L’arrivée des prisonniers français.

Dans quelques heures Ste-Croix aura ses prisonniers français. La nouvelle est arrivée hier matin, et dès lors nous sommes impatients de recevoir nos hôtes. Et pourtant qu’on ne s’attende pas à voir descendre des wagons des hommes dans toute la force, des soldats à la mine florissante et gaie ! Non, ceux qui vont nous arriver savent tous ce qu’est la souffrance, morale ou physique. Ils savent, car ils en ont souffert, que le véritable tableau de la guerre n’est pas celui qui nous montre des régiments manœuvrant au grand soleil, avec les drapeaux agités par une brise légère.Ils ont vu que la guerre est une chose atroce, qu’elle est l’anéantissement de la vie. Aussi recevons-les comme on reçoit ceux qui ont échappé à un grand péril et qu’on est tout heureux de pouvoir conserver.

A l’arrivée du train, vers 10 h. 30 l'Union Instrumentale jouera la Marseillaise, suivie du Cantique suisse. Puis, dans la salle d’attente, fort bien décorée de lierre et de sapin, une collation sera offerte aux prisonniers. Après les chants de nos sociétés locales (Helvétienne et Espérance) et un morceau de musique, discours sur la place de la gare de MM. Jaccard-Lenoir, syndic, et Adrien Lador, président de la Croix-Rouge de Ste-Croix. Ensuite le cortège, dans lequel l'Union Instrumentale précédera les voitures des prisonniers, suivra l’itinéraire suivant : Rue de l’Industrie, Avenue des Alpes, Rue Neuve, Place du Pont, Rue Centrale, Route des Rasses. Les 72 prisonniers qui nous arrivent aujourd hui seront reçus dans les Hôtels Beau-Regard et Mont-Fleury, au Crêt- Junod.

A vous, glorieux blessés de la guerre mondiale, Ste-Croix souhaite la plus cordiale bienvenue.

Source: Feuille d'avis de Sainte Croix du 06 mai 1916 BCU