Evolution de la plaine dans la région de Martigny du XII au XX siècle

Evolution de la plaine dans la région de Martigny du XII au XX siècle

10 juillet 2012
Marianne Carron
Marianne Carron

Evolution de la plaine du Rhône entre Martigny, Ottans, Ottanel /Vernayaz, Le Rosel et Fully depuis le XII siècle, avec un résumé des divers cours de la Dranse dont l'ancien lit est devenu la Meunière des Artifices - la muneressa - dont on voit ci-dessus l'écluse des Prises.

1011 Première mention d'Ottans, Le village existe depuis un certain temps. Rodolphe III, agissant au nom de l'abbaye, concède en précaire «à Rocelin et à sa fidèle Amandola, pour eux et leurs deux héritiers, la terre qui se trouve au lieu qu'on appelle Autannis, près d'Octodure, avec tout ce qui s'y trouve et toutes les dépendances, c'est-à-dire bâtiments construits ou à construire, places, champs, prés, pâturages, forêts, eaux et cours des eaux, alpages, droits de chasse, routes et chemins situés aussi bien en montagne qu'en plaine» Un cens (redevance foncière) de douze deniers doit être payé chaque année à l'église de Saint-Maurice et au terme de la concession - après deux générations d'héritiers - le domaine doit revenir à l'Eglise. L'abbaye détient des droits étendus sur Ottans et son territoire ne se limite pas à la plaine, mais s'étend également à la montagne (in monte) - sans doute le Mont d'Ottans - sur laquelle existe un droit de chasse. Le terme de la concession en précaire n'a peut-être pas été respecté puisque, selon Jean-Marie Theurillat, c'est en 1138 seulement qu'Ottans, ainsi qu'Ottanel et Salvan, sont restitués à l'abbaye par les seigneurs d'Allinges.

1192 Pierre, fils de Humbert de Saint-Maurice, concède à l'Eglise de Saint-Maurice, avec le consentement de sa femme et de son fils, tout ce qu'il possède à Ottans, aussi bien en montagne qu'en plaine, en eaux qu'en forêts, en champs cultivés et non cultivés, pour le rachat de son âme et de celles de ses prédécesseurs

1200 Les vidomnes de Martigny deviennent propriétaires d'une partie du territoire d'Ottans. En effet, les seigneurs Henri et Pierre d'Arbignon vendent leurs terres à Boson de Martigny, qui appartient à cette famille vidomnale du même lieu.

1249 Le chevalier Aymon de la Tour part pour la Terre Sainte à l'occasion de la septième croisade; il cède à l'abbaye tout ce qu'il possède dans le territoire d'Ottans

1279 Les vidomnes augmentent leur fief par l'entremise de l'évêque de Sion. Ce dernier avait racheté les biens que Perrette, fille d'Etienne de la Tour, possédait à Ottans et au Verney; le prélat en fait don à son vidomne Pierre qui n'est autre que l'époux de Perrette.

Avant 1290 en entrant dans la plaine, la Dranse suivait d'abord le bas du mont Chemin. Le Bourg, qui montait jusqu'à l'Usine, était étroitement longé par le torrent avant qu'il ne se dirige vers le centre de cette plaine. Plus bas ( elle passait ou près des l'Hôpital, de la Migros et du jardin du Manoir ) elle se rapproche enfin de La Batiaz, à Près-de-la-Scie, en contrebas de l'actuel vieux pont en bois de la Batiaz. A partir de là , elle se tournait le Courvieux (ce nom vient de l'ancien cours de la rivière), pour aller se jeter dans le Rhône dans le voisinage du pont de Branson, ou elle formait un assez vaste delta comportant une l'île pierreuse et boisée.

1291 Sur la Dranse, se trouvait le Pont des Granges situé près de la Souste > ou se trouvait les deux soustes à cette époque ?

1310 Achat d'un champ en faveur de la construction des barres et paraît être destiné aux barrières du Bourg

1335 On exécute des travaux à la Dranse pour préserver l'église.

1340 L'évêque Aymon de la Tour lançait une ordonnance qui enjoint à tous ceux qui possédaient des biens dans la Châtellenie de Martigny d'avoir à contribuer à la construction et à l'entretien des barres en proportion de leurs biens.

