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Lausanne, l'histoire au format XL Repérage

25 août 2014
Lausanne
Martine Desarzens,© MHL.
Martine Desarzens

Depuis 150 ans, la photographie est le témoin privilégié des mutations de la ville et des changements de modes de vie de ses habitants. Quel meilleur médium que la photographie pour témoigner de ce qu'était la ville avant les métamorphoses modernes ? C'est ce que montrait l'exposition LausanneXL.

Le Musée historique a proposé une exposition rare et exceptionnelle sur le thème Lausanne XL.

Cette exposition présentait au visiteur une sélection des plus belles images de la collection du Musée Historique de Lausanne tirées en grand format. En visitant cette exposition on plongeait dans l'histoire de la ville. Depuis la construction de la Tour Bel-Air en 1931, au chantier de l'autoroute, la Tour du Château d'Ouchy, ect…

Je vous propose de partager quelques uns de ces documents de Lausanne d'il y a bien longtemps……

Texte des légendes et photos tirés des documents du Musée Historique de Lausanne que je remercie de m'avoir autorisé à ce partage pour NH.

Construction de la tour Bel-Air

EXPO LAUSANNE 1

1931, d'après ektachrome anonyme. © MHL.

Inspirée des gratte-ciel américains, la tour Bel-Air a suscité la polémique aussi bien dans l'administration communale, alors très partagé, qu'au sein d'associations artistiques et patrimoniales opposées à sa construction. C'est seulement après trois pétitions et deux mises à l'enquête que le projet a pu voir le jour, la tour a été inaugurée le 23 août 1932. Le débat sur ce genre d'édifications monumentales reste d'0actualité, pour preuve l'autel controverse sur la tour Taoua. Au premier plan, on voit la rue Haldimand, à cette époque ouverte à la circulation, aussi bien des voitures que des trams. Avec le temps, le trafic est devenu très dense et cette rue permettait le passage de deux files de voitures. En 1992, la municipalité décide de la fermeture définitive de la rue à la circulation et sa transformation en zone piétonne.

La grande échelle

EXPO LAUSANNE 3

Vers 1940, d'après une photographie argentique d'Hippolyte Chappuis (1881-1957), © MHL.

Au milieu du Pont Chauderon (1905), à gauche le bâtiment des Services industriels (1925) et au fond la tour Bel-Air (1932) : le photographe a très habilement joué avec les lignes de ces édifices, emblématiques de la modernité lausannoise. Quand à l'homme qui s'accroche au sommet de la vertigineuse échelle des pompiers, il donne à l'image une touche très poétique.Garée sous le pont, une automobile founit, elle, une indication chronologique supplémentaire, puisqu'il s'agit d'un modèle Peugeot 302, produit entre 1936 et 1938.

Accident de tramway à la rue du Valentin.

EXPO LAUSANNE 828 octobre 1913 d'après une carte postale attribuée à Eugène Würgler (1880-1945), © MHL.

Dans la nuit du 27 au 28 octobre, aux alentours de minuit, la voiture 67 de la ligne 1 (Ouchy-Pontaise) du réseau des tramways lausannois dérape sur le rail rendu glissant par la boue et dévale la pente du Valentin. Déraillant au bas de celle-ci, elle s'encastre dans la cour d'une maison située à l'emplacement de l'actuel no 25 de la rue du Valentin, après avoir enfoncé le portail. Des six personnes présentent dans la voiture, le conducteur et le contrôleur s'en sortent avec de simples contusions, deux voyageurs sont blessés et transportés à l'hôpital cantonal et deux autres sont tués. L'un deux, un agent de la police municipal fraîchement nommé, se trouvait sur la plateforme avant, à gauche du conducteur, lors du choc. Le deuxième était un cuisinier italien qui se trouvait dans la voiture.

La tour du beffroi de la cathédrale

EXPO LAUSANNE 2

*1892-1894, d'après une photographie argentique de Fréderic-Edouard Bühlmann (1850-1914),*© MHL.

Perchés tels des acrobates, une demi-douzaine d'hommes chargés de l'entretien de la flèche et des paratonnerres prennent la pose, à plus de 60 mètres de haut.

