Le Nyon-St-Cergue inauguration samedi 22 juillet 1916

22 juillet 1916
Ed.J. Gazette de Lausanne
Yannik Plomb

Du côté suisse que disait-on dans la presse vaudoise lors de l'inauguration de cette belle ligne reliant la plaine à la montagne, la Suisse à la France

Une belle description dans la Gazette de Lausanne du 23 juillet 1916

« Samedi a eu lieu, par un temps que les plus difficiles n'eussent pu trouver plus propice, l'inauguration officielle du tronçon Nyon-St-Cergue de la ligne du chemin de fer électrique Nyon-Morez. L'exploitation régulière du dit tronçon a commencé il y a quelques jours déjà.

De la gare des C. F. F. de Nyon, ornée de quelques drapeaux pour marquer le joyeux événement, les invités, très nombreux, débarqués par les trains touchant Nyon aux environs de 10 heures, gagnent le grand dépôt de la nouvelle compagnie, que l'Union instrumentale de Nyon remplit de l'éclat de ses fanfares. De gentes demoiselles ceintes d'écharpes rouges et bleues, aux couleurs de la ville, servent une légère collation arrosée d'un La Côte de derrière les fagots, tandis que M. l'avocat Louis Bonnard, syndic de Nyon, souhaite aimablement la bienvenue à tous et forme des vœux pour la pleine réussite de la fête d'inauguration.

Mais l'heure est venue de monter dans les voitures spacieuses qui doivent nous hisser jusqu'à l''hôtel qu'on aperçoit tout là-haut, dominant le paysage.

En route! Allègrement le train spécial court sur les rails qui dessinent d'immenses festons au flanc des coteaux verdoyants, semés de coquets et riches villages, et à travers les larges baies se déroule un paysage d'une incomparable beauté, qui s'élargit et s'étale au fur et à mesure qu'on gagne de l'altitude. Car le train file sans arrêt, salué à son passage dans les gares fleuries, vrais bijoux architecturaux, par les pétards et les mortiers qui font autant de bruit que de fumée.

St-Cergue. Tout le monde descend! Nouvelle collation, puis le cortège se forme sous la direction énergique de M. Badel, municipal à Nyon, lequel fera tout à l'heure un major de table accompli, En -tête la fanfare, puis un groupe d'internés français dont les uniformes multicolores donnent une note pittoresque. Viennent ensuite le conseil d'administration de la compagnie, les représentants des autorités, Conseil d'État, Grand Conseil, Conseil national et Conseil des États, Tribunal fédéral Tribunal de district, autorités communales; etc., Deux superbes Pandores ferment la marche.

La colonne, forte de plus de deux cents invités, passe entre deux haies de «sapinots» décorés de guirlandes et de fleurs artificielles et sous des arcs de triomphe de verdure, pour gagner le Grand Hôtel de l'Observatoire où attend un succulent dîner qui est servi à la perfection par d'accortes jeunesses.

La Compagnie a bien fait les choses et le président du Conseil d'administration, qui est en même temps directeur de l'Hôtel n'a recueilli que des éloges.

Au champagne, commence la série des discours et des toasts, trop longue pour que nous puissions en donner même un bref résumé.

C'est d'abord M. Auberson, président du conseil d'administration du Nyon-Saint-Cergue, qui, dans un très bon discours, fait l'historique de la ligne et rend un juste hommage tant aux initiateurs qu'à ceux qui en ont assuré l'exécution, Il salue les représentants de la République voisine et souhaite le prochain aboutissement des travaux en territoire français.

On entend ensuite MM. Alph. Dubuis, président du Conseil d'État vaudois, qui boit au succès et à la prospérité do la ligne, Emile Monot, professeur au Lycée de Lons-le-Saunier, dont les paroles très aimables pour notre pays sont chaleureusement applaudies et suivies de l'exécution de la Marseillaise, de Vallière, ingénieur en chef de la ligne qui, tant en son nom personnel qu'au nom de l'entreprise générale Dyle et Bacalan, remercie le conseil d'administration, forme des vœux pour la prospérité de la Compagnie et boit au prochain achèvement de tous les travaux; Maurice Bouvet, conseiller général du Jura, directeur des Messageries du Jura, qui donne aux assistants rendez-vous à Morez dans deux ans et lève Son verre à la Suisse hospitalière et au canton de Vaud;
Aloys de Meuron, conseiller national, qui, au nom de ses collègues présents, apporte les remerciements, les félicitations et les bons vœux: de la députation vaudoise aux Chambres fédérales. La magnifique improvisation de M. De Meuron, est saluée de longs applaudissements. La musique joue l'hymne national.

On entend encore MM. Boveyron, conseiller d' Etat de Genève) et Paul Rochat, président du comité de l'Association de la presse suisse, puis les fillettes des écoles de Saint-Cergue, sous la direction de M. Reymond, instituteur, chantent un chœur patriotique avec tant de justesse, de mesure et de sentiment qu'à la demande générale elles doivent récidiver, avec le même succès, Ce fut le clou de cette manifestation charmante, réussie on ne peut mieux A tous les points de vue, et qui se termina par des réceptions cordiales dans six communes situées sur le tracé de la ligne, y compris celle du Muids qui, ainsi
que l'a spirituellement relevé un orateur, figurait comme telle sur le programme, mais non dans l'annuaire du canton de Vaud, pour la bonne raison que le Muids n'est pas une commune ... ce qui n'enlève d'ailleurs rien au bonheur de la coquette localité.

La ligne Nyon-Saint-Cergue facilitera l'accès d'une contrée charmante, que trop peu de Vaudois connaissaient jusqu'à présent à cause de la difficulté des communications. L'obstacle est levé et nous formons le vœu que de nombreux touristes aillent se rendre compte par eux-mêmes de la beauté du site, tout en respirant l'air pur de la montagne ».

Ed. J.

Source Gazette de Lausanne du 23 juillet 1916

letempsarchives.ch

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Yannik Plomb
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3 mars 2013
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