Arthur HONEGGER, «Radio-Panoramique», OSR, Guillaume TOURNIAIRE, 2005

27 août 2005
Les Productions RSR / Cascavelle RSR 6187
René Gagnaux

En janvier 1935, Arthur Honegger compose une brève partition orchestrale, commandée par Radio-Genève pour son 10e anniversaire, «Radio Panoramique».

Cette satire malicieuse, une amusante pochade reprenant sur un mode plaisant la thématique abordée avec gravité dans «Cris du monde», décrit "[...] la pollution sonore, l'invasion de la solitude et de la vie intérieure par le bruit. Ici, c'est la satire de la Radio (pourtant commanditaire en l'occurrence), de ses auditeurs cherchant sans cesse un autre poste, ou perturbés tout simplement dans leur écoute par les caprices du fading. La pièce nous offre un authentique collage, qu'on réaliserait aujourd'hui par simple montage de bouts de bande, mais les moyens requis, vu sa brièveté, l'écartent pratiquement du répertoire normal. En une folle succession, voici tour à tour une rengaine populaire, un air de jazz, un grave choral protestant (il s'agit de la Radio de Genève, ne l'oublions pas) pour choeur et orgue, sur les mêmes paroles intentionnellement idiotes qui serviront aux autres passages chantés, une musique orientale de bazar, une langoureuse valse lente, un solo d'orgue classique, un quatuor à cordes qui ne l'est pas moins, un grand air de ténor d'opéra, une cadence de piano romantique, une chanson de cabaret où l'orgue à présent s'encanaille, et que sais-je encore... Cet hilarant salmigondis finit par d'époustouflants glissandos de violons... [...]" cité de l'ouvrage de Harry HALBREICH, «Arthur HONEGGER - un musicien dans la cité des hommes», Fayard 1992, pages 437-438.

L' oeuvre fut donnée en première audition le 4 mars 1935 par divers solistes et un orchestre nommé «Orchestre Radio Suisse romande», sous la direction d'Hermann Scherchen, salle du Conservatoire, à Genève:

Scan cité de cette page du site onstage

Pour quelques précisions sur cet «Orchestre Radio Suisse romande», qui n'est pas à confondre avec l'Orchestre de la Suisse Romande, voir cette page.

Le surlendemain de ce concert paraît un compte-rendu dans le Journal de Genève du 6 mars 1935 en page 5:

"[...] Un concert de musique contemporaine

Grâce aux ressources dont elle dispose, la Radio se trouve en mesure, aujourd'hui, d'offrir au public des concerts gratuits; à la soirée de musique soviétique de l'an dernier ont succédé, cet hiver, un concert de musique religieuse, puis, venant couronner cet effort, deux auditions d'un intérêt capital organisées en ce début de mars, à l'occasion du dixième anniversaire du studio genevois.

C'est là un enrichissement notable pour notre vie musicale et il faut louer M. Félix Pommier, directeur de Radio-Genève, auquel revient le mérite de ces intelligentes initiatives.

Schoenberg, Stravinsky, Honegger étaient au programme de la séance de musique contemporaine que dirigeait hier soir, au Conservatoire, Hermann Scherchen: trois musiciens représentatifs des tendances diverses, voire contradictoires, qui se font jour dans la musique actuelle.[...]

Et j'en viens à ce qui aurait du être l'événement sensationnel de cette soirée: la création d'une oeuvre nouvelle d'Arthur Honegger Radio Panoramique, écrite sur commande de Radio-Genève.

Cette commande, Honegger ne paraît pas l'avoir prise très au sérieux: invité à écrire cet ouvrage touchant à la Radio, il eut l'idée de traduire en un mouvement symphonique les impressions auditives d'un sans-filiste qui, au gré de la fantaisie, passe d'un poste à l'autre.

L'oeuvre qui en résulte n'est guère plus qu'une aimable plaisanterie: une entrée d'orgue succède à une valse viennoise, un choral se greffe sur un rythme de danse et de cet ensemble hétéroclite résulte un pastiche sans grande portée.

Certes, cette partition écrite pour petit orchestre, choeur, solistes et orgue, est le fait d'un maître-artisan: elle abonde en effets sonores ingénieux, en trouvailles d'orchestration, l'on a peine à comprendre cependant qu'un musicien tel que Arthur Honegger ait consenti à attacher son nom à un ouvrage dont l'intérêt musical est vraiment secondaire et dont les chances sont minces de survivre aux circonstances qui l'on fait naître.