Le photographe-à l'attention duquel une femme agite son mouchoir- a installé son matériel sur la tour lanterne. On notera la façon dont l'échafaudage est fixé à la toiture, où quelques tuiles ont été enlevées pour l'occasion…et l'absence totale de mesures de sécurité. Détruite par la foudre en 1674, la flèche et son couronnement ont été reconstruits en 1698-1699.

Place Saint-Francois

10 Place St. Francois

1896-1898, d'après une photographie argentique, anonyme, © MHL.

Au premier abord, la vue nous paraît familière….Et pourtant, tous les bâtiments de la place, à l'exception de l'église et du no7 tout à droite, ont disparu entre 1903 et 1933.

En 1896, la place est avec la gare et Ouchy, l'un des centres névralgiques des transports, alors essentiellement hippomobiles. De là partait et arrivaint les lourdes dilligences pour berne, Paris ou Genève tirées par 12 chevaux. L'ouverture de la garde de chemin de fer en 1856 diminue le trafic de dilligences et de marchandises à Saint-Francois. Des véhicules plus légers attendent de transporter les clients en ville et dans les environs. Les hôtels Gibbon (1839), Bellevue (1858), du Grand-Pont (1844) et des Messageries (1858) disposent de leurs propres véhicules, mais amènent aussi, une clientèle importante aux voituriers. En 1896, la première ligne de tram partant du côté sud de l'église est inaugurée.

Tout à droite, on aperçoit le Bazar Vaudois qui a déménagé en 1856 du Chemin-Neuf à Sait-François. La charrette à bras ou hotte servent au transport des marchandises.

La Place de la Palud

EXPO LAUSANNE 5

Entre 1916 et 1928, d'après une photographie argentique d'André Kern(1874-1930), © MHL

La place historique de Lausanne fut créée à l'intersection des trois rues importantes de la ville médiévale : de la Mercerie, du Pont et de la Palud. C'est le lieu du pouvoir avec l'hôtel de ville, de l'économie grâce aux marchés qui s'y tiennent depuis le 13e siècle, et de la sociabilité la fontaine pourvoyant aux besoins en eau de tout le quartier. En 1753, la Ville avait demandé aux propriétaires de reculer leurs façades pour agrandir la place. L'un d'entre aux refusa, ce qui explique la mauvais alignement des demeures du nord.

Ruelle du Flon

EXPO LAUSANNE 10

Vers 1930, d'après une photographie argentique d'Emile Gos (1888-1969), © MHL

Cette image, tirée d'un album de la police lausannoise est légendée ainsi : »Ruelle du flon, Bourgeois…dormez tranquilles, la police veille !!.. » Le commentaire est amusant si l'on sait qu'on se trouve au Rôtillon, »lieu mal famé » à l'époque, 0ù se retrouvent prostituées et petits truands. Bien entendu, aucun bourgeois n'habite, ni n'est supposé fréquenter le lieu.

Voici le savoureux témoignage du commissaire Augsburger dit Traclkette (actif jusqu'en 1923) : « Les rues étaient si étroites que l'on disait d'une personne affligée d'un décollement anormal de ses oreilles : »Oh ! encore un qui fermerait les volets en passant à la rue du pré ! »(…)Dans ce caravansérail aux toitures imbriquées, aux logements délabrés (…)toute une population saisonnière, nomade vivait en communauté. C'est là que se réfugiaient l'individu louche à l'affût du mauvais coup à faire, l'aventurier, l'amateur d'émotions fortes.(…) La tâche était rude d'y maintenir l'ordre, la nuit surtout. Nous devions effectuer de nombreuses rondes. » Les mystères de Lausanne, 1900

Le port d'Ouchy

EXPO LAUSANNE 6

Vers 1870/D'après une photographie argentique d'Auguste Garcin (1816-1879), © MHL

En 1870, le visage du port d'Ouchy a déjà bien changé. Dix ans plus tôt, il s'agissait encore d'un port marchand animé avec son bâtiment des douanes, ses hangars, des marchandises et matériaux de chantiers posés un peu partout. Les gens se plaignet du désordre et de la saleté. Dès 1853, la Société immobilière d'Ouchy, fondée par des privés, entreprend de grands travaux pour transformer Ouchy en lieu de villiégature à vocation touristique. De 1857 à 1859, le port est déplacé à l'ouset et les halls des douanes sont détruites. Des promenades sont aménagées et le débarcadère permet d'accoster juste en face de l'hôtel Beau-Rivage, inauguré en 1861. Il accueille pour quelques jours ou plusieurs mois une clientèle fortunée venue se reposer de l'agitation des grandes villes ou se faire soigner par des médecins lausannois réputés. A gauche, le logis d'Ouchy, construit en 1775, devient l'hôtel de l'Ancre, puis d'Angleterre dès 1873. Les coteaux entre Ouchy et Lausanne sont couverts de champs et de vignes.

