En 2007, Armand Desarzens, graveur lausannois et grand ami; hélas décédé en 2017, rend hommage à Victor Desarzens, violoniste, chef fondateur de l'OCL en 1942.
En 2007, Armand Desarzens, graveur lausannois et grand ami; hélas décédé en 2017, rend hommage à Victor Desarzens, violoniste, chef fondateur de l'OCL en 1942.
Gravure réalisée par Armand Desarzens spécialement pour l'événement des 100 ans de la naissance de Victor Desarzens.
Gravure parue dans le livre "Tout là-haut sur la terre, Victor Desarzens" décrit par Antonin Scherrer, biographe de Victor Desarzens aux Edition de l'Air, publié en 2008. page frontispice.
Chaque fois qu'une personne nous pose la question de savoir si nous sommes de la même famille, Armand et moi aimons répondre que nous sommes cousins germains; ce qui est tout à fait inexacte, mais que nous aimerions tant; si nous aimons dire que nous sommes cousins, il y a plusieurs raisons; en premier, parce qu'il y a une grande amitié entre nous et que nous partageons l'amour de l'humour, de l'amitié et des arts, Armand aime et connait très bien la musique classique, il est ami de nombreux musiciens dont Eric Tappy et pour finir parce qu'un jour nous avons décidés à nous "adopter" cousins germains.
Voir article hebdo ;http://www.hebdo.ch/desarzens_ou_la_poeacutesie_du_microcosme_28101_.h: "Tout le parcours d'Armand C. Desarzens converge vers cette quête d'un centre qui, bien sûr, est centre de soi, mais aussi, simultanément, lieu inaccessible, inexpugnable : lieu qui, à mesure qu'on s'en approche, semble se soustraire à notre saisie en se résorbant sur lui-même. L'expérience de cette quête révèle que ce centre vers lequel nous tendons n'est pas un point fixe, mais un respire qui, continûment et jusqu'à l'infini, se contracte, se dilate, et qui, en raison de cela même, nous demeurera à jamais inaccessible. Avec sa candeur obstinée de pèlerin russe, Armand C. Desarzens s'est engagé depuis longtemps sur ces chemins aux horizons inatteignables. Au moyen de ses étonnantes sculptures tout d'abord : fantastiques constructions aux équilibres précaires, dont les éléments ajourés, coulés dans le bronze et soudés ensemble constituent d'étranges architectures, dans lesquelles les diverses qualités des reflets du métal contrastent avec la pénombre d'intérieurs auxquels nos regards accèdent par des ouvertures sur lesquelles se referment, dans un claquement, quelques portillons mobiles ! Parallèlement, Armand C. Desarzens réalise d'extraordinaires dessins à l'encre noire, rehaussés parfois de couleur. Avec une patience de bénédictin, il trace un fin réseau d'entrelacs, de mailles, d'éléments torsadés ou de vrilles qui, peu à peu, envahissent toute la surface du dessin. Sur ce fond à la trame si dense vibrionnent quelques éléments plus sombres, tantôt lacis sinueux, tantôt ponctuations, tantôt lignes qui délimitent ou articulent des formes géométriques de sphères ou de cubes ajourés. Ces œuvres, dans lesquelles le regard se perd, échappent à la rigidité d'un trait cerne qui enferme et étouffe, en ceci que l'artiste parvient, au moyen des variations infimes de son écriture, à ménager des jeux de valeurs qui créent des lumières et articulent les plans de lecture.
Au fil des ans, son art n'a cessé de se complexifier. En superposant des éléments qu'il découpe au bistouri et rehausse de dessins, il fait de ses œuvres aux espaces labyrinthiques de véritables pièges à regard où se fourvoient nos imaginations, retenues captives. Depuis peu, il introduit dans les marges de ses dessins des éléments qui, s'échappant en toute liberté sur les blancs du pourtour de la composition, ménagent au regard une possibilité de sortie, une échappatoire. C'est peut-être dans un même esprit que l'artiste a placé, dans certains de ses dessins les plus récents une gravure. Magnifiée par les contrastes qui découlent de la mise en regard de la subtilité de la gravure et celui des découpures de dessins aux rehauts de couleurs plus sonores et plus vives, celle-ci devient le cœur palpitant d'une composition dont les ajours et les reliefs du pourtour soulignent la fragilité.
