Qui était Paul Colomb ?
Qui était Paul Colomb ?
Je me suis posé cette question en trouvant parmi des photos de famille celle-ci, légendée au dos « Paul Colomb 1890 -», Colomb n’est pas un nom « familial » ! Une recherche sur internet et un site de généalogie m’a permis de le situer, mais le lien – s’il existe – avec la famille Gaudin/Émery m’échappe toujours.
Un faire-part paru dans la Tribune de Genève annonce son décès à Yokohama le 5 février 1912. Qu’y faisait-il avec sa femme et sa fille ? Et aussi avec son frère Jules… Il se trouve que Jules (1847-1914) et Paul (1849-1912) étaient les neveux d’Aimé Humbert-Droz (1819-1900). C’est une personnalité politique éminente à Neuchâtel, comme conseiller d’État puis conseiller aux États. Ministre plénipotentiaire au Japon en 1862, il signe le premier traité de commerce nippo-suisse en 1864. Il publie un récit de sa découverte du Japon à partir de 1866 dans la revue Le Tour du Monde. Pour plus de détails se reporter à la notice du Dictionnaire historique suisse. Mais ce qui importe pour les frères Colomb c’est que leur oncle était le président de l’Union horlogère suisse créée en 1858. Et donc, il envoie ses neveux fonder un comptoir à Yokohama en 1875. La vente de montres débute à très petite échelle et les Colomb font commerce d’un peu tout.
À la fin du XIXe siècle, la concurrence d’autres importateurs, l’apparition de fabricants japonais de montres bon marché, la politique douanière protectionniste japonaise et peut-être une mauvaise gestion de leurs affaires conduisent à la faillite des deux frères. Il croulent sous les dettes. Tous leurs biens à Yokohama sont vendus aux enchères…
Cette faillite a entrainé en 1914 celle du Comptoir japonais de Genève à la Grand-Rue, 7-9, qui était géré par la sœur de Jules et Paul, Amélie (1854-1925).
Paul avait épousé à Paris en 1893 Jeanne Cadol, fille d’Édouard Cadol, auteur prolifique de comédies et de romans. Le faire-part détaille qui étaient les témoins mais ne dit rien du marié ! Paul est mort brutalement d’une crise cardiaque à 62 ans.
Bien intéressante notice! Je suis allée fureté dans e-newspapers pour retrouver la trace des Colomb au Japon et voici ce que j'ai trouvé dans L'Impartital, 5 avril 1898:
L'HORLOGERIE AU JAPON — La légation de France à Tokyo, adresse au "Moniteur officiel du commerce" les renseignements suivants sur le commerce de l'horlogerie au Japon. Les montres ayant le plus d'écoulement au Japon sont les montres en argent ne coûtant pas plus de 20 fr. au lieu d'origine et valant entre 7 et 8 dollars mexicains au japon (20 à 23 fr.)
Il se vend extrêmement peu de montres avec bulletin d'observatoire.
Les plus importantes maisons européennes sont à Yokohama:
Favre-Brandt. Colomb frères.
Ces maisons sont suisses. Elles revendent aux horlogers japonais et monopolisent pour ainsi dire tout le commerce de l'horlogerie au Japon. MM. Favre-Brandt et Colomb frères ont déjà leurs correspondants en Suisse. MM. Colomb ont leur propre fabrique qui ne travaille que pour eux. Aussi on doute fort qu'ils acceptent une nouvelle représentation. MM. Colomb notamment ont à plusieurs reprises refusé des offres de services qui leur étaient faites.
Est-ce que leur isolement a contribué à leur faillite? C'est une question à élucider.
Merci pour ces précisions. Je renvoie à l'article très documenté de Pierre-Yves Donzé, « Des importateurs suisses de Yokohama aux fabricants d'horlogerie japonais : le marché de la montre dans le Japon de Meiji, 1868-1912 » sur https:// doi.org/10.3917/rhmc.571.0168
Merci, M. Donzé est effectivement l'homme à qui la montre suisse n'a rien a caché! Il a aussi enseigné quelques années au Japon.