Le gonflement du ballon Mars devant l'usine à gaz de Malley

EXPO LAUSANNE 7

11 septembre 1910/''après un négatif sur plaque de verre d'Eugène Würgler (1880-1945), © MHL.

« La section romande de l'Aéro-Club suisse avait organisé pour le dimanche 11 septembre une poursuite du ballon Mars par des automobilistes. Il soufflait un vent N.-N.E. de 28 km/h qui rendit fort difficile le gonflement. Tout à coup, un coup de vent plus violent que les autres l'arrache aux aérostiers qui le tiennent. Un jeune collégien qui s'y cramponne est enlevé à une hauteur de six à sept mètres, suspendu par les mains au filet. Il ne perd pas la tête. Il descend en s'accrochant de maille en maille, et rejoint ainsi la terre ; l'émotion dans le public a été vive. Elle redoubla quelques instants plus tard, au moment du départ, sous une nouvelle rafale, le Mars s'arrache à ceux qui le retienne encore, et part rasant le sol, traînant et roulant après lui la nacelle avec ses quatre passagers. Le ballon bondit dans le vide, brise des arbres, des fils téléphoniques, et va s'affaler au « Champ du Chêne », dans un verger de la campagne du Bois de Vaud. » La Patrie Suisse, 1910.

Travaux de captation du Flon

EXPO LAUSANNE 9

19 novembre 1928/ D'après une photographique argentique d'André Kern (1874-1930),© MHL.

En 1928 la ville entreprend la mise en place de deux conduites forcées, posées par des scaphandriers sur le fond du lac pour déverser au large les eaux polluées du Flon. Ces travaux, achevés en 1929, permettent l'assainissement des rives de Vidy, qui se transformeront en lieu de loisir et détente et accueilleront, dès 1937, les bains de Bellerive. Entre 1928 et 1929, à environ 300 mètres en amont du Pont de la Maladière, est établie une prise d'eau sur le cours du Flon, destinée à détourner une partie du torrent qui recueille les égouts de la ville directement dans le lac. Un déversoir de trop-plein en cas de crue devrait régler le débit des eaux. Nous voyons ici le chantier de construction de la conduite, suspendue aux échafaudages avant son immersion. Un ouvrier se tient à côté de chacun des systèmes de poulies qui retiennent le tuyau aux montants du ponton temporaire.

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  • Roger Monnard

    Bravo, Madame Desarzens pour ce magnifique article, ou vous parlé, entre autre, de Traclette ou Traqulette (surnom qui a mon avis pourrait éventuellement signifié, traqueur , donc celui qui traque, mais qui ,vue du coté du traqué, à de l’empathie), ce qui ressort quand on lit son livre sur sa carrière d'inspecteur de la sureté, ou une de ses anecdote, est son amenée de l'assasin de Lutry, ligoté, sur une charrette tirée à bras par lui et le gendarme de Lutry, jusqu'au poste de police d'ouchy. Il finit d'ailleurs son livre en disant que pour trouver ses assassins, il buvait toutes les nuits, ses 3 litres de rouges dans les tripots du Grand St. Jean. Donc que dans sa carrière, il avait bu "Une sacrée récolte".....Imaginé ça à l'heure actuelle !!! Impossible !!!

    • Martine Desarzens

      Cher Monsieur, un grand merci à vous pour votre commentaire qui me fait très plaisir...je n'ai pas lu ce livre....s'il existe encore je devrais le lire....tous les commentaires sont savoureux; celui de l'assassin de Lutry ligoté, ou celui "des rues étaient si étroites que l'on disait d'une personne affligée d'un décollement anormal de ses oreilles"......Merci, excellente journée cher Monsieur. Recevez mes amicales salutations. Martine Desarzens