Le sauvetage des hirondelles

Le Petit Journal & Archives AGSB 2817
Sylvie Bazzanella

Surpris par une tempête de neige dans la traversée des Alpes, un vol considérable d'hirondelles est recueilli au monastère du Saint-Bernard.
Les chanoines du Grand-Saint-Bernard ne s'occupent pas seulement de retrouver, grâce à leurs chiens célèbres, comme nous le montrions dans notre dernier numéro, et de secourir, et d'héberger les voyageurs égarés dans les neiges, il leur arrive aussi de donner l'hospitalité à des oiseaux.
Il y a quelques jours, tandis que la bourrasque faisait rage, ils aperçurent, venant du nord, une nuée d'hirondelles qui se dirigeait vers l'hospice pour trouver un abri. Aussitôt portes et fenêtres furent ouvertes. Déjà la neige tombait à gros flocons. En un instant toutes les salles furent remplies par les petits oiseaux, exténués de faim et de fatigue, grelottant de froid. Il y en avait dans la chapelle et dans le réfectoire, il y en avait jusque dans les cellules des chanoines qui allumèrent de grands feux pour permettre aux pauvres animaux de se réchauffer.
Le lendemain, après une nuit de repos, le temps s'étant remis au beau, le cortège des hirondelles reprit son vol vers midi. Mais il paraît que le secours n'avait pas été assez prompt, car les religieux retrouvèrent aux environs du couvent des centaines de cadavres de ces oiseaux migrateurs qui, la veille, n'avaient pu s'abriter assez tôt.

© Le petit journal ; n°1196 dimanche 19 octobre 1913

Au mois de mai 1915, arriva à l'Hospice du Grand-Saint-Bernard, des courriers de félicitations et diplômes par différentes sociétés protectrices des animaux de Turin, de Florence et de Bruxelles, au sujet des hirondelles de passage lors de leurs migrations.

A une hirondelle de passage au St-Bernard.

Pauvre hirondelle, à la robe d'ébène, que viens-tu faire en ces mornes séjours ? Tu périrais; prends ton vol pour la plaine : Tu trouveras l'aurore des beaux jours.

D'alleluias de mai la terre est pleine, et la colline a repris ses atours. Aux rosiers verts va dérober la laine et rebâtir le nid de tes amours.

Ici le vent sans cesse nous assiège, au lieu de fleurs tourbillonne la neige : le Saint-Bernard est froid comme un tombeau.

Mon coeur, ainsi regrettes-tu la terre ? comme un printemps tout son éclat s'altère. Le ciel t'attend; n'est-il donc pas plus beau ?

Poésie extraite de : Au Grand Saint Bernard - Drame et Poésies, Jules Gross - St-Bernard, 1891

Voir aussi : Migration des oiseaux

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Sylvie Bazzanella
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3 juin 2010
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