Statue du Major Davel

Statue du Major Davel

Placée, comme on le sait, au pied du Château St-Maire en 1898, cette statue a beaucoup contribué à faire de Davel ce héros national vaudois qu'il est aujourd'hui.

Il n'en reste pas moins qu'il s'y est pris d'une manière bien naïve pour faire son coup d'état. Ce qui est d'autant plus étonnant, vu son passé militaire, autant international que bernois, et les études qu'il a dut faire pour être notaire!

Hors mis la partie mystique de son engagement (voir la très bonne présentation faite par les éditeurs du groupe "Le Major Davel") il n'avait visiblement pas une idée très claire sur la volonté réelle de la population (donc aussi des militaires puisque de milice!) de se débarrasser de la domination bernoise. Comme cette dernière était présente depuis presque 200 ans à ce moment-là, cela signifiait que bien des générations n'avaient rien connu d'autre. Les gens n'étaient probablement pas mieux ou moins bien traités que les "vrais" bernois du Simmental, de l'Oberland ou du Mittelland par exemple. Les paysans recevaient même des subventions ou des indemnités les années de disette!

Il faut dire aussi que l'arrivée des bernois en 1536 n'avait pas été que négative (à part les massacres commis par les confédérés au moment de la conquête en 1475). Les vaudois passaient alors d'une domination savoyarde et épiscopale (pour Lausanne et ses environs) encore bien moyenâgeuse à une vie plus réglée. Ecole pour tous, Académie, qui à la longue s'est développée en université (grâce à la réformation - il fallait former des pasteurs), une église débarrassée de sa corruption, de ses superstitions et habitudes moyenâgeuses (bon, c'était devenu un peu obligatoire d'y aller - au moins une personne par famille, et pas le plus idiote attention!). Les bernois ont aussi amené les idées du réformateur zurichois Zwingli (mort tragiquement en 1531) avec eux, ce qui a un peu calmé les ardeurs extrémistes de Calvin, épargnant ainsi aux vaudois l'expérience difficile d`une dictature calviniste comme l'a vécue Genève!

Le problème était différent pour les gens de la haute société vaudoise. En effet s'ils pouvaient accéder à des postes de bourgmestres, de conseillers ou de Lieutenant baillival, il leur était plus difficile d'obtenir un poste de bailli ou même de siéger au Grand-Conseil bernois par exemple. De même pour les carrières militaires, à de très rares exceptions près, il était quasiment impossible de dépasser le grade de Major. Même ce grade, Davel ne l'avait obtenu qu'après avoir fait ses preuves en se battant aux côtés des bernois, avec ses milices. Bref, on peut dire qu'en général, les patriciens de la Ville de Berne se gardaient les meilleures places pour eux; d'où une certaine frustration des élites vaudoises, mais visiblement pas assez forte pour une révolution en 1723.

D'ailleurs, la révolution vaudoise de 1798, plus de septante ans après le cas Davel, n'a été possible que grâce à la révolution française de 1789! Là non-plus, la population vaudoise n'a pas été déterminante au début. Ce sont les quelques riches lémaniques que l'on connait (et que je remercie), expatriés à Paris, qui ont montés le coup avec la collaboration des français républicains et encore révolutionnaires. La suite on la connait.

Tout ça pour dire le peu de chance qu'avait le Major Davel en 1723 de réussir son coup, tout seul, à la tête de ses 600 miliciens non-armés!

Enfin, c'est mon avis.

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Nicolas Ogay
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8 septembre 2012
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