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Albéric MAGNARD, Symphonie No 3, op. 11, OSR, Ernest ANSERMET, 25 septembre 1968

25 septembre 1968
Radio Télévision Suisse Romande
René Gagnaux

Pour Ernest Ansermet, Albéric Magnard était "[...]le seul de ces symphonistes qui donne l'exemple d'une authentique symphonie française [...]", les symphonies des élèves de César Franck (et celle de Franck lui-même) étant "[...]de la symphonie germanique [...] traduite [...]en français [...]". Lors du décès d'Albéric Magnard - mort pour la France au début de la Première Guerre Mondiale - Ernest Ansermet lui rendait hommage en première page de la Gazette de Lausanne du 27 septembre 1914:

"[...] La guerre impitoyable n'épargne ni les choses les plus sacrées, ni les âmes les plus hautes. Voici que nous bouleversent coup sur coup, la mort glorieuse de Péguy et la mort tragique de Magnard. Elles nous bouleversent et nous exaltent, d'ailleurs, toutes deux si belles et couronnant si justement les vies qu'elles interrompent. Comment ne pas voir, et sans une sorte de religieuse terreur, chez le musicien comme chez l'écrivain, la parfaite identité, la profonde cohésion de la mort et de la vie ? Magnard, qui meurt en combattant seul contre les uhlans envahisseurs, n'avait-il pas livré toute la lutte de sa vie seul contre tous?

Il était plus que sauvage; il était farouche, ignorant volontairement le monde et son temps. Fils du directeur du Figaro, Parisien de Paris, il aurait pu prendre une place brillante dans la société où il était né, et sur le boulevard. Il s'en tint obstinément éloigné, décourageant les avances qui pouvaient lui être faites par un abord bourru où se cachait une sensibilité connue seulement de quelques intimes. Homme de claire raison, mais attentif uniquement à sa vie intérieure, il était voué à la solitude.

Destiné d'abord au barreau, il avait quitté vers la vingtième année la Faculté de droit pour le Conservatoire où il suivit les classes de Massenet et de Théodore Dubois. C'était l'époque héroïque du wagnérisme et de l'école de Franck. Il fut vite gagné à ces causes, et refit, avec Vincent d'Indy, tout le cycle des études musicales. Tout jeune encore, en 1892, il eut un opéra, Yolande, représenté au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Sa carrière s'annonçait aisée. Mais il avait d'autres exigences. II se retira, pour les satisfaire, dans une campagne de l'Oise, à Baron, près de Nanteuil-le-Haudoin. Une succession assez considérable d'oeuvres musicales manifesta seule dès lors, extérieurement, le développement de sa pensée. Par ses seules oeuvres aussi il marqua sa réaction aux événements: l'«Hymne à la Justice» fut écrit à l'occasion de l'affaire Dreyfus, et l'«Ode funèbre», en mémoire de son père.

Mais ces oeuvres elles-mêmes, il ne se donna pas la peine de les mettre en circulation, et c'est la principale raison de leur manque de notoriété. Il lui suffit de les mener à chef. Désapprouvant les procédés habituels d'édition, il les fit publier par l'Imprimerie communiste l'«Emancipatrice», et en demeura seul dépositaire. Dédaignant de les soumettre aux chefs d'orchestre et aux virtuoses, il eut ce geste simple et fier d'en donner lui-même à Paris, un beau jour, un concert entier. Après quoi il rejoignit sa retraite et poursuivit sa tâche. C'est là que la mort vint le surprendre, exigeant de lui qu'il pousse jusqu'au sacrifice de sa vie la fidélité à soi-même. N'appartenant pas à l'armée, resté loin de ceux qui s'étaient groupés pour défendre leur sol, il voulut du moins défendre ce coin de sol qui était sien et où il cultivait à la fois la terre de France et la tradition musicale française.

Il eut cet héroïsme désespéré, de vouloir s'opposer, tout seul, aux uhlans qui l'allaient violer; il tua les premiers qui se présentèrent et succomba sous les coups des autres qui l'ensevelirent sous les décombres de sa demeure. Il n'y a qu'une chose qu'il n'avait pas prévue: c'est la lumière que son acte allait projeter sur son nom. Sa famille cependant avait été éloignée; mais il avait compté sans l'unique témoin resté près de lui. Toute la signification de sa vie et de son oeuvre apparaîtra à travers le récit de cette fin brutale. Et maintenant que, lui parti, l'oeuvre deviendra sans doute d'un accès plus aisé, elle ne manquera point de prendre dans la musique française la place à laquelle elle a droit.

