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Dernier concert pour Michel Jordan

Dernier concert pour Michel Jordan

Voici l'article que j'ai proposé à l'Omnibus pour la dernière apparition de de Michel Jordan en concert. La photo est prise lors de la mise en voix avant le concert final.

Michel Jordan, musicien et chrétien.

Pour ceux qui connaissent bien Michel Jordan, on peut affirmer qu’il avait jusqu’à peu de temps deux résidences : sa maison de la route de Vaulion et l’abbatiale qu’il rejoint par le raidillon du Pont-Couvert. Alors qu’il avoue y avoir travaillé la nuit, le bâtiment millénaire a abrité à la fois le musicien et le chrétien. C’est entre ces deux facettes que cet article va fluctuer.

En effet, dès son adolescence, il a conjugué un double appel, celui de la foi et de la musique. Très tôt, ces deux voies se sont rapprochées lors d’un événement notamment dont il se souvient très bien ; à 14 ans, alors qu’il suivait sans passion des cours de piano, l’orgue joué par l’organiste de l’époque retint vivement sa curiosité. Il s’en approcha et découvrit alors un monde fascinant de claviers, pédales, registres et tuyaux. En parallèle, sa foi s’éveillait par l’entrée chez les JP (Jeunes Paroissiens) d’Orbe. Il y rencontrera d’ailleurs Geneviève sa future épouse. Dans ce moment charnière de son existence, il fut appelé, à 16 ans et en remplacement de son prof, à tenir le clavier de l’orgue des EPO de Bochuz pour les célébrations, clavier qu’il gardera d’ailleurs un demi-siècle. Il y vivra des moments émouvants par des contacts personnels avec des détenus mais aussi parfois intenses où 40 détenus n’étaient en présence que du pasteur et de lui-même lors des célébrations.

Son expérience à Romainmôtier remonte à 1972 lors de l‘arrivée des orgues, date où le pasteur Tüscher s’y reprit en plusieurs fois pour le faire venir. Il voulait un organiste de terrain qui se dévoue à son instrument. Il trouvera aussi un homme de foi qui s’impliquera très vite dans la vie de la paroisse et aussi dans celle de la FPO (Fraternité de prière oecuménique) où il est chantre depuis 15 ans et assurant cette fonction dans la majorité des trois offices quotidiens. Ayant fonctionné sous quatre pasteurs et lors de plus de mille mariages, il a fait résonner sa foi et celle de la musique dans cette bâtisse dont l’architecture le touche. Comme d’autres lieux, il a a senti le divin agir et participer à son apprentissage de chrétien.

On terminera en évoquant son parcours choral. C’est sous la conduite de Liliane Tüscher qu’il fit partie de la Maîtrise d’Orbe, choeur d’enfants de musique sacrée. Puis c’est encore à l’âge des JP que son parcours vocal va se poursuivre par un ensemble de jeunes choristes, l’ « Atelier vocal » où ses talents le menèrent déjà vers la direction. S’en suivirent notamment des cours hors de Suisse pour fonder finalement la Chapelle vocale de Romainmôtier en 1978. L’évocation de plus de vingt grandes oeuvres complète un tour d’horizon accéléré de son parcours dont il retient spécialement le requiem de Mozart et la messe en si de Bach. Il rappelle aussi le Magnificat du dernier nommé, mettant une conclusion à son dernier concert le mois dernier ; il a trouvé dans ces oeuvres une grandeur, une lumière qui ont certainement impacté sa foi surtout par la complicité que la musique entretient avec les paroles qui lui sont associées.

Nul doute que Michel peut avoir un regard plein d’estime sur son propre parcours avec le bonheur que l’âge laisse aux musiciens, soit celui de leur laisser la pleine possession de leurs facultés musicales. Son art et sa foi lui permettront de transmettre encore de beaux moments puisqu’il désire encore remplacer à l'occasion ou passer de l’autre côté du lutrin pour n’être plus que simple chanteur.

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