Les gorges de l'Orbe ou l'histoire effacée……………….
Les gorges de l'Orbe ou l'histoire effacée……………….
Ancienne carte édition Guggenheim & Co Zürich 1908
Par une belle journée d'août nous décidons de remonter les gorges de l'Orbe entre les Clées et le viaduc du Day.
Une bonne marche de 4 heures aller et retour.
Départ devant l'église des Clées elle fût restaurée en 1936
Les Clées, petit écrin de verdure, se situe au fond d’un vallon dégagé par l’Orbe, le château du XII ème siècle est construit près d'un pont datant de 1764 et qui est un ancien lieu de passage dans les gorges de l'Orbe et le seul pont entre la ville d'Orbe et Vallorbe.
L'étymologie même des Clées est le bas-latin cleta, qui signifiait une claie, et que l'on retrouve dans le mot patois clédard ou porte de pâturage. La ville des Clées constituait bien une porte dans le Pays de Vaud.
Passons donc la porte et cheminons le long d'un joli sentier haut perché d’où remonte du fond de la gorge le fracas des chutes d'eau, puis petit à petit nous nous rapprochons du cours de la rivière.
Nous arrivons vers un ancien barrage. Où des vestiges nous indique qu'il se passait quelque chose ici il y a longtemps
L'histoire de la prise d'eau
Quatre usines se sont construites au fil de l'Orbe entre 1896 et 1903 afin d'alimenter Yverdon, Sainte-Croix et les villages environnants en énergie électrique
La prise d'eau avec son petit barrage qui alimentait l'usine des Clées fut construit en 1896, un canal conduisait l'eau à la centrale Les turbines de cette petite usine aurait tourné de décembre 1896 au 18 juin 1955
L'usine des Clées Dériaz éditeur Baulmes 1908
Les quatre usines ont été abandonnées à la construction des barrages de la Jougnenaz et du lac du Miroir
Puis cheminant sur le petit sentier, nous entendons un grondement lointain qui se fit toujours plus clair au fur et à mesure de notre avance
Enfin nous faisons face à une magnifique cascade
L'Usine électrochimique du Day
Deux jeunes ingénieurs chimistes français, Henry Gall et le comte de Montlaur, désirent implanter en Suisse une usine de production chimique par l'électrolyse. Révolutionnaire pour l'époque, cette méthode repose sur la conversion de l'électricité en énergie chimique.
Approché par les deux chimistes, Anselme Boucher, lui aussi ingénieur, né à la Haye et concessionnaire de la chute d'eau du Day près de Vallorbe, s'enthousiasma pour l'idée.
L'usine est mise en service le 24 juin 1890 avec dix turbines produisant 1'600 CV. La puissance électrique augmentera encore plusieurs fois dans les décennies suivantes. Captée au sommet du Saut du Day une cascade de 70 mètres de haut sur l'Orbe, par une simple retenue, l'eau est acheminée à l'usine électrique par une canalisation de 400 mètres.
Le courant produit est livré à l'usine chimique, construite 300 mètres au-dessus de la chute. La proximité des Installations s'impose, pour limiter les pertes en énergie. Le procédé d'électrolyse nécessite du courant continu basse tension, que la centrale locale peut assurer sans problème.
Une production de composants pour explosifs
Le procédé par électrolyse est pratique pour fabriquer du chlorate de potassium, composé chimique à la base des explosifs ou des têtes d'allumettes. Il a l'avantage d'être peu couteux, ce qui explique en partie le succès de cette industrie à l'époque,
En 1926, la production de l'usine du Day atteint plus de 400 tonnes par an. Le processus exigeait une main d'œuvre considérable, recrutée surtout dans la région. Employeur important, l'usine du Day faisait vivre le village, logements pour les employés, café restaurant, gare, etc. Elle a aménagé le territoire et contribué à la prospérité des communes de Ballaigues et de Vallorbe.
Avant 1940, elle comptait 115 employés. Les ouvriers effectuaient un travail dangereux, en raison de l'inflammabilité de la substance à la moindre étincelle.
Un funiculaire fût même construit entre l'usine située sur le plateau du Day et l'usine électrique au bas de la cascade.
Seules traces aujourd'hui un superbe couvert en pierre de taille avec un cheminement en béton et une voie ferrée.
Le monopole électrique condamne l'Usine du Day
En 1948, le canton souhaite réorganiser la production d'électricité, en réunissant les usines vaudoises existantes au sein d'une seule société : la Compagnie Vaudoise d'Electricité (CVE, aujourd'hui Romande Energie). La naissance en 1955 de cette entité monopolistique aura un lourd impact sur l'Usine du Day.
Elle aura l'obligation d'acheter à la CVE le courant continu, mais 4 à 8 fois plus cher qu'avant, ce qui enlèvera toute rentabilisation possible.
L'Usine du Day tentera de se diversifier en fabricant des cartouches, sans succès. Les installations hydroélectriques sont dynamitées en 1972. Les bâtiments de l'usine chimique en amont sont repris alors par l'Armée pour y crier une zone d'instruction pour le combat en localité. Seuls quelques rares vestiges restent visibles de nos jours.
Tout au long de cette magnifique promenade, divers panneaux vous expliqueront en détail cette page effacée de l'histoire du pays de Vaud par la volonté de regrouper la production électrique du canton
Après 2 heures de marche nous arrivons sous le viaduc du Day
Le viaduc du Day est un viaduc ferroviaire de 65 mètres de haut qui enjambe l'Orbe
Le viaduc actuel en pierre a été construit entre 1923 et 1925 et succède à un viaduc à travée métallique qui datait de 1869.
A voir aussi pour compléter le récit
Bonne présentation pour cette histoire bien intéressante
Très beau travail passé/présent et très riche documentation. Merci Yannick.
Le commentaire a été supprimé.
Nous nous sommes baignés au pied de la cascade la semaine passée. Très bel endroit où on a de la peine à imaginer tous ces bâtiments au bord du cours d'eau. Merci pour cet instructif document.