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District d’Entremont et ses sobriquets

30 octobre 1976
Raphy Rappaz
Claude Kissling

Les sobriquets des localités du district d’Entremont

BAGNES

Les « Meutons », les moutons

Les Bagnards étaient de gros éleveurs d’ovins et des marchands de laine fort avisés. Du reste, une fabrique de draps avait été fondée en 1865 à Montagnier précisément pour utiliser la grande quantité de laine produite. Les méchantes langues prétendent que ce surnom aurait été une autre signification et que les Bagnards seraient apparentés avec les moutons de Panurge. On peut en douter quand on sait qu’il faut deux Nendards pour faire un Bedjui et deux Bedjuis pour faire un Bagnard. Concluez vous-même !

Et voici un quatrain sur les Bagnards :

Nòs àtres bons Bagnàs

Chei tui dè bons cheudàs ;

Quand nei pachà lo Merdenchon,

Nei tui cacà i pintalons.

Nous autres bons Bagnards

Somme tous de bons soldats

Quand nous avons passé le Merdanson

Nous avons tous c…dans les pantalons.

BRUSON

Les « Peis-Fazos », les fayots

Ce surnom est encore utilisé de nos jours pour qualifier les habitants de ce village de la commune de Bagnes. Ces haricots deviennent, particulièrement gros à Bruson et il ne faut pas s’étonner si les gastronomes en ont fait leur plat favori ! Ces derniers prétendent d’ailleurs, que leurs fayots sont si dodus, qu’on peut les prendre pour des pommes de terre ! Décidément la race des « Gabians » n’est pas près de s’éteindre en Valais !

SARREYER

Les « Brognons », les coupeurs de foin sauvages

Il n’y a pas si longtemps, le fromage de Bagnes si apprécié des connaisseurs, était fabriqué en grande quantité et chaque laiterie en était pourvue, même hors du canton. Il fallait donc beaucoup de bétail et, pour le nourrir, les Bagnards et plus particulièrement les Sarreyiens, n’hésitaient pas à risquer leur vie pour couper le foin sauvage avec la faucille sur les replats et les escarpements les plus abrupts. Du reste, l’abbé de Saint-Maurice, seigneur temporel de la vallée, n’avait-il pas mis en ban les « a pic » les plus dangereux et n’infligeait-il pas des amendes aux contrevenants ? Les mœurs, comme le fromage du reste, ont bien changé, hélas !

BOURG-SAINT-PIERRE

Les « Refatieux », les farfouilleurs

A croire que tous les « Bordillons » du Valais étaient atteints de la même maladie. Mais à cette altitude, les trouvailles ne devaient pas avoir le même gabarit que celles des Martignérains du Bourg. A force de mettre le nez partout, ils pourraient bien se le casser un jour !

LIDDES

Les « Pecà-Fàves », les mangeurs de fèves

La fève remplaçait autrefois la pomme de terre dans l’alimentation des Européens. Originaire des hauts plateaux de l’Amérique du Sud, ce tubercule ne fut introduit chez nous que vers la fin du XVIIIe siècle. Parmentier en fut le plus grand propagateur en Europe. Mais revenons à Liddes et à son étymologie. Ce nom signifie, paraît-il, « milieu » et ce village se trouve effectivement à peu près à mi-chemin entre Martigny et le col du Grand-Saint-Bernard. Mais personne n’a jamais su si les Lidderains étaient du « juste milieu » ou du « milieu » tout court ?

ORSIERES

Les « Botselons », les copeaux ou les buchilles

Ce surnom nous laisse entendre que beaucoup d’Orsiérains exerçaient le métier de scieurs. Il est vrai qu’il y a encore plus d’une scierie sur le territoire de cette commune. Mia il y a scieurs de bois et scieurs de bois. Si les uns scient de jour, d’autres préfèrent la nuit pour se faire entendre. Comme les nocturnes sont, semble-t-il, plus actifs que les diurnes ont peut dire avec Henri Salvador : « oh quelle nuit » !

SEMBRANCHER autrefois SAINT-BRANCHER

Les « Trabetsets », les chevalets

Genre de table à claire-voie sur laquelle on dépeçait les bêtes de boucherie et plus particulièrement les porcs. Peut-être les Sembranchards faisaient-ils la boucherie plus souvent qu’à leur tour ? Ou alors faut-il croire l’histoire ou la légende de la « bataille du Désert » selon laquelle des Valdotains entrés dans la vallée de Bagnes par le col de Fenêtre pour voler du bétail, furent abattus. Trois d’entre eux, épargnés afin de porter chez eux la nouvelle de leur défaite, auraient été capturés et écorchés vifs à Sembrancher sur un « trabetset » !

VOLLEGES

Les « Gotreux », les goitreux

Et voilà de nouveau les sonnettes ! Pauvres Vollégards ! Comme si votre réputation n’était pas déjà suffisamment ternie par l’emprisonnement dans votre château d’Etiez d’un évêque de Sion, condamné pour avoir osé tenir tête aux Haut-Valaisans ! Crime de lèse-majesté !

LE LEVRON

Sur la commune de Vollèges, les habitants du village du Levron, les Levronins ont été surnommés « les Autrichiens ». Lors de la bataille du Trient le 28 mai 1884, les Conservateurs étaient contre la Jeune suisse (les Radicaux). Durant cette bataille, les Conservateurs étant plus faibles ont été recherchés des mercenaires, ils les ont trouvés soit un groupe au Levron (Vollèges) et un autre à Chandonne (Liddes). Afin de les différencier les levronains ont été nommés les Autrichiens et les Lidderains domiciliés à Chandonne les Zurichois.

Aujourd'hui, on peut encore entendre ces deux sobriquets.

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  • Michel Savioz

    Les goitreux (goitrouques) est également le sobriquet des Vissoyards. En effet à une époque il manquait d'iode dans la nourriture ou dans l'eau à Vissoie...

Claude Kissling
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14 juillet 2019
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