Le LEX répare les scories du passé
Le LEX répare les scories du passé Repérage
Au XIXe siècle, il n'y avait pas de Léman Express et pas non plus de transport ferroviaire pour connecter la France à la Suisse dignement en terres genevoises. La raison est simple, elle est politique. Un article de la Tribune de Genève signé de Marc Moulin et reprenant les données de plusieurs publications autour de la thématique du Léman Express (voir liste des publications en bas de cet article) explique parfaitement les différentes étapes qui ont conduit à l'isolement de Genève sur la carte ferroviaire franco-suisse et dans une plus grande mesure européenne . Je m'en vais vous les résumer en onze points.
1) La ville de Genève ne possède pas un maillage ferroviaire en forme d'étoile contrairement à de nombreuses grandes villes européennes. Elle voit passer une ligne qui fait la jointure entre la France et le reste de la Suisse à Cornavin. Deux autres gares connectent avec Cornavin sans aller plus loin, menant à Cointrin et à la Praille.
2) La ligne du pied du Jura (aujourd'hui désaffectée) et celle du pied du Salève évitent royalement le canton de Genève et regardent quasi uniquement vers la France.
3) Le CEVA est la troisième branche ferroviaire de Genève qui relie la Cité de Calvin à Annemasse.
4) En 1840, la question ferroviaire est en réflexion à Genève. En 1855, décision est prise d'installer la gare à Cornavin. A cette époque, une ligne se construit sur la Côte vaudoise et en provenance de Lyon. Ce choix ferme la porte aux lignes en provenance de la rive gauche du Rhône et de la Savoie. La route commerciale européenne nord-sud s'en trouve ignorée au profit d'un axe est-ouest.
5) La connexion entre le tunnel du Mont-Cenis (dont le chantier s'est achevé en 1871) et le couloir rhodanien se fait par Culoz (département de l'Ain) et non par Genève. Vallorbe est le point d'entrée en Suisse plutôt que le tunnel de la Faucille. L'arrêt de la commune du Jura-Nord vaudois favorise la desserte de Lausanne. Elle fut ouverte pour y être exploitée en 1913 et inaugurée le 16 mai 1915, après l'ouverture du tunnel du Mont-d'Or (liaison Frasne - Vallorbe).
6) La ligne opérée par Paris-Lyon-Marseille (PLM) entre Lyon et Genève va être rachetée par la SNCF qui décide de favoriser l'entrée en Suisse (pour les marchandises et les voyageurs) par Bâle. Ce qui défavorise Genève une fois de plus.
7) En 1860, quand la Savoie devient française. Les intérêts français vont désavantager Genève. Si la Savoie était sarde, un réseau aurait plus facilement été défendu. Napoléon III avait exigé que la Suisse soit évitée, la ville de Lyon ayant été favorisée. Ce qui explique un maillage français assez riche autour de Genève qui ne sera pour autant pas connecté à la Cité de Calvin.
8) En 1881, un accord franco-suisse rapproche Genève d'Annemasse par le rail. En 1888, une liaison entre Chêne, les Eaux-Vives et Annemasse (CEVA) est mise en service mais c'est un cul-de-sac.
La gare de Chêne-Bourg en 1985.
9) Début du XXe, le tram connaît un essor. Le train, en revanche n'est pas le plus populaire des transports des "pendulaires/commuters" transfrontaliers de l'époque. Pour autant que l'on puisse parler de pendulaires transfrontaliers... car la situation économique haut-savoyarde du début du XXe siècles étant sans commune mesure économiquement avec ce que l'on a pu observer depuis les années 80.
10) En 1912, une connexion à la Praille est ébauchée mais les travaux se finaliseront en 1968. L'aéroport de Cointrin est relié à Cornavin au détriment d'une liaison entre la gare des Eaux-Vives et cette même gare de Cornavin.
11) Le tram perd de la vitesse au profit de la voiture après la Seconde Guerre mondiale. Il fait un retour en force à la fin des années 90. En 2019, la mise en service du Léman Express notamment sur les lignes du CEVA met fin à cette situation incongrue de voir le maillage ferroviaire de Genève partiel et incomplet, une situation qui était indigne de cette ville-canton international, troisième plus grand pôle urbain de Suisse.
Pour votre culture, il existe des publications autour des transports à Genève: ("Histoire des transports publics dans le canton de Genève" de Gilbert Ploujoux (2010-2018, éditions Tricorne en 4 volumes), "De l'Express Atlantique-Léman au Léman Express" de Gérard Duc (DI, 2019), "Les chemins de fer du canton de Genève", Bénédict Fromel (DAEL, 2004)
Nos vies : un siècle d’histoire des Suisses par leurs images
Nous pouvons constater la véracité de votre propos avec l'ouverture du Léman Express qui a mis en évidence la liaison lamentable entre Annemasse et Annecy. La voie ferrée a un retard technique de plusieurs décennies d'où le temps nécessaire pour les trains de relier Annecy à la gare de Cornavin, voir pour celle de l'aéroport de Genève.