S. Corinna Bille, vivre et écrire (1912-1979) Repérage

17 novembre 2022
Les archives de la RTS

Stéphanie Corinna Bille naît en 1912 à Lausanne. Fille du peintre neuchâtelois Edmond Bille et de Catherine Tapparel, Valaisanne de souche, Stéphanie Bille passe la majeure partie de son enfance à Sierre en Valais, région qui va fortement influencer son œuvre. Lorsqu'elle commencera à écrire, la jeune fille prendra d’ailleurs le prénom de Corinna en hommage au village natal de sa mère, Corin dont voici quelques illustrations publiées sur notreHistoire.

La famille Bille s'installe dès 1919 dans une magnifique demeure baptisée Le Paradou qui servit d'abord d'atelier au peintre verrier et dont notreHistoire nous offre témoignage:

Voici Corinna avec ses frères :

L'écriture, une nécessité

Corinna Bille est issue d’un milieu familial qui la pousse à la poésie et la vocation de l’écriture s’empare d’elle très tôt. « J’ai commencé à quinze ans à vouloir écrire et depuis je n’ai pas cessé », dira-t-elle.

Peintre et verrier, Edmond Bille lui fait découvrir la beauté de la nature comme l'écrivaine l'explique dans cette émission de 1963 où elle évoque son père disparu:

Partie à vingt ans à Paris sur « un coup de tête », Corinna Bille mariée avec un acteur rencontré sur le tournage du film Rapt d’après Ramuz où elle officie comme script, passe 3 ans dans la Ville Lumière et y découvre la nostalgie du Valais. Le couple se sépare et Corinna Bille rentre en Valais où elle entame sa carrière d'écrivain.

Elle publie son premier recueil de poèmes intitulé Printemps en 1939 et son premier chef-d'œuvre romanesque Théoda en 1944, qui sera suivi du Sabot de Vénus en 1952 et de plusieurs recueils de nouvelles. Ses productions littéraires sont récompensées de nombreux prix.

A propos de l'écriture Corinna Bille avoue : « L’écriture c’est pour moi une démarche naturelle, tout à fait spontanée, comme la respiration » et encore « Je ne pourrais pas ne pas écrire, je serais morte ».

L'écrivain Maurice Chappaz - qu'elle a épousé en 1947 et dont elle a eu trois enfants - parle ainsi de cette impérieux besoin qui l'anime:

Ce que je voudrais dire c’est la violence de l’écriture chez Corinna, qui la fait écrire toute une nuit subitement après une journée de travail, en s’arrêtant à l’aube.. ou à l’inverse le rêve qui s’enchaîne le matin avec des pages d’écriture…

C'est en 1974 que La demoiselle sauvage vaudra à l'écrivaine une reconnaissance à l'étranger. Poursuivant une œuvre prolifique, Corinna Bille publie en 1979 Deux passions, avant d'être frappée par la maladie, découverte au retour d'un voyage en Transsibérien. Elle s'éteint le 24 octobre 1979.

Partagée sur notreHistoire.ch, une anecdote livrée par Pierre-Marie Epiney révèle la personnalité généreuse de la poétesse:

Les fascinations de Corinna Bille

Le Valais

« Le Valais est une terre de contrastes, sa violence, sa douceur ont déjà inspiré bien des peintres et maintenant des poètes.»

Un entretien avec Boris Acquadro en 1961

Les archives de la RTS
21 décembre 1961

La mort

« J'ai toujours été fascinée par le mystère de la mort, je pense que c'est une délivrance, une paix et une nouvelle naissance».

Les rêves

« La vie onirique joue un grand rôle et parfois m’inspire pour des nouvelles ou des poèmes».

L'amour

« L'amour n'est presque jamais heureux, surtout lorsqu'il est passionné».

Le récit du couple d'écrivains Corinna Bille et Maurice Chappaz sur leur rencontre et leur vie conjugale en marge de la société, filmé par Henry Brandt:

Une femme indépendante

Mère et épouse, Corinna Bille doit concéder une large partie de son temps à des tâches qui l'éloignent de l'écriture. Elle recherche un lieu à elle où travailler et concilie tant bien que mal son quotidien avec sa vie d'écrivaine: elle se consacrera ainsi davantage à la nouvelle « qui demande moins de temps que le roman». Traçant un chemin très personnel dans sa vie et son œuvre, Corinna Bille affirme sa tranquille assurance et son indépendance, offrant un modèle féminin d'avant-garde dans ces années 70 où la femme se cherche une autonomie.

Sources :

De Courten, Maryke : « Bille, S. Corinna», in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 13.03.2017. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/016192/2017-03-13/, consulté le 27.10.2022.

Pidoux, Bernadette, Prélaz, Catherine, Probst, Jean-Robert : «Les Suisses qui ont marqué le 20e siècle», Suisse Magazine, 2002, cahier 155-156. Online : https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=sui-004%3A2002%3A0%3A%3A284

Koutchoumoff, Lisbeth : « Corinna Bille et Maurice Chappaz, amoureux et écrivain», Le Temps, 22 avril 2016. Online: https://www.letemps.ch/culture/corinna-bille-limperieuse-necessite-decrire

Tarantini, Andrea : « Corinna Bille : une réflexion indépendante au travers de l’écriture», Focus., 30 septembre 2022. Online : https://focus.swiss/lifestyle/femmes/corinna-bille-une-reflexion-independante-au-travers-de-lecriture/

A consulter également : la galerie consacrée à Corinna Bille

notrehistoire.ch/galleries/cor...

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  • Pierre-Marie Epiney

    Merci de cette publication très fouillée. Corinna mérite bien notre intérêt.

    A l'adresse des visiteurs valaisans : Profitez de l'action proposée par le service de la Culture de l'Etat du Valais (valable jusqu'à Noël) : pour tout livre acheté, le livre d'un auteur valaisan est offert dans certaines librairies comme "la liseuse" à Sion tenue par la fille de l'écrivain Maurice Zermatten. Une occasion de faire le plein d'œuvres de Corinna ou de son mari Maurice !

    A propos des deux Maurice (Zermatten et Chappaz), voir : notrehistoire.ch/entries/gNBpN...