La chapelle de la Garde

La chapelle de la Garde

1945
Famille Egger
Famille Egger

Nous ne savons pas exactement quand cette photo a été prise. Nous l'avons trouvée dans un de nos nombreux albums de famille. Il devait s'agir d'une sortie de nos tantes Hélène et Lolotte avec leurs amies lors d'une balade aux abords d'Evolène.

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  • Michel Savioz

    Passé le tunnel de la Garde à l’entrée d’Evolène, un chemin de croix s’élance en direction de la chapelle éponyme. Quinze – et non pas quatorze stations comme le veut la tradition – creusées par main d’homme dans le granit, jalonnent le parcours.

    «L’alcôve supplémentaire est dédiée à la fée gardienne du val d’Hérens et de la Dent Blanche», indique le sourcier. «La réplique de cette statuette malheureusement dérobée, existe néanmoins en grand format dans la chapelle de la Garde, en bout de course. Une reine païenne, radieuse et richement parée.» Pour les croyants effectuant de réguliers pèlerinages sur ces lieux, la lecture diffère quelque peu. «La Vierge porte le tsapèlètt, symbole d’amour et de pureté», explique pour sa part la dialectologue Gisèle Pannatier.

    «C’est la coiffure qui pare la mariée dans la tradition évolénarde. La statue de Marie a été habillée d’une robe blanche en tissu broché et parée du tsapèlètt par Marie Maistre dans le premier quart du XXe siècle.»

    Chemin de croix énigmatique

    Ah, que de mystère! Déjà palpable sur le chemin de croix, foulé par des gens pieux en quête de recueillement et par d’autres visiteurs, évoluant dans un esprit plus animiste d’introspection personnelle.

    Au bout de quelques pas déjà, la vision et le trafic de la route cantonale s’estompent au profit d’un environnement enchanteur: déroulé de tapis de fleurs, nuées de papillons, association de mélèzes, genévriers et noisetiers dits coudrier ou bois des sourciers. «Etrangement, les iconographies sont incrustées dans des rochers dont l’aspect suggère une atmosphère en lien avec le récit biblique», nous fait remarquer Damien Evéquoz. «Le rocher de la mise au tombeau ressemble à une immense porte; celui de la mort du Christ évoque un monde de ténèbres.»

    Devant la chapelle, le sourcier sort ses baguettes de cuivre et identifie le croisement de trois veines d’eau dans les profondeurs des fissures de la roche en un point précis: le centre de la chapelle. Derrière l’édifice sacré, trois cupules parmi d’autres s’ordonnent en direction des Dents du Veisivi.

    Le portail de la chapelle s’inscrit également dans le prolongement en ligne droite des «pierres aux fées» ou dites «aux immolés» du mayen de Cotter, comme il le fait remarquer. «La forme hexagonale de la chapelle de la Garde laisse supposer la disposition antérieure de six blocs de granit formant un «cronlech» ou la présence d’un dolmen, caractéristiques des civilisations mégalithiques.»

    Un lieu de passage

    Quant au nom de la chapelle de la Garde, comprenez-le en référence historique à un lieu de guet «pour éviter que les armées de l’évêque ne viennent au pays», tel que relaté par Marie Métrailler (cf. «La poudre du sourire»).

    «La face antérieure de l’autel comporte une représentation de saint Gothard, soulignant que le voyageur traverse un défilé dangereux», ajoute Gisèle Pannatier. La chapelle de la Garde (1695), avec son porche caractéristique à colonnades, est classée aux monuments historiques. Le Nouvelliste, Joëlle Anzévui, 29 août 2020

15 octobre 2019
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