Elle y est nécessaire. A son défaut, une place serait vide dans la musique française à côté de l'oeuvre de Dukas et de Vincent d'Indy. Parti dans la vie en même temps que Savard et Guy Ropartz, il est toujours resté dans son art assez près de ces deux musiciens, mais beaucoup plus fécond et important que Savard, plus original et d'un tempérament plus accusé que Ropartz. Sa musique ne porte guère de traces du premier enseignement qu'il reçut au Conservatoire. Elle garde, par contre, une certaine empreinte de l'influence de Wagner et de Franck, surtout dans ses premières oeuvres, et en particulier dans les morceaux de piano intitulés «Promenades». Mais il ne lui resta bientôt de cette influence que l'habitude et le goût du style polyphonique. Et cette polyphonie, un esprit bien français devait s'y exprimer de plus en plus clairement, caractéristique par la prédominance du rythme, la simplicité de la forme et la frappe mélodique des thèmes.

Comme toute sa vie, l'oeuvre de Magnard devait être soumise à l'«Idée». Et c'est pourquoi elle est presque tout entière ce qu'on est convenu d'appeler de la musique pure: sonates et symphonies. Celles-là même de ses oeuvres qui ont un sujet le prennent ou le transportent dans le monde de l'abstraction: ainsi l'«Hymne à la Justice» et l'«Ode funèbre» citées plus haut; l'«Hymne à Vénus», «Guercoeur», drame allégorique humanitaire. Et lorsque Magnard mit en musique «Bérénice», il semble qu'il ait été séduit, moins par le sujet lui-même que par le ton tout classique dans lequel il était traité. Lorsqu'un tempérament français dédaigne la sensibilité, il atteint tout de suite le rationalisme le plus rigoureux et l'austérité la plus absolue.

Ainsi Magnard. Sa musique est dépouillée de tout agrément sensuel, de toute grâce sonore, non parce qu'elle les repousse, mais parce qu'elle les ignore et n'en a nul besoin. C'est par là que son classicisme diffère complètement de celui de Dukas. Mais la raison qui la régit n'est pas la raison froide et didactique de d'Indy. Plutôt qu'à celle de n'importe quel musicien, l'oeuvre de Magnard pourrait être apparentée à celle d'un Cauchy ou d'un Henri Poincaré. Comme l'oeuvre de ces mathématiciens, elle est l'instrument d'une raison passionnée. Car la passion y est débordante. Mais une passion intellectuelle. J'entends encore certains passages de la sonate pour piano et violon où les instruments poursuivent leur polyphonie, sans souci de l'âpreté harmonique, avec une ténacité vraiment étonnante et une tension éperdue. On peut ne pas aimer un art pareil, qui semble ne pas se douter qu'il est fait pour l'oreille. Mais il faudrait étendre le désaveu à presque toutes les oeuvres néo-classiques. Et entre toutes, celle de Magnard s'impose par sa probité et sa vérité.

Des nouvelles de Paris annoncent que l'envahisseur a emporté la plupart des bibelots qui ornaient la maison de Magnard. S'il a emporté ses oeuvres, il ne les ouvrira pas sans étonnement. L'Allemagne était si remplie de sa propre musique qu'elle se refusait à connaître celle des autres. Et son attitude en imposait au loin. Les événements actuels pourraient bien changer tout cela. Il faut bien se rendre à l'évidence que cette guerre ne se borne ni à des discussions diplomatiques ni à des engagements militaires. Déjà, elle a fait tomber bien des masques. Et l'on peut attendre d'elle qu'en d'autres domaines encore elle rende certaines justices, comme naturellement, dans l'enchaînement des victoires. E. ANSERMET [...]"

Albéric Magnard dirigea la première audition de sa troisième symphonie le 14 mai 1899 à Paris. Ce concert, entièrement consacré à sa musique, comportait également la Symphonie no 2, l’Ouverture op. 10, le Chant funèbre et ses Poèmes pour voix et orchestre.