1343 Début de la construction des barres des Epineys, qui dure jusqu'en 1349. Un acte portant le titre de « Commencement des barrières». Cette cession était faite moyennant une modeste redevance de huit deniers percevable à la Saint Michel ou à la Toussaint. Chaque acte de cession spécifie que les barres doivent être bien faites et bien fermées. Etaient exemptés des travaux de manœuvres : le procureur d'église ou sacristain ; les marguilliers, les gardes des fruits et récoltes, les meniaux, les hospitaliers et hospitalières. En Janvier, chaque année, les Conseils de La Ville et le Bourg élisait chacun un meubiers assermenté ou «inducteurs des manouvriers et des barres contre la Dranse. » et gens qui se servaient des rivages faisaient leurs manœuvres en maintenant la barre qui fournissait l'eau à la meunière des artifices. Cependant, lors d'un risque d'inondation ou de menace de débordement : « ...Les gens inutilles, les impotens, les estropiez et les vieillards devront se rendre à l'église pendant que les autres travaillent au salut de tous, et prier Dieu qui nous épargne tous malheurs. »

1345 En janvier survient l'une des plus grandes inondations de l'histoire Martigny, qui, en changeant le cours de la Dranse, remettait tout en question et allait changer pour de longues années l'orientation des travaux protecteurs.

D'après certains actes, il paraît que l'ancien cours ne fut pas complètement cancelé, mais devint la meunière des artifices, qui fut pendant de longs siècles le canal des installations hydrauliques locales. La grande inondation paraît avoir jeté définitivement la rivière contre la base de Ravoire, mais elle ne la mit pas dans son lit définitif, qui, lui, fut l'ouvrage des hommes. La Dranse suivait un cours assez sinueux, à la base du Mont de Ravoire, puis au Près-de-la-scie qui se situe en contrebas du pont de bois de la Batiaz, A partir du pont actuel du chemin de fer, elle s'infléchissait vers le sud, passant par le Courvieux (ce nom vient de l'ancien cours de la rivière), pour aller se jeter dans le Rhône dans le voisinage du pont de Branson. Ainsi que les vieilles chartes nous l'apprennent, elle y formait un assez vaste delta, dont l'île pierreuse et boisée fit l'objet d'une transaction avec le village d'Ottan, à la fin du XlVe siècle. La région qui va du chemin de fer au Rhône était paraît-il la plus mal diguée et chaque fois que la Dranse grossissait notablement, elle inondait les terrains des Bonnes-Luites.

1361 Les ouvriers appelés aux corvées ou manœuvres communales, ceux qui étaient convoqués l'étaient au son de la grosse cloche et « summo mane ». c'est-à-dire de grand matin. (…) Chacun obéira sous peine de payer huit bâches par jour pour les manouvriers et vingt-quatre pour les charriots. Ils ne recevront que les bons ouvriers, rejetant les enfants et même les filles et les femmes, à moins qu'il n'y en ait point de meilleurs dans les maisons Les conducteurs des barrières étaient appelés « meniaux

C'est entre 1368 - 1370 qu'eurent lieu les plus grandes reconnaissances des barrières que nous connaissions. Plus de 130 particuliers durent spécifier par un acte qu'ils entendaient procéder à l'exécution de leur part, depuis les Epineys aux Bonnes-Luites. Quelques-uns ne fournirent pas seulement une caution, mais plusieurs. Tout particulier qui doit des barres sera obligé de les fonder et construire solidement, à la largeur habituelle, et de manière que chaque barrière surpasse la suivante d'un demi pied. Les caissons des barres devront être faits de bonnes pièces de mélèzes, à la place et à la hauteur indiquée ou qu'on couvrira avec une charge de terre suffisante et cela sous peine de ban. Ces reconnaissances ne concernaient toutefois que le côté méridional. Le côté septentrional qui concerne St-Maurice et sa juridiction d'Ottan avait les siennes.

1375 La ferme de la dîme des céréales d'Ottans est diminuée à cause des crues de la Drance; cela se reproduit l'année suivante, mais cette fois à cause des caprices du Rhône qui a inondé les champs de blé sur lesquels était prélevée la dîme

1394 Dans la région d'Ottans, les tensions prennent fin entre les évêques de Sion et les contes de Savoie, lorsque le comte de Savoie Amédée VII obtient les enclaves épiscopales de Martigny, Ardon et Chamoson; la Morge de Conthey, rivière située un peu en aval de Sion, sert désormais de limite entre le Valais épiscopal et le Valais savoyard. Ottans se trouve dans une zone clairement contrôlée par les Savoie.

1399 Martigny était aux prises avec Ottan, au sujet de l'Ile du delta de la Dranse, à cause des bois, réservés à l'endiguement. Malgré ce changement politique, Martigny conserve l'usage du droit épiscopal, lequel est coutumier. L'identité de droit dépend du rattachement paroissial; or, Ottans fait partie de la paroisse de Martigny. Le village est donc soumis à la coutume. Cette application du droit ne poserait pas de problème, si la situation était aussi simple. Cependant, Ottans, bien que situé dans le territoire de la paroisse de Martigny, fait partie de la châtellenie de Saint-Maurice (les limites paroissiales ne coïncident pas toujours avec celles des châtellenies). Or, Saint-Maurice est régi par le droit écrit. Ottans est donc le seul village de la châtellenie de Saint-Maurice où l'on applique le droit coutumier.

