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La Moule Quagga amoureuse du Léman

19 avril 2025
Renata Roveretto

Un panneau qui interpelle ( Image prise dans le port de Clarens )

Donc allons nous y intéresser un peu plus à ce apparemment gigantesque problème du à de toutes petites moules. Le souci vient du fait qu'elles se plaisent vraiment, et qu'elles se multiplient à grande vitesse dans les eaux du Léman comme encore aussi ailleurs en suisse.

La moule quagga est une espèce « dioïque » (mâle ou femelle) à fécondation externe, très prolifique, ce qui contribue à ses capacités de prolifération rapide. Une moule femelle sexuellement mature peut produire jusqu'à un million d'œufs par an avec une durée de vie en moyenne de 3 à 5 ans. Cette espèce est originaire de la région pontocaspienne ; elle est indigène dans le bassin de la Bug et du Dniepre en Ukraine. Elle a été récemment introduite par l’homme hors de son aire naturelle et se montre alors souvent envahissante (en zone tempérée). La moule quagga est notamment devenue une source de préoccupations majeure dans les Grand Lacs d'Amérique du Nord, en tant que nouvelle espèce envahissante, a priori introduite via le transport maritime et fluvial, par la voie du fleuve Saint-Laurent. Elle se développe dans les eaux douces et tempérées de lacs ou cours d’eau, canaux, réservoirs, c'est-à-dire dans des habitats très semblables à ceux de la moule zébrée. La moule quagga survit ou s’épanouit toutefois dans des eaux plus froides. Et si tout comme la moule zébrée elle se fixe sur les surfaces solides, elle peut aussi occuper des substrats meubles comme le sable et même la vase. À la différence de la moule zébrée, la Quagga (qui tolèrent mieux les périodes de disette) s’installe aussi à de grandes profondeurs, dont par exemple au fond des Grands Lacs et de secteurs profonds du fleuve Saint-Laurent où la nourriture est moins abondante. À ces grandes profondeurs les moules quaggas s’agglomèrent en s’attachant les unes aux autres en formant des tapis horizontaux qui peuvent recouvrir une bonne partie du fond des lacs où elle s’est installée. Une étude basée sur les données de teneurs en calcium de plus de 3000 cours d'eau nord-américains, montre que la biodisponibilité du calcium est l'un des facteurs biogéographique de risque d'invasion par cette espèce. Dans les canaux et régions artificialisées le ciment, les mortiers à la chaux ou des apports de marne ou moellons calcaires peuvent aussi constituer des sources localement significatives de calcium. Dans les régions agricoles, des amendements calciques lessivées par les pluies peuvent aussi contribuer à augmenter le pH des eaux de ruissellement et de certains cours d'eau. Les dreissènes ont besoin de cet élément minéral dissous dans l'eau pour construire leur coquille. Une eau légèrement acide ou acidifiée peut endommager la coquille des larves et les tuer, et significativement affecter la survie des adultes. Un pH de 7,1 suffisait dans des conditions expérimentale à empêcher l'installation de nouvelles colonies, ce qui a permis aux auteurs de suggérer qu'une diminution du pH des eaux riches en calcium pourrait être un traitement viable pour la prévention du colmatage de tuyaux ou conduites d'eau, par exemple dans certains systèmes industriels de refroidissement par eau.

Le genre Dreissena est polymorphe et prolifique, doté d’une grande capacité d'adaptation et d’expansion là où le milieu lui convient, mais il existe d'autres facteurs expliquant la propagation parfois spectaculaire de ces espèces dans les eaux nord-américaines, ce sont par exemple :

  • la présence de canaux artificiels mettant des lacs et divers systèmes fluviaux en communication directe ;
  • la dérive très efficace des larves dans les systèmes fluviaux ;
  • des activités de pêche et de navigation professionnelle ou de loisir favorisant le transport de propagules de moules d’un lac à l’autre et d’un bassin versant à l'autre.
  • En présence d’un contexte eutrophe et d’une colonie dense de moules quaggas (ou à son aval), le « voile » ou « tapis » de pseudofèces peut finir par constituer une épaisse couche de vase anoxique. Il peut asphyxier ou défavoriser d’autres espèces de moules d'eau douce autochtones et divers organismes vivant sur le fond (par exemple, l’amphipode fouisseur indigène Diporeia hoyi dans les eaux profondes du lac Érié).dans les grands lacs américains envahis par les dreissènes, les poissons indigènes manquent de nourriture ; une grande partie de la matière organique qui constituait autrefois l’approvisionnement alimentaire des crustacés et poissons locaux a été « aspirée » vers les fonds du lac où elle est inaccessible pour le réseau trophique et où elle contribue à rendre les fonds anoxiques et stériles, sources de CO2 et de méthane. Pour chaque kilo d’aliment planctonique disponible pour les poissons dans le lac Michigan aujourd'hui, il y a environ trois ou quatre kilos de quaggas dans le lac. Un poisson consommateur de mollusques, le Crapet à oreilles rouge a été implanté dans le bassin de la rivière Colorado à partir du sud-est des États-Unis avec l’espoir qu’il limite la prolifération des quaggas, mais ce poisson étant pêché et consommé, comme dans le cas de la perchaude, cette relation prédateur-proie pourrait induire une introduction de toxines et de micro-organismes indésirables dans l'écosystème et la chaine alimentaire. ( Source Wikipedia )
  • Et voici pour voir et mieux comprendre :
  • letemps.ch/sciences/environnem...
  • rts.ch/play/tv/mise-au-point/v...
  • eawag.ch/fr/portail/dinfo/en-l...
  • svgw.ch/fr/eau/dossiers/dossie...
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  • Valérie Clerc

    La présence de la moule quagga se voit aussi en scrutant la surface de l'eau. Comme le molusque filtre l'eau pour se nourrir, lorsqu'il est présent en grande quantité, les eaux de surface deviennent cristalines. Devant une eau transparente, les badauds pensent que le lac est en pleine santé. Erreur! Les nutriments nécessaires à la vie du lac sont malheureusement tous aspirés par la moule quagga.

  • Michel Bel

    Au cours des soixante dernières années, le Léman a subi diverses atteintes. Le plus gros défi à été l’eutrophisation liée à l’excès de phosphate. La ceinture de réseau de collecte des eaux usées a notoirement amélioré la situation. A la CGN, j’ai été confronté à cette moule sans connaître son nom. En général les moteurs de bateaux ont un circuit de réfrigération interne, refroidi par un échangeur qui utilise l’eau du lac. Il faut filtrer cette eau pour éviter l’obstruction des pompes et des échangeurs; une première grille grossière bloque les gros morceaux, suivie d’une plus fine qui arrête quasi tout. La nuit, les bateaux mouillent en eaux peu profondes; de par leur chaleur résiduelle les prises d’eau sont des couveuses idéales. Le matin, il faut brosser cet appareillage, en prenant soin de ne pas enlever la totalité de ces filtres, sous peine d’obstruction dans la journée. La combine était de verser de l’eau bouillante pour les décoller. Actuellement, le problème est partiellement résolu, du fait que les échangeurs protégés par des caisson ajourés, baignent directement dans l’eau du lac. Un jour, ce fut l’émeute à bord de l’ITALIE, nous arrivions dans une zone polluée aux dires des passagers. «  Voyez, c’est jaune et visqueux et vous brassez ça avec les roues! » « Monsieur, c’est ce que vous enlevez sur votre pare-brise en ce moment, du pollen. »

Renata Roveretto
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20 avril 2025
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