"La marquise, ça sera pour moi quand je rentrerai"

"La marquise, ça sera pour moi quand je rentrerai"

3 avril 1916
G. Werro, Photo-Hall, Montana; collection Pm Epiney
Pierre-Marie Epiney

Dans ce message adressé à son frère resté en France, Henri, interné militaire à Montana-Vermala, partage ses soucis d'héritage.

Pour une meilleure intelligence du texte, l'orthographe et la ponctuation ont été corrigées.

"Montana, le 3 avril 1916

Cher frère,
Est-ce que ton papa t'a donné la jolie chaîne de montre ? Il me disait bien qu'il te donnerait la vieille, que l'autre c'était pour lui, qu'il allait tout garder pour lui. Il te faudra voir un peu me raconter ça. Il m'a dit aussi que la marquise ça sera pour moi quand je rentrerai. Je ne sais pas comme on s'arrangera. Je ne sais pas si elle voudra me reconnaître.

Je t'embrasse.
Ton Henri"

notrehistoire.imgix.net/photos...

Petit commentaire subjectif

Alors qu'il est pris dans les tourments de la grande guerre, alors qu'il se trouve "interné militaire" en Suisse à près de 400 km de chez lui, le "poilu" Henri s'inquiète pour son héritage. Il se réserve "la marquise", vraisemblablement une bague à chaton oblong, couvrant toute la première phalange, selon Larousse. A moins qu'il ne s'agisse d'une bergère à deux places, à dossier bas, sorte de demi-canapé.

"Je ne sais pas si elle voudra me reconnaître" : phrase énigmatique. Qui est ce "elle" à qui Henri prête cette intention ? Une chose rest certaine : cet homme a foi en l'avenir puisqu'il s'imagine déjà de retour chez lui.

Cette carte rejoint la série consacrée aux internés militaires français et belges qui occupent les hôtels laissés vacants à cause de la guerre.

Au sujet des internés de la grande guerre, voir aussi cette galerie.

Mais encore

Selon l'Encoche no 4 de décembre 2000, " Les premiers internés arrivent à Montana-Vermala le dimanche 6 février 1916, après avoir reçu un chaleureux accueil tout au long de la vallée du Rhône, où le train s'est arrêté pour permettre aux autorités et à la population de leur rendre hommage. Même enthousiasme populaire au terme de leur montée en funiculaire ! Les 200 Français de ce premier contingent résident au Terminus et au Palace."

"Durant la guerre Montana a hébergé 1878 internés, dans 11 établissements dont une clinique, ouverte le 1er avril 1918, avec 40 lits pour « grands malades »."

Voir aussi :

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