1407 Le Comte de Savoie renouvelle l'ordonnance d'Aymon de la Tour, qui enjoint à tous ceux qui possédaient des biens dans la Châtellenie de Martigny d'avoir à contribuer à la construction et à l'entretien des barres en proportion de leurs biens.

Le Vidomne, Pierre de Martigny, ose prétendre qu'en sa qualité de Vidomne, il n'avait pas à s'occuper de payer l'entretien des barrières, ni à coopérer aux manœuvres générales. Les syndics ne prirent pas tant de détours pour amener le récalcitrant à composition. Ils eurent recours à un arbitrage où l'on fit figurer tout ce que la commune comptait de noblesse, châtelain et vice-châtelain en tête. Et il arriva que toute cette noblesse donna raison à la commune en obligeant le trop rétif seigneur à faire ses barrières comme les autres et à donner des cautions pour l'exécution de sa part de travail!

1409 Le 18 mai Extrait des huit articles de la sentence entre Fully et Martigny, relative aux pâturages et îles. AEVs Entre 1409-164, on recense à Fully 9 actes relatifs aux biens indivis avec Martigny, au pont de Branzon, barrières du Rhône et "Proz Corbey". AEVs

Le 10 mai. Sentence arbitrale prononcée par Antoine de Montheolo, docteur ès lois, Hudric Cavelli et Pierre Poudral, notaire, dans un litige entre les hommes de Martigny, représentés par Pierre Vidome, de Martigny, Pierre, de Martigny, Pierre Bâtard le cadet, donzel, de Martigny, Antoine de Lit et Jaquet Bruneti (leur acte de procuration du 21 avril 1409 est recopié en entier), et les hommes de Fully, représentés par Nycodus de Insula, Johanodus Arbor, Perrod dou Bulliet, Richard de Casali, Jean Bruson, Jean de Branczon, donzel, et 44 autres. Ceux de Martigny n'ont pas de droit sur "la Lanchia de Bayart "au-dessus des limites nouvellement placées, sauf leur droit de passage pour se rendre "en Salader". Les deux communes auront en commun le droit d'user des terres en dessous des limites placées jusqu'au pont de l'eau rouge, depuis la fête de Saint-Michel jusqu'à la fête de Saint-Jean-Baptiste. Les animaux perdus ou égarés doivent être rendus, selon l'ancien usage. Les habitants des deux communes se vendront le bois, les pierres, etc., à un prix réduit. Si les foins ne peuvent se faire à cause du mauvais temps ou des inondations du Rhône, on s'abstiendra de faire paître les animaux dans certains territoires, etc. "In Lanchia de Bayart", sur le pré de Jeannette, fille d'Antoine Filliardi, de Fully. AEVs

1410 Mention d'un petit pont sur la meunière, près du pont de la Dranse et de la dévote chapelle de Saint-Michel. Jean Rolier de Trient était chargé de l'entretien du pont depuis la mi-avril jusqu'au quatorzième jour après la Saint-Michel.

1421 Un certain Pierre Saudan déclare tenir «une fauchée de pré désormais réduite à l'état de ruine par l'eau de la Drance (à Ottan ?)

1422 Fully Pâturage et clôture des terrains sis entre Tallyfer, le Rhône, Tallyfer et Aviglon. Pâturage et clôture des terrains sis entre la barrière Tallyfer (Tallagfer) et le Rhône, au pont; Tallagfer et Aviglon dans l'île de Mazembrouz. Jaques à Jadée, juge du Chablais, ordonne que la moitié desdits biens pourra être close toute l'année tandis que l'autre moitié deviendra pâturage commun de la Saint-Michel inclue à la Saint-Jean-Baptiste le décollat exclue. Interdiction de laisser courir les chèvres et porcs sur les dits terrains. Peines pour les contrevenants. AEVs

* Taillefer :Ce nom peut être un sobriquet désignant soit un forgeron, soit peut-être un valeureux combattant, adjectif ancien français taillefer, « qui tranche le fer [de l´armure] ». Il désigne aussi un lieu d´où l´on extrayait le fer.

