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Conférence par Yvette Jaggi au MCBA sur Thomas Hirschhorn

Conférence par Yvette Jaggi au MCBA sur Thomas Hirschhorn

Yvette Jaggi nous parle de Thomas Hirschhon, de la Robert Walser-Sculpture en 2019 à Bienne et en profite aussi pour évoquer un moment de tension au niveau fédéral lorsque Christophe Blocher et ceux dans son sillage, décidèrent de "faire payer" à l'institution suisse de promotion culturelle Pro Helvetia (dont Yvette Jaggi était la Présidente à ce moment-là) avec entres autres, une coupe "punitive" dans le budget, coupe à attribuer suite à ce qui avait été considéré comme une sorte d'indélicatesse orientée de la part de Tomas Hirschhorn lors de l'exposition Swiss-Swiss Democracy au Centre Culturelle Suisse de Paris en 2004.

Les années suivantes, Thomas avait dit que tant que Christophe Blocher siègera officiellement au niveau politique, il ne présentera plus d'exposition dans sa patrie, la suisse, ce qu'il fit.

Puis vint La Robert Walser-Sculpture en 2019 à Bienne

Lien: Centre Culturel Suisse à Paris (CCS) Hôtel particulier/centre de Poussepin

Lien: Pro Helvetia

Lien: Article Le Temps 2004

Copie ci-dessous:

Article publié vendredi 10 décembre 2004 à 01:10

Levée de boucliers générale contre la punition infligée par le Conseil des Etats à Pro Helvetia

L'amputation par le Conseil des Etats d'une partie du budget de Pro Helvetia en représailles à l'exposition de Thomas Hirschhorn, qui secoue l'opinion et le Centre culturel suisse à Paris (LT des 6, 7, 8 et 9.12.2004), continue à mobiliser les milieux culturels les plus divers et les opinions de nos lecteurs. Nous rendons compte ici de quelques-unes de ces réactions, à travers quelques morceaux choisis, qui visent aussi, pour la majorité d'entre eux, à demander au Conseil national de s'opposer, mardi prochain, à la décision des sénateurs. Ces prises de position nous sont parvenues avant la demande de démission d'Yvette Jaggi faite par les instances dirigeantes du PDC, qui se disent prêtes à reconsidérer la coupe d'un million du budget de Pro Helvetia si sa directrice s'en va.

«Ce qui se passe aujourd'hui est une attaque à la racine. J'y vois avant tout la tentative d'un contrôle du politique sur un domaine qui lui échappe. Le tout de manière assez sévère. Au-delà de la personnalité de Thomas Hirschhorn et des questions de goût, c'est l'idée de liberté artistique qui se retrouve bafouée car en Suisse on se méfie des artistes. C'est aussi la question de notre système politique liée à une certaine incompétence dans la compréhension culturelle. Le soutien public à la culture reste nécessaire, quelle que soit la place des investissements privés. Une complémentarité doit exister. Ce qui me déplaît surtout dans ce débat, c'est quand le conseiller aux Etats, Peter Bieri, parle de prendre l'argent dévolu à la méchante culture pour le remettre au sport si sain et bénéfique.»

Martin Heller, ancien directeur artistique d'Expo.02 et entrepreneur culture

Disproportionné

«Cette mesure est disproportionnée, et nous sommes profondément choqués par une telle décision du pouvoir politique, qui pratique ici une censure inacceptable et une atteinte grave à la liberté d'expression. L'artiste produit inévitablement une réflexion sur notre société à travers son travail et nous constatons amèrement que le pouvoir politique se pose aujourd'hui en censeur, proposant une mesure antidémocratique, scandaleuse et déshonorante pour notre pays.»

Philippe Saire, chorégraphe, Lausanne

Remercions-le

«N'est-on pas en droit de s'interroger sur ce que représente la démocratie, quand la population de celle qui se targue d'être la plus vieille du monde vote en masse pour un parti, l'UDC, porté par un homme, Christoph Blocher, qui distille haine et peur, et fait le lit des pires bassesses depuis tant d'années? Quand ses censeurs, à la moindre critique, manient le bâton et cherchent à museler la liberté d'expression? Qu'on arrête de diaboliser Thomas Hirschhorn. Qu'on ne cherche pas en lui la cause du problème sur lequel il pointe le doigt. Ce n'est pas lui qui a commencé. Remercions-le d'ouvrir le débat sur une question qui doit tous nous occuper. Remercions-le de nous tendre le miroir qui nous permettra peut-être, une fois notre examen de conscience fait, de nous regarder en face sans rougir et de revendiquer avec fierté notre appartenance à l'espèce humaine.»

