Lucien Ménétrey, fondateur de l'Ecole Suisse de Céramique Repérage

4 août 1930
Feuille d'avis de Lausanne
Pierrette Frochaux-Chevrot

Source : Feuille d'avis de Lausanne 4 août 1930

On a rendu dimanche, à Chavannes, les derniers devoirs à Lucien Ménétrey, le doyen des bourgeois de la commune, son ancien syndic, décédé le 1er août, dans sa 77e année, après une pénible maladie. Avec L. Ménétrey disparaît une figure originale et populaire de la contrée, un homme qui y a joué un rôle en évidence et contribuée à son développement.

Bourgeois tout à la fois de Chavannes, de Renens et Poliez-le-Grand, Lucien Ménétrey était né le 20 avril 1853 à Chavannes, où il fréquenta de 1858 à 1865 l'école primaire. Il aimait raconter qu'il fit son premier voyage lors de l'inauguration du Bussigny-Yverdon, sur les genoux de son grand-père, sur un wagon de ballast. Le village de Chavannes comptait alors à peine une centaine d'habitants. On ne parvenait à Renens qu'après un long détour.

Quand, en 1869, il sortit de l'école, celle-ci comptait seize élèves. Il s'en fut à [Uebendorf], près Thoune, pour apprendre l'allemand ; il y resta dix-sept mois et rentra à Chavannes. Ce ne fut pas pour longtemps. En 1879, il partait pour Paris, en sabots ; il y débuta comme petit commissionnaire et garçon de recettes. Il suivit des cours commerciaux au Grand-Orient de France. Son assiduité et son intelligence lui valurent des prix nombreux. L. Ménétrey resta quinze ans à Paris et rentra en 1894 Chavannes, dont, pendant trente ans, son père avait été le syndic et son frère, syndic aussi pendant quatre ans. Pendant une dizaine d'années, il y tint le café de Chavannes-village. Il y fut dès 1894 conseiller communal, et de 1904 à 1912 syndic. Il s'appliqua à développer son village, à le doter d'utiles institutions ; il fit construire, non sans peines et sans difficultés, l'avenue de la Gare, qui relie Chavannes à la gare de Renens ; il créa la Poterie Moderne, dont il fut pendant vingt-cinq ans le président ; il fonda l'Ecole suisse de céramique, inaugurée le 1er septembre 1912 et que l'Etat devait reprendre plus tard. Il dota Chavannes de l'éclairage électrique, d'eau potable à domicile, du gaz, d'un réseau d'égouts, d'un plan d'extension, d'une bibliothèque communale ; il réforma entièrement le Service du feu, le dota d'engins modernes et d'hydrants.

Entre temps, il correspondait à divers journaux sous le pseudonyme Pierre Dif, de Pierre, de Jean-Pierre, écrivait des articles, des lettres, en particulier dans le Journal de Morges ; il fonde, possède et rédige, pendant plusieurs années, le Journal de Renens et, en cette qualité, fut l'un des fondateurs de l'Association de la Presse vaudoise. Il dota Chavannes de ses armoiries actuelles, composées par lui : « De gueules au chef d'argent à une arche de pont de sable, brisé en chef d'un trochet de trois cerises de sable tigées de simple brochant sur le tout et des trois lettres C H V de sable posées sur le chef » ; ces armes rappellent que jadis les hommes de Chavannes marchaient sous la bannière du Pont, une des cinq bannières de Lausanne ; les trois cerises signifient que Chavannes est le pays d'origine de la « guigne de Chavannes » nommée vulgairement cœur de pigeon. Il fonde et préside un comité d'initiative pour la construction d'un tramway de Renens à St-Sulpice. Il a construit, à l'intention des ouvriers de la Poterie moderne, qui ne surent pas les garder, quinze maisons ouvrières. Il a fondé le Cercle démocratique de Chavannes et fut l'un des membres les plus actifs de la Chambre de commerce vaudoise.

L. Ménétrey était un homme aimable, cordial, très cultivé, écrivant et parlant avec facilité. Il a beaucoup travaillé, et d'une façon désintéressée. Son nom restera intimement lié au développement et à l'histoire de Chavannes pendant une quarantaine d'années.

A. T.

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30 juillet 2015
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