1431 L'agglomération d'Allesse, située au-dessus du village de Dorénaz (rive droite du Rhône), à environ 930 mètres d'altitude, subit la situation strictement inverse de celle d'Ottan : elle appartient à la châtellenie de Martigny, mais est dans le territoire de la paroisse de Saint-Maurice. On y applique donc le droit écrit. Il semble logique - pour des raisons de proximité géographique et d'application du droit - d'unir Ottans à la châtellenie de Martigny et Allesse à celle de Saint-Maurice. C'est ce que fait le duc de Savoie, Amédée VIII, au mois de janvier.

1455 Etienne Giroud reconnaît au nom de son fils Barthélémy, qu'il a conçu avec Anthonia, la fille de feu Jacques Berenjoz alias de Rippa, un pré désormais réduit à l'état de glarier. Ce pré, situé au lieu-dit in Pratis Devant alias in Pratis de Furno a pour limite orientale «les pâturages communs ou le cours de la Drance». Etienne Giroud n'est pas le seul dans cette situation; tous les terrains voisins de son pré ont subi les mêmes dégâts et sont transformés en glarier. *Glarier :Terrain graveleux, rocailleux, souvent inondé, grève de rivière, banc de gravier dans le lit d´un cours d´eau. Patois glire, du latin glarea, glaria, « gravier, gros sable ». Ancien français glaire, glayre, « gravier » Martigny : lit de pierres roulées, de graviers et de sable que l´on trouve fréquemment sur les bords des torrents alpins, à leur débouché dans la plaine

1457 Nouvelle histoire avec la communauté d'Ottan, mais qui se termine par un arbitrage mettant tout le monde d'accord

1458 Nous retrouvons de nombreuses reconnaissances en cette année ainsi qu'en 1499. Celles de St-Maurice-Ottan en 1458 sont moins nombreuses que les autres.

1469 Suite à des pluies torrentielles, le Bourg de Martigny est inondé. La situation est telle que les gens de Martigny adressent une supplique au duc de Savoie. Ce dernier leur accorde que les débiteurs soient exemptés, durant deux ans, de payer leurs créanciers, que tous ceux qui ont des biens à Martigny soient astreints aux corvées communes, que les bourgeois ne soient pas incarcérés, ni violentés et que, durant sept ans, ils ne soient tenus à aucun don ou subside. Les gens sont tellement découragés qu'ils négligent de remettre la Dranse dans son cours. ( Ottans a difficilement pu échapper à la catastrophe.)

1492 Des terres et certains bâtiments situés à proximité du centre du village d'Ottans, sont touchés: la grange de Colletus de Joria est en ruine «après l'inondation du village d'Ottans

1502 Mathieu Schiner fait constater que St-Maurice, propriétaire d'Ottan, n'a pas daigné s'occuper de sa « rate part » des barrières du côté d'Ottan

Martigny avait déjà fait un second accord avec Ottan, pour les barrières allant de La Bâtiaz au Rhône.

1504 Lors du traité entre Berne et le Valais, il fut très nettement spécifié que: ceux de Martigny et Octobre (sic) aient à remettre la Dranse dans son cours existant vers le Mont de Fully, sous le pont de Branson, ainsi que l'avaient déjà ordonné le Châtelain Pierre Schiner et Georges Supersaxo. Avant que ces travaux aient subi un commencement d'exécution, survint un nouveau désastre.

1510 Le châtelain Pierre Schiner fait constater que St-Maurice, propriétaire d'Ottan, n'avait pas daigné s'occuper de sa « rate part » des barrières du côté d'Ottan. Depuis, comme avant, il y eut des difficultés avec les Agaunois au sujet des barrières d'Ottan : les Saint-Mauriards trouvant sans doute que la Dranse les touchait de moins près que le Torrent de la Marre ou celui du Courset, ils faisaient la sourde oreille

1514 Le 22 mai. Un barrage causé par des pluies persistantes, par les deux torrents de Liddes, se rompit soudain et sema la désolation jusqu'à Martigny. Les travaux traînèrent donc en longueur.

1520 La communauté de Martigny avait fait un accord avec la petite commune de La Bâtiaz (sic), pour le curage du lit de la Dranse vers le pont de ce village. La mesure la plus importante prise par notre commune consiste dans le redressement du cours de la rivière aux Grands et Petits Epineys. Ce travail, dont on peut voir le plan à la salle du Conseil, comporta la suppression de nombreuses sinuosités qui n'étaient pas sans danger lors des grandes crues de la Dranse.

1535 Michel Magéran et la Diète ordonnèrent de les mettre en train : rien ne fut fait

1543 Dégradation rapide du climat. Hiver rude, le Rhône gèle. A Fully, le 3 septembre, Conflit entre commune et particulier. Testut alias Gilliard a élevé une haie au lieu-dit "en laz Chaniolaux" qui, au dire de la commune de Fully, empièterait sur le chemin du lieu. Des arbitres, après vision locale, tranchent que les choses resteront en l'état actuel et mettent les frais à la charge de Fully.