La deuxième audition parisienne fut donnée le 6 novembre 1904 (*), sous la direction de Chevillard. Albert Roussel assistait au concert, il écrivit dans sa lettre à Mademoiselle Taravent (future Mme Sérieyx) du 16 novembre suivant:

"[...] Chevillard a joué dimanche, et très bien, la 3e symphonie de Magnard. Grand succès et succès mérité. L'oeuvre est vraiment belle, très classique, pleine de vie et de chaleur et solidement construite, c'est d'un musicien rare. On pourrait reprocher à l'orchestre d'être par trop exclusivement basé sur le quatuor, mais il faut reconnaître que l'auteur se sert des cordes comme pas un et en connaît admirablement toutes les ressources. Si ça pouvait donner l'idée à Carré de monter Guercoeur. [...]"

Romain Rolland, également présent au concert, enthousiasmé, écrivit aussitôt à Richard Strauss: "[...] Il me semble, avec Debussy et Dukas, le compositeur le plus original de la jeune musique française; et peut-être a-t-il quelque chose de plus fort et de plus âpre que les deux autres[...]"

(*) Il est souvent mentionné que ce concert aurait été donné en novembre 1905. La correspondance d'Albert Roussel avec Auguste Sérieyx - restée inédite jusqu'en 1959 - prouve toutefois que ce concert a bien été donné en novembre 1904.

La première audition suisse fut donnée le 7 janvier 1910 à Lausanne, par Ernest BLOCH conduisant L'Orchestre Symphonique du Casino Lausanne-Ouchy («Ernest Bloch - Sa vie et sa pensée», Joseph Lewinski et Emmanuelle Dijon, Vol. I, pp. 456-472, plus particulièrment la page 460 avec une reproduction du programme). L'accueil du public fut mittigé:

"[...] La «Symphonie» de Magnard, que l'on entendait pour la première fois, a laissé le public un peu froid; c'est pourtant une oeuvre de rare distinction et dont M. Bloch a très heureusement fait ressortir l'inspiration éminemment poétique. [...]" cité de la Tribune de Lausanne du 8 janvier 1910

Dans la «Vie musicale» du 15 janvier 1910, pp. 172-173, est citée l'opinion d'Edouard Combe:

"[...] Il faut savoir gré à M.Bloch de nous avoir fait entendre une symphonie d'Albéric Magnard. [...] Elle exige un phrasé tout particulièrement soigné. Or les cordes de notre orchestre ont manqué en général de sonorité et le phrasé n'a pas eu l'envol et le chatoiement voulus [...]".

Le 13 janvier suivant Ernest Bloch dirigea cette symphonie à Neuchâtel:

"[...] Magnard est un musicien qui gagne à être connu; quand on l'a entendu une fois, il est difficile de l'oublier, car son talent généreux et sincère s'impose immédiatement malgré son apparente sévérité. Sous la direction de M.Bloch, l'orchestre a joué cette symphonie avec ferveur.[...]" cité de la Feuille d'Avis de Neuchâtel du 14 janvier 1910, page 4.

Pour le Schweizerische Musikzeitung du 5 février 1910, page 57, "[...] M.Bloch nous a donné une excellente exécution d'une oeuvre difficile: la Symphonie en si bémol d'Albéric Magnard. Je ne dirais pas que tout le monde goûtat la beauté et l'émotion toujours tendue de cette oeuvre intéressante; mais par la manière vivante et claire dont il l'a rendue, M.Bloch lui a certainement gagné de nombreuses sympathies. [...]"

Ernest Bloch voulait redonner ce concert le 17 janvier à Genève, ce qui lui fut toutefois refusé par le Conseil d'administration du Casino de Lausanne-Ouchy «pour ne pas fatiguer l'Orchestre de Lausanne dans ce voyage»...

Presque une dizaine d'années plus tard, le samedi 20 décembre 1919, Ernest ANSERMET donnait à Genève - au Victoria-Hall - et à Lausanne - lundi 22 suivant, au Temple de St.-François - une audition de la troisième symphonie d'Albéric Magnard. "[...] La troisième Symphonie date de 1896 et a éte publiée en 1902. Elle est une des réalisations les plus heureuses de Magnard, par la qualité de la matière thématique, par la sobrieté, la clarté et les belles proportions de la forme, par la cohésion des divers mouvements. Elle est aussi, et par là même, un type remarquable de symphonie «française», avec son ouverture à la Lully (lent-vif-lent), ses danses si riches de caractere malgré leur dédain de tout pittoresque, son andante pastoral et son final enjoué qui ramène sans effort le motif de l'ouverture. [...]" cité du programme de ce concert du 20 décembre 1919. Dans le programme il est mentioné qu'il s'agissait d'une première audition, ce qui n'était toutefois pas tout-à-fait exact: c'était une première audition seulement pour l'OSR, la première audition suisse ayant été donnée par Ernest Bloch, voir un peu plus haut.