Olivier Suter, directeur de La Bâtie Festival de Genève

Silence assourdissant

«Cet événement fait suite à d'innombrables autres qui se multiplient depuis une année, et qui nous laissent penser qu'une certaine politique se met en place dans ce pays, dans le silence le plus «assourdissant» de la part des acteurs politiques et bien sûr avec la complaisance des médias. Nos politiques sont-ils à ce point si fragiles qu'ils ne supportent pas la critique, surtout venant d'un artiste dit «antipatriote»? Est-ce qu'une exposition peut-être si menaçante? Si oui, c'est que la politique suisse n'a pas l'esprit tranquille et l'on se demande bien pourquoi.»

Stéphanie Prizreni, Genève

Défense nationale

«La culture est la graine originelle du rustre, de la belle, de l'intellectuel, du paysan, du banquier, du scientifique, de la maman, du curieux, du simple d'esprit, du laïc comme du pasteur. Yvette Jaggi rappelle avec pertinence que Pro Helvetia constitue l'un des trois piliers de la défense nationale. Le débat s'est focalisé sur l'exposition de Hirschhorn à cause d'une dimension politique que ses pourfendeurs se sont ingénié à lui donner, afin de pouvoir attaquer l'œuvre elle-même en se réclamant de raisons finalement économiques. Est-il un seul de ces parlementaires qui soit assez ingrat vis-à-vis de la culture – à laquelle il doit jusqu'à son existence spirituelle – pour la priver de son carburant? Je préfère en douter.»

Arnaud Perrin, Singapour

Déshonorés

«Les représentants du peuple ont le devoir de recevoir les critiques qui leur sont adressées et d'en tirer des conclusions ou au moins des réflexions sur leur manière de nous représenter. Cette mesure mesquine et vexatoire les déshonore et nous avec eux.»

Serge Rochat, Parano Fondation (Cie Gilles Jobin)

Sanction collective

«Le geste des députés dépasse très largement la question du Centre Poussepin et l'exposition de Thomas Hirschhorn; ce vote est symbolique et tire le signal d'alarme. Il s'agit clairement d'une sanction collective dirigée contre les créateurs d'aujourd'hui et qui vise tout particulièrement les artistes portant un regard critique, poétique ou contestataire sur la marche du monde actuel. Une fois de plus, nous constatons qu'il existe un courant politique qui souhaite un alignement et une mise au pas de la culture et tout particulièrement des arts vivants.»

Dominique Catton, Union des théâtres romands

Le roi est nu

«Monsieur le Directeur, fort d'un budget considérable qu'il doit impérativement dépenser pour justifier sa fonction, décide d'exposer le Meilleur Artiste helvétique. Ce dernier est un copain de l'intelligentsia gauchiste, pour qui c'est bon ton de dénigrer la Suisse. Ladite intelligentsia se fend d'articles dithyrambiques qui font croire au public et au Politicien que c'est du grand art, et subsidiairement que Monsieur le Directeur fait du bon travail. Fier de sa culture, le Politicien alloue un nouveau budget considérable à Monsieur le Directeur. Personne ou presque n'ose dire que le roi est nu, de peur de passer pour un béotien ou un réactionnaire! Et puis, les Collègues encensent l'Artiste, espérant que celui-ci les louera à son tour et les recommandera à Monsieur le Directeur.»

Fernand Zuber, Veyras

Faiblesse politique

«Vouloir dicter ce qui est de «bon goût», protéger l'aura des politiciens montre la faiblesse du milieu politique suisse, leur incapacité à répondre à la critique avec panache, leur incapacité à voir dans ce «fou du roi» une critique salutaire pour l'avenir de la Suisse.»

David Pecoraro, Lausanne

Frustrés

«A quand une diminution de la subvention à la RSR pour censurer l'émission La Soupe? Quel sentiment de malaise dégage la politique suisse depuis une année, menée de plus en plus par des êtres négatifs, insatisfaits, malsains, mécontents et frustrés!»

Georges Grillon, agence Plateau libre, Neuchâtel.

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