1544 L'hiver est rude, le Rhône gèle. Johannes Stumpf, l'historien géographe et topographe suisse, auteur de la «Chronique de Stumpf réalise une carte du valais. (retrouvée par Claudy Raymond) A Fully, le 31 octobre à Pra Corbe. En exécution d'une sentence épiscopale du 26 août 1532, qui prévoyait une limite en bois de mélèze à l'extrémité des barrières du Rhône du côté de Fully, le gouverneur de Saint-Maurice, Jean Zentriegen, seigneur temporel des hommes de Fully, et François de Montheolo, vidomne de Martigny, ordonnent de placer une nouvelle borne en mélèze, entourée de quatre blocs de pierre, à la place de l'ancienne limite submergée par l'inondation du Rhône, au lieu-dit "Pra Corbe". Ceux de Fully (Colletus et Jean Prayer, syndics, François Charnavelli, notaire et sautier de Fully, Pierre Novelli, Collet Racloz, Mathieu Duez, Pierre Blanchet et François Viollet) portent plainte qu'à la suite de l'ouverture d'un canal ou d'un bras du Rhône, leurs biens ont été inondés; ils exigent la punition des coupables. Ordre donné à Antoine Regis, Pierre de Via, banneret, et Claude Romanod de procéder à cette délimitation en plaçant ladite limite. Antoine Berodi et Jacques Mermeti, tous deux de Saint-Maurice, notaires. Témoins: Antoine Regis; Pierre de Via, banneret de Saillon; Jean, fils de Nicolas Rotten

1554 A Fully le 7 juin, Conflit pour une barrière. Fully reçoit ordre de reconstruire "au Pra Corbez" la barrière des Fulliérains que Charrat a détruite, sous peine de 60 sous mauriçois pour tout rénitent. AEVs

1555 Fully, à la suite de l'inondation du Rhône, en 1555, le lit du fleuve est redressé et sert de limite entre Fully et Martigny, qui dut indemniser Fully pour le terrain qu'elle gagnait ainsi. AEVs

1562 La vie semble trop difficile à Ottans qui se dépeuple, dix de ses habitants deviennent bourgeois de Saint-Maurice

1595 La débâcle fit des ruines comme ses devancières, dont plusieurs moulins «Vers chez Maccoz», entre le Bourg et la Ville, près du chemin public

1595 Un lac s'est formé à la suite d'un éboulement du glacier du Giétro; au printemps, le barrage constitué de blocs de glace se rompt sous la pression de l'eau. La débacle se produit le dimanche le 4 juin, au soir. Les documents ne s'attardent pas sur les dégâts causés à Ottans, mais le bilan laisse envisager leur ampleur: les flots ont emporté la moitié du village du Châble, des maisons de Sembrancher, tous les ponts qui enjambaient la Drance (dont trois ponts de pierre, celui du Châble et les ponts de Martigny), ravagé la «plaine» de Bovernier. Le Bourg de Martigny est entièrement détruit; la plaine est inondée. Le bilan est de soixante-dix morts «outre les inconnus dont on ne fait pas mention», d'une centaine de maisons détruites, sans compter les «artifices» (c'est-à-dire les ateliers, comme la forge, utilisant la force hydraulique) et les moulins. L'eau ne se contente pas de dévaster quelques bâtiments et une bonne partie des biens que la débâcle précédente avait épargnés, mais elle détruit de surcroît le chemin royal en direction de Saint-Maurice. Philippe Farquet décrit ainsi la catastrophe: «De toutes les débâcles connues, celle du 4 juin 1595 fut probablement la plus désastreuse. C'était un dimanche, à l'heure des vêpres. Depuis deux ou trois mois, la Dranse barrée à Plan Durand s'amassait en un lac immense au sommet du val de Bagnes. La barre de glace mesurait cent pieds de haut. Ce jour-là, la barre en partie fondue par la chaleur céda d'un coup et les eaux se précipitèrent dans la vallée avec un horrible fracas, entraînant sur leur passage des quantité énormes de blocs, de bois et d'autres matériaux arrachés aux rives (...). La catastrophe se fit sentir jusque près de Charrat» Des traces d'éboulements sont encore observables sous la forme de très grands blocs de rocher. Parmi eux, la «Pierre du Beurre» qui résulterait d'un effondrement du mont d'Ottan.

1602 La Diète fixe la largeur du lit du Rhône à 80 toises (185 m.). La section entre Ardon et la Dranse était celle où on avait le moins digué. > I. Mariétan.

