La douceur de cet hiver a engagé une personne de Neuchâtel à faire quelques recherches dans la chronique des hivers remarquables par leur douceur. Voici le résultat de ces notes, que nous consignons ici :

L'année 1007 fut si précoce qu'on moissonna au mois de mai, et les vendanges se firent au mois d'août.

En 1098, par suite d'un hiver chaud et pluvieux, il régna une grande mortalité dans le pays.

En 1236, il tonna le 25 janvier et fit si doux qu'on ne vit point de glace cette année-là.

En 1329, le mois d'octobre, novembre et décembre furent si chauds que les arbres refleurirent et que les rosiers portaient des fleurs A mesure que les feuilles tombaient des arbres, de nouvelles feuilles prenaient leur place; tout fut si abondant cette année-là que les denrées étaient très bon marché. A Neuchâtel, on se baignait au lac la veille de Noël.

En 1506, il ne tomba de la neige que le 5 décembre et elle fondit le lendemain; on n'eût pas de glace cette année, ni de gelée. L'abondance des fruits fut grande, mais les chenilles firent beaucoup de ravages, et une épidémie sur les porcs en fit périr un grand nombre.

En 1609, on vendait des fraises sur le marché de Neuchâtel à la Chandeleur.

L'année 1617 fut remarquable par son hiver doux; en mars, les arbres étaient fleuris. Une quantité énorme de souris de toutes couleurs firent cette année-là du mal aux moissons.

En 1650, le commencement de l'année fut doux: les arbres bourgeonnèrent en janvier, mais à la St-Jean il fallut chauffer les fourneaux. La moisson et la vendange furent abondantes; le vin valait à Neuchâtel 120 livres le muids.

Cette année, nous avons ici à Fleurier (et probablement ailleurs) des lilas avec de nouvelles feuilles, et, dans un jardin, une jeune épine-rose a poussé des feuilles nouvelles et en est couverte comme au printemps. Ce n'est que pour mémoire que je vous parle des violettes et des pensées qui s'épanouissent au soleil, quand le brouillard nous quitte.

© La Suisse illustrée - Journal pour la famille

Editeur : S. Blanc. Bâle - Imprimerie Chr. Krüsi.

Dixième année, 1881