Morcellement et vente du château et du domaine de la Malvande
Morcellement et vente du château et du domaine de la Malvande
Brève historique du domaine et du château Malvand
Résidence « La Tour »
Le document le plus ancien relatif à ce domaine remonte au XVe siècle. À cette époque, les frères André et Gonsalve de Malvenda, membres d’une famille noble originaire de Valence et affiliée à la Monarchie catholique espagnole, possèdent ce vaste domaine. Celui-ci s’étend sur les vignobles du coteau de Chambésy, les terres et bois de la Foretaille. Le bâtiment principal, alors existant, est dominé par une imposante tour qui lui vaut son appellation : la résidence « La Tour ». En 1534, André, fils de Gonsalve, accède à la seigneurie du domaine. Le domaine et la résidence demeurent dans la même famille jusqu’en 1618, année où le domaine est divisé en trois parts à l’occasion de la succession des filles de Melchior. Andréa, épouse du sieur de Choudens, hérite de la résidence « La Tour Malvand » ; Françoise, mariée à Jean Fabri, reçoit une partie des terres du domaine ; et Élisabeth, unie à Jean Blondel, obtient par son mariage la maison de maître dite « La Coudira ».
Andréa de Choudens-Malvenda eut une fille, Aimée, qui épousa Jean-François de Malherbe. En dot, elle apporta toute la résidence « La Tour Malvand » à son époux. En 1652, Jean-François de Malherbe vendit la résidence à Samuel Malcontent (?-1755).
En 1713, Abraham Sauter rachète la résidence « La Tour » aux Malcontent ainsi que les terrains alentour. Il décide alors de construire, à côté de l'ancienne grande tour, une nouvelle maison « de 50 pieds de long sur 40 de large ». Il crée également une terrasse de la même largeur que la maison, un jardin potager au sud du domaine et améliore les étables ainsi que les granges.
Château Malvand
En 1724, Abraham Sauter choisit d'échanger l'intégralité de la propriété contre les terres de Jacob Huber (1693-1750), situées à Bourdigny. Par la suite, Jacob Huber entreprend également des travaux de transformation sur la résidence et ses jardins : il fait démolir l'ancienne tour et fait ériger deux ailes basses supplémentaires à la maison. C’est ainsi que le bâtiment prend le nom de « château Malvand ». Huber répare et agrandit les granges et les écuries, y ajoutant des remises. Il aménage également « deux salles de marronniers et une longue allée se terminant par un cabinet de charmes ». Enfin, en 1731, il acquiert le vaste domaine voisin, appelé Le Vengeron, qui s'étend sur l'intégralité de l'actuelle commune de Bellevue.
En 1742, Jacob Huber acquiert un cours d'eau appartenant aux seigneurs de Tournay, composé de quatre sources distinctes, situé dans le domaine du château. Il entreprend des travaux de correction de ce cours d'eau afin de pouvoir l'utiliser et l'employer également pour alimenter le hameau de Chambésy-Dessous.
En 1751, les descendants de Jacob Huber vendent les deux propriétés de la Malvande et du Vengeron à Isaac Vernet (1700-1773), l'un des plus riches bourgeois de la République. À sa mort en 1773, les deux propriétés sont léguées à sa petite-nièce Catherine Fabri-Vernet (?-1795). Cette dernière apporta diverses transformations et améliorations à la maison : elle modifia les deux ailes en y ajoutant un étage, lequel fut coiffé de toits à la Mansart, et fit construire les deux grandes dépendances actuelles. À la mort de Catherine Fabri-Vernet en 1795, la propriété passa à sa fille Renée Fabri (1767-1847), épouse de Nicolas Théodore de Saussure (1767-1845), qui y vécut et en demeura propriétaire jusqu'à sa mort en 1847. À son décès, sa fortune fut partagée entre ses neveux et nièces de la famille Saladin. C’est l’aîné, Charles Saladin, qui acheta le domaine de l’hoirie, le restaura, et le transmit à son fils Ernest Saladin (1827-1911). À la mort de ce dernier en 1911, le domaine fut légué à son petit-neveu et filleul, Ernest Rilliet.
La vente et le morcellement
En 1943, Ernest Rilliet cède l'intégralité du domaine à la Société Chambésy-les-Pins. Celle-ci conserve les lieux intacts jusqu'en 1955, année où elle lance un tout nouveau projet visant à transformer radicalement le paysage du hameau de Chambésy-Dessous. Ce projet prévoit de diviser le domaine en 55 parcelles distinctes, d'une superficie allant de 1 500 m² à 3 500 m², sur lesquelles des villas sur plan sont conçues. Entre 1957 et 1967, trente-deux villas y sont construites, et trois chemins publics sont aménagés : le Chemin du Vengeron, le Chemin du Champ-de-Blé et le Chemin William-Barbey.