1609 Fully, les droit de pâture des îles du Rhône. Sentence qui délimite ces îles, en détermine la part commune et celles propres à Fully et Martigny. L'île des Boeufs appartient à Fully. Ordonnances pour la reddition des animaux trouvés errants, la coupe des bois suivant le cours lunaire (les bois ne peuvent être coupés que durant 2 ou 3 jours avant ou après la pleine lune, autrement les forêts sèchent). Ordonnances commerciales. Prescriptions pour la récolte du foin dans l'île sise entre le pont de l'"Eaurufe", rousse, ou "des Champaignes" et "Pra Corbey"; pour la réfection des barrières du Rhône; défense de changer quoi que ce soit à l'état de choses actuel. AEVs. Le 13 juin, à Martigny-Ville, sur la galerie de la Grande Maison. Les habitants de Fully ayant porté plainte à la Diète du Valais, celle-ci a désigné cinq commissaires pour fixer les limites des îles entre Martigny et Fully. Lesdits commissaires ordonnent de planter une croix de mélèze au lieu-dit "eyz Corbes"; un bras montera vers la fontaine de la Clément dans la direction de Saxon; l'autre bras vers la Comba du Leschon de Fully. Au-dessus de cette croix, dans la "Lauchia de Bayard" dans la direction de Sion, ceux de Martigny ne pourront point faire paître leurs bêtes. Cette partie appartient à ceux de Fully, avec réserve du chemin d'accès pour ceux de Martigny quand ils se rendent "u Salladey". Une autre croix de mélèze sera fixée près du pont de l'eau rouge ou du pont des Champagnies. Un bras regardera du côté de Branson, l'autre vers les champs du lieu-dit "Ed Condeminez". En dessous de cette croix, ceux de Fully ne pourront faire paître leurs bêtes. Ces croix seront renouvelées par les deux communes. Les îles entre les deux croix seront communes aux deux communautés, depuis la Saint-Michel jusqu'à la Saint-Jean Baptiste. L'île "des bocus" dite "Talliefer ou la Sauraz" appartient exclusivement à ceux de Fully. On ne coupera le bois que trois jours avant ou après la pleine lune. Défense faite à ceux de Martigny de "construire des barrières du Rhône au préjudice de ceux de Fully". Pierre Bandmatter, notaire. Témoins Claude de Quercu (Duchêne), curé de Fully; Jacques Quartery, notaire et bourgeois de Saint-Maurice; Jean Conrad Spiegel, de Bâle, aubergiste, habitant de la Grande Maison; Claude Pachoz, habitant de Sion; François Borrut, de Monthey. AEVs

1618 Le 5 novembre. Remaniement de la sentence de 1616. Au vu des arguments des Martignerains, la sentence de 1616 est remaniée en leur faveur. Ils obtiennent une plus grande part des terrains sis entre les croix de "l'Eau-rousse" et de "Pra Corbey". La croix de "l'Eau-rousse" est transportée de 25 toises, vers l'orient, et le terrain partagé en 3 parties, dont 2 pour Fully, une pour Martigny. Ban des forêts des îles qui ne doivent fournir du bois que pour la construction des barrières et ponts. Il peut être levé pour le défrichement des forêts. AEVs

1624 La prise d'eau de la rivière à la Dranse est agrandie et élargie afin qu'il y ait de l'eau en suffisance et pour les meuniers et pour les campagnards, et l'établissement de deux écluses aux Millerettes, afin de répartir le courant d'une manière équitable.

1635 la Drance sort de son lit, cause des dégâts au chemin royal, dévaste une grande surface de biens cultivés et détruit le pont de la Bâtiaz.

1640 A l'automne une inondation du Rhône détruit le pont de Branson

1641 Le 9 décembre à la Majorie, Sion Sentence définitive de la Diète du Valais au sujet de l'entretien du pont de Branson et de la route dudit pont jusqu'à "la Crotta" de Branson dans le litige entre la commune de Fully d'une part et celles de Saillon, de Leytron (représentée par Claude Bergueran sauthier, François Bugnet lieutenant du vidomne, Martin de Produit curial, François Denex l'aîné et Claude Huguet) et de Riddes et celle de Martigny.
1) Saillon, Riddes et Leytron sont exemptés de l'entretien de la route; 2) Martigny doit seulement fournir le bois pour l'arc du pont du côté de Martigny. La construction et l'entretien du pont incombent à la commune de Fully et aux propriétaires des terres à Fully; 3) Martigny ne pourra réclamer les 207 florins employés à la reconstruction du pont; 4) Riddes doit entretenir un "chevalet" du pont; 5) Saillon fournira deux poutres et doit entretenir 3 "chevalets"; 6) Leytron doit enfoncer et maintenir 3 "chevalets" du côté de Branson et couvrir les "chevalets". > AEVs Leytron

