Nancy Vuille, écrivaine (1867-1906)

Nancy Vuille
BNR

Née à Neuchâtel en 1867 dans une famille aisée, Marie-Nancy Vuille grandit à Genève, où son père a fondé la brasserie St-Jean. Solitaire et réservée, elle a trouvé refuge dans la littérature après le divorce douloureux de ses parents. Son professeur de littérature à Genève, Édouard Rod (1857-1910), l’encourage dans la voie de l’écriture. Elle traduit d’abord des auteurs italiens, puis se lance dans l’écriture de nouvelles et de poèmes, qu’elle signe du pseudonyme d’André Gladès, le nom de jeune fille de sa mère. Le professeur-écrivain et l’étudiante partagent les mêmes affinités intellectuelles. Nancy Vuille est souvent invitée chez les époux Rod dans leur maison à Champel. Elle sera la marraine de leur second enfant. En 1893, Nancy Vuille suit son père à Paris. Il a repris la brasserie des Moulineaux et a besoin de sa fille pour tenir son ménage de divorcé. Grâce à l’appui de Rod, aussi établi à Paris, Nancy Vuille publie trois romans : Au gré des choses (1895), Résistance (1898) et Le stérile sacrifice (1901). Elle y aborde sa vision personnelle du mariage et la condition de vie des femmes seules. Ses héroïnes sont tantôt des vaincues, tantôt des battantes. Elle y évoque la tristesse de ces femmes, qui « passent leur vie à oublier la leur ». En 1904, sa mère, restée à Genève, tombe gravement malade. Nancy partage sa vie entre Paris et Genève jusqu’au décès de sa mère le 25 novembre 1905, jour de son propre anniversaire. Très ébranlée, Nancy tombe à son tour malade, Édouard Rod accourt à son chevet. Elle décède le 31 janvier 1906, à seulement 39 ans. En guise d’ultime témoignage, Édouard Rod publie le recueil de nouvelles Florence Monneroy et Le Hasard. Dans la préface, il lui rend hommage : "jamais écrivain, jamais femme ne fut d’une sincérité plus complète, plus absolue, plus rigoureuse", faisant taire, dans la foulée, les mauvaises langues : "ceux qui auraient pu s’offenser de nos sentiments l’avaient accepté, sachant que de notre côté, nous ne demanderions pas à la vie plus qu’elle ne pouvait nous accorder".

Photographie William Fitting, Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, fonds Nancy Vuille, cote NAVU-108-1.3.

Lire aussi l’article de Sylvie Savary dans la revue Passé Simple No 55 de mai 2020 : "À la recherche d’un amour impossible".

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
Pas de commentaire pour l'instant!