Un country-club, situé directement au bord du Léman et exclusivement réservé aux habitants de ce quartier, est également envisagé.
Cependant, toutes les parcelles ne sont pas vendues, notamment celle située à l'est du château, accolée à la Route de Lausanne (ou Route de Suisse). Le quatrième chemin public prévu ne voit donc pas non plus le jour.
À priori, aucune des villas proposées dans les plans n'a été construite. En se promenant dans le quartier, on constate que les maisons présentes ne ressemblent en rien aux modèles affichés dans le catalogue.
Le country-club reste inexistant également, en partie à cause de la construction de la nouvelle autoroute A1 et de l'échangeur dit du « Vengeron », situé précisément à cet emplacement. Néanmoins, La plage n'a pas disparue ! Lors des travaux de l'autoroute, entre 1963 et 1964, les autorités, confrontées à un surplus de terres généré par le chantier, décident de les déverser dans le lac, donnant ainsi naissance à l'actuelle esplanade du Vengeron dont voici un article qui retrace cette histoire :
Le château est également mis en vente. Un catalogue détaillé, composé de plusieurs pages, présente le château, son domaine (réduit à 5 hectares), ses deux grandes dépendances, ainsi que les 3 hectares de parc qui l'entourent.
Voici un extrait du catalogue, offrant une description détaillée du château :
Somptueusement meublée en styles authentiques et dans un goût parfait, la Maison de Maître comprend au rez-de-chaussée une enfilade de pièces d'apparat et de réception, grand salon, salle à manger, petit salon. D'autres pièces [...] donnent également sur le vaste hall d'entrée. Une bibliothèque et bureau, une belle véranda, ainsi qu'une grande cuisine avec offices, complètent la distribution du riz-de-chaussée centré sur le hall. Un escalier de pierre avec une superbe rampe de fer forgé conduit au premier étage où se trouve six chambres de maîtres, deux salles de bains et une chambre de domestique. Dans les combles existent quatre chambres de domestiques ou autres, une salle de bains, un grand étendage et autres pièces. [...] Les caves sont voûtées et ont une sortie directe sur la cour ; elles se composent d'une cave à vin, d'un économat, de la chaufferie avec une grande soute.
Et voici un extrait mettant en lumière les dépendances et le domaine :
Deux corps de bâtiments d'une belle ordonnance constituent la ferme et ses dépendances. Dans l'une des bâtisses sont aménagés plusieurs appartements : l'un en rez-de-chaussée-de-chaussée comprend un grand living-room campagnard faisant office de cuisine, deux chambres et une salle de bains installée, deux autres appartements se trouvent au premier étage, l'un de 4 pièces, l'autre de 7 pièces. Faisant suite à ces appartements, il y a de nombreux et vastes locaux utilitaires (remises, buanderies, greniers, etc.) dont on pourrait par transformation obtenir de remarquables intérieurs. Il en est de même pour l'autre corps de bâtiment composé d'un vieux pressoir avec cellier, garages, ateliers et écuries. Par une rampe on accède à l'étage, où se trouve principalement une vaste feindre, mais aussi 4 chambres. Près du portail d'entrée il y a une loge de gardien-jardinier comprenant quatre pièces : deux de plain-pied et deux à l'étage. Des jardins d'agrément dont l'un avec une serre, un potager, entourent ces diverses constructions.
En décembre 1958, il est acheté par Diana Blanchfleure Hedberg (1920-1998), épouse de Torsten Kreuger (1884-1973), qui entreprend la rénovation et la transformation des dépendances dont la suppression de la rampe menant à l'étage de l'un des deux corps de ferme et la démolition de la loge du gardien à l'entrée sud du domaine.
La rampe supprimée en 1959.
La loge détruite en 1959.
Lien vers une photographie aérienne prise par Freddy Bertrand, montrant l'ancien domaine tel qu'il apparaissait en 1965 : bge-geneve.ch/iconographie/sys...
Source images : Archives des familles Cujean et Serex.
Source texte : Jérémy Toma, Château Malvand, sur Wikipédia, 2021 ; d'après Guillaume Fatio, Pregny, commune genevoise et coteau des altesses, 1947.
Expo sur les photos de classe
Au Musée de Carouge se tient actuellement une exposition sur la photo de classe. Nous sommes allés à la rencontre de Benoît Boretti, directeur du Musée de Carouge et de Marie-Françoise Guillermin, éminente contributrice de la plateforme, dont les souvenirs sont maintenant visibles au musée.