1656 La Diète de Noël revint à la rescousse et ordonna de creuser un nouveau canal pour conduire la rivière au coude des Follaterres. Ottans continue à souffrir de ces débordements, en particulier durant la dernière décennie, malgré l'obligation à laquelle doivent se soumettre les hommes de Martigny et d'Ottans de construire et d'entretenir les digues (barrières) de la Drance". Les crues causent d'importants dommages au territoire, surtout sur la rive gauche

1664 les procureurs représentant le quartier de la Bâtiaz et d'Ottans se plaignent à la Diète que, suite à un mauvais entretien des digues de la Drance, le territoire en aval de la rivière a été dévasté

1657 Le 15 mars, le grand châtelain Gaspard Stockalper ordonna le commencement des travaux. Il donnait aux bannerets François Volluz et Pierre Piamont charge et autorité pour exécuter le travail selon qu'ils le jugeraient à propos. Ils couperont les bois pour assurer l'alignement du canal, en prenant les mesures nécessaires pour ne pas léser les biens particuliers. Les communes des gouvernements de St-Maurice et Entremont porteront assistance à cet effet. Martigny achète le territoire d'Ottan le 19 décembre, Sion, Majorie, par devant l'évêque, le grand-bailli et le vice-bailli. La bourgeoisie de St-Maurice avait reçu des comtes de Savoie le mas d'Ottan. Ce mas ayant été ravagé par une récente inondation de la Drance, St-Maurice accusait Martigny d'en avoir été cause en détournant l'eau de la Drance dans un canal récemment construit. Martigny répondait que l'opération avait été faite selon les ordres reçus. Finalement St-Maurice cède à la communauté de Martigny la rente de 16 sacs de seigle et tous droits sur le mas d'Ottan, grevés de corvées aux digues, au prix de 100 ducatons, et une rente de 2 sacs de seigle, étant saufs les droits de noble Nicolas Quartéry, châtelain de St-Maurice. Témoins : Antoine Rard, docteur en théologie, Jean de Riedmatten et Pancrace Mabillard. Chancelier : Stockalper de la Tour.

1659 Fully Le 29 avril a la Barrière du Rhône dite "de Tallifer". Les commissaires de la diète tranchent que Martigny devra reconstruire et entretenir désormais cette barrière, tous les autres point de la question étant réglés par des sentences précédentes. AEVs

1680 On creuse enfin le nouveau canal pour diriger la rivière directement au coude des Follaterres. Depuis cette date, la Dranse a suivi, le cours que nous lui connaissons sauf quelques modifications de détail. Le règlement prévoyait l'alignement impeccable des digues de la Dranse et du Rhône au Fourgnon. Mais depuis le nouveau tracé du lit de la Dranse, les barres du Courvieux sont négligées.

1777François-Frédéric Ambuel, évêque de Sion, décrit l'état des biens que la mense épiscopale possède dans le territoire d'Ottans: ils «ne forment pas un bloc, mais [sont] parsemés au milieu d'autres terres allodiales; de plus, les inondations et les changements de cours de la Drance qui reviennent annuellement ont déplacé les chemins de telle sorte qu'il ne reste pas un seul confin assuré, [si ce n'est] le mont d'Octans; déjà, lors des anciennes reconnaissances, le territoire de Martigny avait été transformé en un vrai glarier, tellement qu'il ne restât aucune propriété intacte depuis le village de la Bâtiaz en bas; le village d'Octans ayant été totalement détruit, il ne reste aucun vestige, et sa situation n'a pu être établie que par une recherche très attentive des titres anciens, et les propriétés voisines de la Bâtiaz où les martyrs s'étaient réfugiés ne furent par épargnées; pendant plus d'un siècle, ce territoire est resté sans culture si ce n'est de quelques arbres dont les fruits sauvages et les feuilles ont été si longtemps négligés par les propriétaires qu'au moment du renouvellement de nos fiefs, les seigneurs utiles et possesseurs restèrent ignorés de notre commissaire rénovateur et des jurés, bien que plusieurs aient réclamé leurs droits sans en connaître la situation, ce qui n'est pas étonnant car plusieurs sont déjà indiqués comme désertés dans les extentes (reconnaissances) antérieures > Ottans

1760 On supprime de nombreuses sinuosités qui n'étaient pas sans danger lors des grandes crues de la Dranse. Ce fut faite et bien exécuté. Depuis la régularisation de 1760, il avait été recommandé plusieurs fois de planter des arbres le long des digues pour les fortifier. A titre provisoire et préventif elles pouvaient être faites en broussailles.