Hermann Scherchen donna de toutes ces oeuvres des interprétations d'une clarté et d'une précision étonnantes. Mme Andréossi (soprano), MM. Bauer (ténor), Pasche (pianiste), Vuataz (organiste), étaient les solistes de Radio-Panoramique: ils s'acquittèrent fort bien de la têche qui leur était confiée. [...]" Cité du compte-rendu publié dans le Journal de Genève du 6 mars 1935 en page 5.

C' est de cette oeuvre d'Arthur HONEGGER que Jean-Pierre AMANN s'est inspiré pour le nom de sa série «Radio panoramique» dans son émission «Poussière d'étoile», dont provient l'enregistrement proposé en écoute sur cette page, ainsi qu'il l'explique au début de sa présentation. L'enregistrement fut publié sur ce CD:

D' après la brochure accompagnant ce CD «Les Productions RSR / Cascavelle RSR 6187», c'était la première parution sur disque de cette courte oeuvre.

Le CD n'est hélas plus disponible en catalogue, suite à la disparition du label Cascavelle, en occasion il est quasiment introuvable. C'est très regrettable, car ces oeuvres sont indisponibles autre part. Une réédition serait bienvenue!!

Heureusement rediffusé récemment sur Espace 2, dans le volet «7 janvier 1928» ouvrant la série «Poussière d'étoile - Radio-panoramique» de Jean-Pierre AMANN, c'est grâce à la générosité de la...... que nous pouvons écouter en ligne l'enregistrement de cette «Radio-panoramique» d'Arthur Honegger: cliquer sur le logo ci-dessus pour ouvrir une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR, avec l'audio démarrant au début de la présentation de Jean-Pierre Amann.

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Le sommaire de ce premier volet «7 janvier 1928» de la série «Poussière d'étoile - Radio-panoramique» de Jean-Pierre AMANN:

(01:01) Alfredo CATALANI, «Danze delle ondine» de la Loreley, Orchestre symphonique de la NBC, Arturo Toscanini, 1952, RCA Victor

(07:58) Arthur HONEGGER, «Radio-Panoramique», mouvement symphonique pour soli, choeur et orchestre, Brigitte Balleys, mezzosoprano, Christophe Einhorn, ténor, Choeur Pro Arte de Lausanne, Chef de choeur: Pascal Mayer, Orchestre de la Suisse Romande, Guillaume Tourniaire, 27-30 août 2005, Victoria Hall, Genève, Les Productions RSR / Cascavelle RSR 6187

(17:12) Ludwig van BEETHOVEN, 3e mouvement (Rondo. Allegro) du Concerto pour piano et orchestre No 3 en do mineur, Edwin Fischer, piano, Orchestre Philharmonia, Edwin Fischer, EMI Classics

(27:12) Gabriel FAURÉ, Quatuor à cordes en mi mineur, Op. 121, Quatuor Ysaÿe (Guillaume Sutre, 1er violon, Luc-Marie Aguera, 2e violon, Miguel da Silva, alto, François Salque, violoncelle), 15-16 juin 2004, Abbaye de l'Épau, Dortoir des moines (Le Mans)

1. Allegro moderato, 2. Andante, 3. Allegro

(51:25) Adolphe ADAM, Ouverture de «La poupée de Nuremberg», opéra en 1 acte, Münchner Rundfunkorchester, Kurt Redel, Disques Pierre Verany oeuvre

(57:29) Benjamin GODARD, Sérénade florentine des «12 Scènes italiennes pour orchestre», Orchestre de la Radio Télévision tchécoslovaque Bratislava, Ondrej Lénard, Naxos

(62:08) Othmar SCHOECK, 3e Lied «Dilemma: Nicht zu schnell (Das glaube mir, so sagte er...)» des «3 Lieder pour baryton et piano», texte de Wilhelm Busch, Dietrich Henschel, Wolfram Rieger, Jecklin

CLIQUER sur l'un des liens ci-dessus ouvre une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR avec l'audio démarrant au début de la présentation de l'oeuvre par Jean-Pierre AMANN.

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