Mais évoquer l'œuvre de Desarzens, c'est immédiatement avoir à l'esprit son œuvre gravé. Encouragé par A.-E. Yersin ce maître du burin qui avait su pressentir très tôt ses aptitudes particulière pour la gravure, Armand se mit à graver. En explorant les diverses potentialités, les multiples possibilités que recèlent les techniques de l'eau-forte aussi bien que celles du burin, il allait peu à peu se doter d'un langage propre. Si, dans un premier temps, il favorisa l'eau-forte, fasciné par la mystérieuse alchimie et les surprises que ménage la morsure du cuivre par l'acide, il n'en privilégia pas moins par la suite le burin qui prend aujourd'hui dans son travail la place essentielle que l'on sait. De par sa nature, cette technique qui consiste à pousser devant soi l'outil qui s'apprête à attaquer la plaque de cuivre, place le buriniste en situation de devoir explorer la surface encore vierge du métal. Comme les empreintes de pas du voyageur se trouvent derrière lui tandis qu'il appréhende le parcours à venir, le burin, laissant derrière lui le tracé du sillon déjà parcouru, trouve toujours devant lui la surface encore vierge de la plaque de cuivre, espace qui invite à la découverte, fait de celui qui pousse son burin un explorateur. C'est cette spécificité, comme aussi la lenteur qu'exige ce travail précis, qui sollicite l'imaginaire. Car, simultanément aux étendues inexplorées et luisantes de la plaque qui s'offre à lui, ce sont les espaces intérieurs qui s'entrouvrent.
On l'aura compris, la nature particulière de cette technique ne pouvait que convenir à Desarzens. Il y a entre le caractère de l'artiste et ce moyen d'expression qui demande patience, méticulosité et maîtrise de soi, une parfaite osmose. Il en résultera une série de gravures d'une incroyable finesse, dans lesquelles l'artiste introduit parfois des textes de ses amis poètes, textes qui l'inspirent et l'habitent durant son travail. Depuis quelques années, son art s'est encore allégé. Nées de la complicité d'un long compagnonnage avec le taille-doucier Raymond Meyer, une série de réflexions et d'essais d'atelier ont conduit les deux comparses à délaisser de plus en plus les accents flatteurs de la couleur au profit d'encres aux tonalités plus subtiles, qui soulignent mieux encore la poésie de ces burins dont le langage ne cesse de s'enrichir et de gagner en plénitude.
Comme ce pèlerin russe auquel nous faisions allusion, Armand C. Desarzens découvre petit à petit que ce temps de la quête d'un but qu'il croyait pouvoir atteindre, que ce centre vers lequel il tendait si fort, c'est aussi bien en lui que hors de lui qu'il se trouve, et ses gravures en témoignent. Il se peut aussi que la grande respiration, qui les habite désormais, soit liée à cette liberté qu'il a conquise sur lui-même ; liberté qui lui a permis d'accéder à cet état de poésie auquel il est maintenant parvenu. "Texte écrit par Bernard Blatter Directeur honoraire du Musée Jenisch .
Texte extrait du site : Armand Desarzens voir :http://www.acdesarzens.ch/rehaut/
Mémoire(s) de Val de Bagnes
Le 14 mars 2025, la série de projections publiques «Mémoire(s) de Suisse romande», organisée par les archives de la RTS, déploiera son écran dans le Val de Bagnes en Valais. notreHistoire.ch s’associer à cet événement et vous invite à découvrir des reportages inédits, composés d’extraits d’archives et d’interviews actuelles, réalisés par les journalistes Noémie Guignard et Stéphane Gabioud.