1766 Le village d'Ottans a disparu; il a été détruit par les débordements répétés de la Drance. Les onze familles qui y habitaient encore se sont réfugiées à la Bâtiaz après sa destruction

1773 Martigny avait à peine fini de conduire la Dranse au roc des Follaterres, que le Gouverneur de St-Maurice, Wegener, intervint en disant que les travaux à l'embouchure portaient préjudice à la commune du Rosel. On ne connaît pas la suite de l'histoire. Disons cependant qu'à cette époque le Rhône faisait dans les terraux de La Bâtiaz un grand coude où se trouvaient les biens du village. En réalité, ce ne sont pas tant les travaux de la Dranse qui furent la cause du préjudice, mais bien le redressement du Rhône dans les années suivantes. En coudant le coude, on supprima les biens principaux du village qui disparut à son tour. Rappelons en passant qu'au moyen âge jusqu'au XVle siècle pour le moins, le Rosel fit partie de la Châtellenie et paroisse de Martigny. On en trouve de nombreux ressortissants, fixés en Ville ou à Charrat.

1779 Eboulement au Mont d'Ottans

1804 Le Conseil, considérant les sacrifices immenses en manœuvres que coûtent annuellement à la commune les barrières de la Dranse ,depuis la fin des possessions du Courvieux au Rhône; considérant qu'il importe de trouver un moyen d'en décharger la commune et de mettre en valeur le glacier sis derrière ces barres : arrête de céder du terrain commun le long des dites barrières à condition que les preneurs se chargent des travaux en proportion du terrain cédé.

1818 Les barrières se montrèrent solides, car les 13, 14 et 15 juin, la rivière put couler à pleins bords avec une énorme charge de matériaux, sans les endommager. Il fallut la trombe du 16 pour les emporter. Lors de l'inondation du 16 juin, au Bourg, un martinet, une tannerie, une scierie et un moulin furent rasés, et, en Ville, deux moulins démontés; dans les deux quartiers tous les autres artifices furent sérieusement endommagés, mais, par une curieuse exception, la trombe dévastatrice épargna les moulins entre Ville et Bourg

1818 -1820 Après la grande débâcle, les barrières furent reconstruites dans l'état actuel, avec du matériel pris en grande partie dans les pentes du Rosel. Il paraît qu'il fallut plus de 21.000 journées de chars. Par la suite divers travaux de prolongement à l'embouchure furent exécutés. Puis, la digue fut agrémentée d'une belle rangée de peupliers.

1878 A Fully le 26 février le Conseil d'Etal ordonne des plantations d'arbres et le boisement sur les bords du Rhône et des affluents, aux communes qui ont la charge de l'endiguement, 1° Il sera fait des plantations régulières et continues le long des travaux d'endiguement le choix des essences est laissé au soin des communes qui devront cependant demander l'avis préalable du Département.: peupliers, saules, osiers, acasias ou autres essences, suivant la situation et la nature du sol, (voir nos circulaires des 11 mars 1872, 7 janvier 1873, et 7 mars 1874). Le peuplier est le plant à choisir de préférence, sauf à alterner avec des plants d'une autre essence, sur une ou deux rangées parallèles. Il y aura une double rangée sur les trajets où l'arrière-bord n'est pas revêtu de perré, et où il n'y a pas de terrains cultivés adjacents. Dans le cas contraire, il n'y aura qu'une simple rangée, à placer sur le talus intérieur (contre le cours d'eau), 7° Les talus en gravier, sans perré ni gazon, seront boisés par une plantation d'acacias ou d'épines blanches. 8e Le boisement général est obligatoire et devra être achevé pour la fin de l'année, au plus tard 10° En cas de non-exécution, le boisement sera fait chaque année aux frais de la commune et la dépense sera couverte par des retenues sur le subside fédéral, ou par d'autres moyens, s'il est besoin, 12° La commune prendra tous les soins nécessaires pour la réussite et la conservation des plantations. Le remplacement des plants morts est également obligatoire, au fur et à mesure qu'il sera nécessaire

1928 Eboulement du Mont d'Ottans

Martigny par D&WGenève 88, partagé par MmeJosiane Blazer-Noverraz.

pour plus de détails voir notrehistoire.ch/group/le-rhon...

Ouvrages et sources citées:

- Brève histoire des barrières de la Dranse. Le Confédéré.1944 signé L'archiviste.

- Ottans Enquête sur un hameau disparu de la région de Martigny. de Christine PAYOT

- Archives de l'état du Valais : AEVs

Cette compilation est un essai sans prétention, pour essayer de comprendre l'évolution de la plaine dans la région de Martigny. Merci de me signaler les erreurs ou les oublis

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