suis inscrit à la Faculté de médecine, tout en faisant le Conservatoire dans les classes de piano, d'orgue et de direction d'orchestre. J’ai même pondu un bouquin «Troubadours et Trouvères » (Seghers) et j'ai fini mes études après avoir passé deux ans à l'Institut Pasteur , où j’ai fait des recherches sur les allergies à certains médicaments. La guerre venue, j'ai dû rentrer au pays. J’ai tout plaqué et suis arrivé à Dailly, aux Fortifications de St-Maurice, dans la Brigade montagne 10.
R.D'I. Vous étiez également compositeur...
W.R. Oui. enfin, j’avais composé des bricoles: des quatuors vocaux avec orgue, une sonate pour violoncelle et orgue, mais ce n'est pas la peine d*en parler.
R.D'I. Et puis, vous êtes entré à la «Tribune de Genève», dont le rédacteur en chef, à l’époque, était Gaston Bridel.
W.R. Oui, j'avais été engagé par Gaston Bridel en qualité de chroniqueur radiophonique et musical.
R.D'I. Ensuite, vous êtes entré à la Radio...
W.R.Oui à Radio-Lausanne, où l’on m'avait engagé pour ma voix!
R.D'I. Ah oui, cette voix de violoncelle... ou de contrebasse.
W.R. (!) J’ai été engagé comme «speaker » et présentateur des nouvelles, avec Benjamin Romieux. Ensuite, on m'a proposé de jouer certains rôles dans des comédies radiophoniques. Comme je jouais de l’orgue et du piano, j’ai également fait de la régie musicale pour l’Orchestre de chambre de Lausanne et j’ai dirigé les chœurs - avant Charlet, bien sûr - ce qui fit que Méroz, le directeur, me baptisa du nom de «Caméléon », parce que je faisais un peu de tout et que cela marchait! Aujourd’hui, je suis toujours organiste.
R.D'I.Vous êtes également entré au Département des Finances, à Genève.
W.R. Ayant quitté la Radio en n'ayant pas de retraite, je devais continuer à travailler. Je fus engagé à l'enregistrement des actes notariés, où j’ai officié pendant huit ans. Là, je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreux cas de dépressions nerveuses parmi le personnel. J'ai alors proposé d’ouvrir un bureau d’entraide médicale dans le cadre du personnel. On me donna le feu vert. J’ai donc soigné, pendant ce temps, exactement cent-quarante-quatre personnes dépressives, à titre benévole bien sûr.
R.D'I. Puis, il y a cinq ans, vous avez passé les examens suisses de médecine pour pouvoir exercer votre art au pays.
W.R. Oui. j’en suis là...
R.D'I. Et dans trois jours, exactement le 1er janvier 1983 à 12 h. vous allez commenter pour la vingt-cinquième fois consécutive le fameux concert retransmis de Vienne.
W.R. Oui et ce sera aussi le vingt-cinquième anniversaire de l'Eurovision. Comme vous le savez, ce concert revêt une atmosphère très particulière. C’est vraiment la fête de Vienne. Tout est exceptionnel dans ce concert, la qualité de la musique comme l’attitude du public, qui réagit au quart de seconde.
R.D'I. Il y a des gens qui, toute leur vie, pensent à leur retraite...
W.R. Je n’arrête jamais de travailler. On verra jusqu’à quand...
- Que représente l’avenir, pour vous?
W.R. Malheureusement pour eux, beaucoup de gens ne savent pas «vivre vieux». Mais quand on a la santé, le cerveau qui travaille bien, on n’a pas le droit d’arrêter de travailler, car il y a toujours quelque chose à faire pour rendre service à son prochain. [...]
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Après cet entretien de 1982, je n'ai plus pu trouver de traces de William Rime, ignore notamment quand il est décédé: si une personne lisant ce récit en sait plus, toute information m'intéresse! J'aimerais aussi avoir beaucoup plus de détails sur sa biographie...
Expo sur les photos de classe
Au Musée de Carouge se tient actuellement une exposition sur la photo de classe. Nous sommes allés à la rencontre de Benoît Boretti, directeur du Musée de Carouge et de Marie-Françoise Guillermin, éminente contributrice de la plateforme, dont les souvenirs sont maintenant visibles au musée.