Aloys Fornerod commentait le concert de Lausanne dans la Tribune de Lausanne du 24 décembre 1919 en page 3, pas satisfait de l'interprétation d'Ernest Ansermet, ne correspondant pas à son optique - il n'aimait apparement pas les mathématiciens...

"[...] La troisième symphonie d'Albéric Magnard atteste la vitalité de cette langue musicale classique dont l'abandon, nous dit M. Pierre Lasserre, entraînerait la musique européenne dans la voie de la décadence pour la faire tomber plus ou moins rapidement au niveau de la musique arabe ou chinoise, au niveau de la rue du Caire.

Magnard est si dédaigneux du succès, que son oeuvre se présente, au premier ahord, sous un aspect rébarbatif. La sonorité n'est pour lui qu'un moyen d'exprimer sa pensées II a une telle pudeur, un tel dédain de l'effet, qu'il en est distant; il est d'une telle intransigeance qu'il paraît dur. Mais sous cette écorce rugueuse se cache un arbre généreux de la forêt de France. Pour ne pas s'étaler avec lourdeur et affectation, l'émotion n'en est pas moins jaillissante à chaque phrase de sa musique. Rien n'est plus éloigné de la sécheresse que la chaleureuse pensée d'un Magnard.

L'analyse que donnait de son oeuvre le programme officiel du concert (**) tente de l'apparenter à l'oeuvre d'un Cauchy ou d'un Henri Poincaré. Nous croyons que c'est trahir Magnard que de le présenter sous cet aspect au public. Il faut, pour caractériser la musique émouvante de l'auteur de «Bérénice», faire appel à un tout autre ordre d'idées que mathématique. Bien plutôt cette comparaison pourrait être appliquée à l'exécution froide et polie que M. Ansermet donna de la symphonie troisième de ce grand musicien; Magnard n'est pas d'hier mais de demain, car son coeur regarde vers l'avenir et peut être le point de départ d'un art symphonique français libéré de la tutelle germanique et des subtilités sous-debussystes. Elle répond fièrement à ceux qui ne veulent voir dans la musique française que grâce, finesse, charme et sensualité tendre. Magnard a la grâce et la finesse, certes; il a aussi le charme, pour ceux qui peuvent le séparer de la sensualité; mais il a aussi, et surtout, la grandeur. Et la musique de cet homme que les Allemands ont assassiné exprime aussi l'héroïsme de ceux dont le sang a grossi la Marne pour défendre «leur âtre et leur feu, et les pauvres honneurs des maisons paternelles». [...]"

(**) Le programme du concert reprenait le texte d'Ernest Ansermet publié dans la Gazette de Lausanne du 27 septembre 1914, cité plus haut.

Le samedi 26 octobre 1929, Ernest Ansermet et l'OSR avaient à nouveau mis cette symphonie au programme de leur concert. La brochure-programme de ce concert donnait quelques précisions de plus sur cette symphonie:

"[...] On a remarqué que les successeurs de Beethoven dans la symphonie en avaient en quelque sorte rétrécit la portée ou plutôt l’avaient individualisée davantage, en y accentuant le caractère national. À cet égard, Magnard a fait en France ce qu’ont fait en Allemagne Schumann et Brahms et rien n'est plus typique à ce propos que sa troisième symphonie, dont le premier mouvement est une ouverture à la française, le scherzo des «danses», le mouvement lent une «Pastorale», et le Finale un rondeau claironnant couronné par un retour du choral initial.

Mais s’il suivait ainsi l'évolution naturelle du genre vers une individualisation plus marquée, Magnard n’en faisait pas moins, de l’objet particulier de son inspiration, un moyen d’expression de sentiments tout généraux. En celà il est moins académique et plus fidèle à l’esprit de la tradition beethovenienne qu’aucun autre musicien français. Ses «danses», par exemple, n’ont rien du pastiche; françaises de tour, elles sont des danses paysannes, et prennent aussitôt un accent généralement populaire et terrien. Le «Choral» qui lui sert d’introduction , et qui unit, par ses retours, les diverses parties de la symphonie, coupé dès l’abord de phrases élégiaques, est un élément expressif, une partie active du langage lyrique. Le motif de la «Pastorale» exposé par le hautbois, ne reste pas confiné dans son pittoresque ou sa poésie propres, et donne lieu aussitôt à des développements et des variations d’une portée expressive toute générale.

