Funambules sur un monstre

Funambules sur un monstre

Nicolas Perruchoud
Pierre-Marie Epiney

Ouvriers funambules italiens sur un monstre en construction à Tzararogne (au-dessus de Chalais). Pauvre rive gauche !

Chamoson – Chippis : une ligne à très haute tension

La nouvelle centrale de pompage et turbinage de Nant de Drance, opérationnelle à la fin de l’été 2021, permettra de produire 20 % en plus d’énergie destinée à la consommation suisse et européenne. Le transport de cette énergie nécessite un renforcement des installations entre Chamoson et Chippis. La construction d’une nouvelle ligne a été confiée à Swissgrid qui a obtenu le permis de construire du Tribunal fédéral en septembre 2017.

Les 77 pylônes prévus, hauts de 60 à 90 mètres, ont suscité un vif émoi de la part des riverains et de certaines collectivités publiques. Sont en cause non seulement le gigantisme des pylônes, leur emprise sur un paysage préservé, mais aussi l’aspect sécuritaire : plusieurs pylônes seraient exposés à des dangers naturels. A la suite d’une initiative parlementaire urgente, en avril 2019, le Grand Conseil valaisan est entré en matière pour bloquer les travaux. Un avis de droit l’en a dissuadé : seule la Confédération est compétente en ce domaine. En février 2020, le Tribunal fédéral a débouté les opposants au projet qui mettaient eux aussi en avant la problématique sécuritaire. Swissgrid a entamé les travaux en août 2018. Des entreprises locales ont mis en place les fondations. Actuellement, des ouvriers italiens travaillent à la pose des éléments supérieurs. Le premier pylône achevé domine le plateau de Tzararogne de ses 68,5 mètres.

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Maigre consolation pour les nombreux opposants : les 322 pylônes qui jalonnent 89 kilomètres de lignes dans la plaine du Rhône seront démontés.

En mai 2020, Jacques Antille, docteur en physique, a démontré dans une étude restée confidentielle, que l’enfouissement de la ligne aurait pu se faire à des coûts bien moindres que ceux avancés par les bureaux chargés des calculs.

La ligne très haute tension : un nouveau chapitre du conflit entre les nécessités économiques et la préservation des sites. On ne peut que regretter qu’une solution plus respectueuse de la nature et de l’avis de beaucoup de citoyens n’ait pas pu être trouvée.

Texte et photos : Nicolas Perruchoud

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Pierre-Marie Epiney
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15 juin 2020
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