Salvatore Fiorilli
Salvatore Fiorilli
Avant-dernier d'une famille de six enfants, Salvatore Fiorilli a vu le jour le 29 mars 1949 à San Bartolomeo in Galdo en Campanie. Dans une Italie qui se relève de plusieurs années de guerre, son enfance se partage entre l'école et le travail de la terre. « L'immédiate après-guerre n'a pas été une période facile. Je dirais même que, jusqu'au milieu des années cinquante, nous avions juste de quoi manger. De plus, la guerre avait laissé bien des traces ; mon père qui a passé sept ans au front n'est jamais véritablement parvenu à se remettre de cette terrible expérience. Après l'école, j'allais garder les vaches ou les moutons. J'étais en quelque sorte l'ouvrier agricole de mes parents. »
À l'âge de quatorze ans, il débute une formation de forgeron. « Comme nous utilisions encore des mulets et des chevaux à la campagne, le forgeron était un peu le mécano de l'époque. Je me suis donc formé à cette profession au village, mais, n'ayant pas l'argent nécessaire pour me rendre à Naples passer mes examens, je n'ai malheureusement pas obtenu mon diplôme. »
Trois ans plus tard, il choisit de rejoindre son frère en Allemagne. « Bien décidé à gagner des sous, un jour, j'ai pris un train pour Stuttgart où Antonio travaillait. Là-bas, engagé comme soudeur, j'ai participé à la construction du métro de la ville. Le boulot n'était pas dur, mais dangereux. Pour souder, sans être attachés, nous marchions sur des poutres se trouvant à une dizaine de mètres du sol ! Quant à l'accueil des Allemands, il a été très correct. Mon frère et moi résidions dans des baraquements pour ouvriers à l'hygiène irréprochable. »
Fort de cette première expérience à l'étranger, le jeune Salvatore rentre au pays. « Comme ma sœur qui venait de se marier s'en allait en Amérique, il n'y avait plus que moi pour venir en aide aux parents. De retour d'Allemagne, j'ai donc passé une année à leurs côtés. En plus du travail à la ferme, durant une trentaine de jours, j'ai également conduit des moissonneuses-batteuses dans les Pouilles. Constatant qu'aucun de ses fils n'était intéressé à reprendre son activité, mon père a ensuite décidé de liquider l'exploitation. »
En 1968, Salvatore Fiorilli fait ses bagages pour la Suisse où réside son frère aîné. « Une fois à Sierre, j'ai été engagé comme manœuvre par l'entreprise Gillioz où Michel exerçait la profession de grutier. Par la suite, je suis devenu maçon chez Constantin-Tissières à Granges. Une fois que j'avais acquis une certaine expérience, les patrons m'ont confié la responsabilité de plusieurs petits chantiers. »
Dans les années septante, à Sierre, il fait la connaissance de sa future épouse originaire du même village que lui. « Nous venons tous les deux de San Bartolomeo in Galdo. Comme j'avais effectué de nombreux séjours à l'étranger, nous nous connaissions seulement de vue. C'est à vrai dire, ici, en Valais que nous nous sommes rencontrés ! »
Quant à son épouse, elle était encore adolescente, lorsque ses parents ont décidé de s'installer en Suisse. « Jeune fille, j'ai rejoint ma famille en Valais où mon père exerçait le métier de cordonnier. Aujourd'hui, c'est mon frère, cordonnier en ville de Sierre, qui a repris le flambeau. »
En 1980, Salvatore Fiorilli est engagé aux usines valaisannes d'aluminium. « Suite à une brouille avec mes patrons, j'ai postulé à Chippis. C'est ainsi que j'ai commencé aux fours d'électrolyse. Manœuvre, je faisais un peu de tout : je cassais la croûte, je transportais la farine, je soignais les fours. J'ai appris le métier au contact des anciens. Par la suite, j'ai été assigné à deux lignes de fours. Je suis resté à l'électrolyse jusqu'à la fin. J'ai d'ailleurs participé au démontage des fours. Durant plusieurs mois, à l'aide d'une machine, j'ai découpé ces fours que je connaissais par cœur. On m'a alors proposé un poste à la fonderie. Une fois de plus, il a fallu que j'apprenne un nouveau métier ! Aujourd'hui, j'y occupe une place de chauffeur : mon boulot consiste à transporter de quoi alimenter un grand four. »
À quelques années de la retraite, il n'envisage pas de rentrer définitivement au pays. « Selon moi, la question de l'intégration repose pour l'essentiel sur le comportement adopté par chaque individu. Si certains de mes compatriotes ne se sont jamais intégrés, c'est avant tout parce qu'ils n'ont pas fait l'effort que cela demande. J'avoue aussi que je suis quelqu'un pour qui s'adapter n'est pas un problème. Puisque nos deux enfants qui sont nés et ont grandi ici comptent bien faire leurs vies en Suisse, il y a peu de chance pour que ma femme et moi retournions définitivement au pays. Ce qui me manque le plus, c'est l'ambiance qu'il y a au pays. Au village, le soir venu, les gens se promènent, se rencontrent, se parlent. À Chippis, dès 21h les rues sont vides. C'est bien dommage ! »
C'est bien pour ses raisons que les Suisses adorent prendre des vacances en Italie; tout les italiens les saluent, leur parlent....cette recherche de chaleur humaine si nécessaire mais hélas si rare en Helvétie. On peut voir 1 DVD remarquable au sujet des Italiens travailleurs en Suisse puis rejeté par l'initiative Schwarzenbach... Référence; "Les années Schwarzenbach" de Salvatore Bevilaqua, Bruno Corthésy, Katharina Dominice et Luc Peteter. Commande et diffusion: Connaissance 3. Place de la Riponne 5, 1005 Lausanne 021 311 46 87. www.connaissance3.ch
A lire : Vingt histoires de migrants, leur départ d'Italie, leur arrivée en Suisse : Titre : Des Ritals en terre romande / Raymond Durous Lieu / Dates Vevey : Ed. de l'Aire, 2010-2012 - 2 volumes.