Si tous les éléments de la symphonie n’ont pas entr'eux cette unité interne qui n’a pas besoin de se marquer extérieurement et qui est l’apanage du seul Beethoven, ils sont si bien ordonnés — et ici la forme, ou la composition , vient au secours de l’expression — que la démarche de la pensée apparait clairement dans sa continuité et son unité. Dans son ensemble, la symphonie a l'allure d’une «héroïque». Par l’élan et la spontanéité de son lyrisme, par la clarté de son ordonnance, elle est un exemple rare et peut-être unique de l'assimilation d’une musicalité française à l'esprit de la symphonie. [...]"

Ernest Ansermet fut le premier à enregistrer pour le disque une oeuvre symphonique de Magnard, cette 3e symphonie, avec «son» Orchestre de la Suisse Romande, en septembre 1968. Ce fut son dernier disque.

L' enregistrement qui vous est proposé ici provient d'un concert donné également en septembre 1968, plus exactement le 25 septembre, non pas au Victoria-Hall, mais à la Maison de la Radio, boulevard Carl-Vogt, et retransmis en direct sur l'émetteur de Sottens. Au programme:

  • Franz Schubert, Entractes de Rosamunde
  • Franz Schubert, Symphonie No 8 en si mineur, dite «Inachevée»
  • Albéric Magnard, Symphonie No 3 en si bémol mineur, op. 11

François Hudry - qui assistait au concert - se souvient:

"[...] Découvrir une oeuvre de cette envergure pour le jeune homme curieux que j'étais, était un éblouissement. Il faut dire que le début de cette symphonie est très frappant. Un choral qui semble provenir de la nuit des temps avec ses quartes, ses quintes, ses octaves et dont l'austérité instaure un climat de ferveur inoubliable. Et que dire de l'admirable cantilène du hautbois solo dans la magnifique pastorale qui monte par paliers vers une sérénité rare dans l'oeuvre de Magnard. Le reste de l'oeuvre est âpre et hautaine comme l'était l'homme. Une oeuvre sans aucune concession, de la pure musique qu'Ernest Ansermet a été le premier à restituer au disque comme au concert. Il a fallu attendre l'enregistrement des quatre symphonies par Michel Plasson, vingt ans plus tard, pour que cet univers si particulier soit enfin accessible au disque dans sa totalité. [...]" cité du texte de François Hudry publié dans la brochure du CD VEL 3128 de Cascavelle.

L'enregistrement qui vous est proposé ici a quelques imperfections techniques, des défauts de transmission lors de la diffusion à la radio, mais ces défauts sont vraiment minimes.

À souligner que l'enregistrement de cette partie du concert fut publié sur le 3e volume de la collection Ernest Ansermet de Cascavelle mentionné ci-dessus - disque compact VEL 3128, photo de la pochette à gauche, avec la Symphonie sur un chant montagnard français "Cévenole", op. 25, de Vincent d'Indy, Robert Casadesus au piano. Un superbe disque compact! Mais comme Cascavelle a hélas cessé d'exister, ce CD n'est plus disponible sur catalogue. On peut toutefois en trouver encore quelques exemplaires, comme par exemple à la boutique de la Radio Télévision Suisse (état au 2 juin 2019). État au 22 mars 2020: n'est plus en stock.

L' enregistrement que vous écoutez...

Albéric Magnard, Symphonie No 3 en si bémol mineur, op. 11, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 25 septembre 1968, Maison de la Radio, boulevard Carl-Vogt, Genève

  1. Introduction et Ouverture. Large – Vif.......12:10 (-> 12:10)
  2. Danses. Très vif........................................06:32 (-> 18:42)
  3. Pastorale. Modéré....................................09:20 (-> 28:02)
  4. Final. Vif...................................................08:52 (-> 36:54)

Provenance: Radiodiffusion, archives RSR resp. RTSR

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  • Renata Roveretto

    Cher René merci, quelle belle découverte je viens de faire encore grâce à vous ! Oui j'ai écouté plus d'une fois et j'aime profondément entendre la volonté première de ce compositeur, lequel me semble vouloir s'exprimer musicalement de façon encore bien plus prononcée...mais pour cela il aurait fallu oser et c'est justement ce que lui il devait savoir, j'en ai l'intime conviction. Renata

René Gagnaux
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4 juin 2019
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