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Les origines de la Fête des Vignerons

8 juillet 2019
Fêtes des Vignerons, Vevey
Guillaume Favrod

L’abbaye des vignerons fait de temps en temps une parade ou fête générale, qui par sa singularité attire un concours considérable de curieux de tout le pays. Jadis, elle avait un caractère de simplicité qui la rapprochait de son but. C’était une procession joyeuse de vignerons dans le costume de leur état, portant leur fossoir sur l’épaule et n’oubliant pas le barillet [...]. On appelait cette procession la fête des mau-couverts ou des mal- habillés.

Voici comment les deux chroniqueurs et savants de l'époque, Louis Levade (Abbé-Président de la Confrérie des Vignerons à cette époque) et Daniel-Alexandre Chavannes décrivent l'Abbaye des Vignerons dans leur Statistique du District de Vevey en 1806. On comprend dès lors que les premières « Fêtes » ont un aspect bien différent d’aujourd’hui. Au 17e siècle, l’Abbaye de l’Agriculture ou Abbaye des Vignerons, dite de St-Urbain, visite une fois l’an les vignes de ses membres et établit un classement des meilleures vignerons- tâcherons. Les « mauvais cultivateurs » sont réprimandés et sanctionnés. Dès le milieu du 18e siècle, les mentalités changent et le Conseil décide de récompenser les meilleurs tâcherons et d’encourager l’amélioration des cultures. Des prix sont attribués et les meilleurs vignerons sont placés en tête de la parade effectuée dans les rues de la ville après l’assemblée générale. Les tâcherons primés défilent triomphants, accompagnés de l’Abbé-Président, du Conseil et des membres de la société.

Le couronnement n'existe pas encore. Il n'apparait qu'à la fin du 18e siècle. Comme l'explique la Description de la Société des Vignerons de 1791 :

En attendant qu’on puisse mieux faire, la Société accorde quelques marques de distinction aux Cultivateurs de Vignes, qui se sont distingués. Ils marchent en tête de la Parade dans une espèce de triomphe, recevant publiquement le témoignage d’approbation, pour leur diligence et leur habilité ; et sont invités au dîner de la part de la Société, avec ceux qui ont en fait le principal ornement.

En célébration des racines antiques de l’agriculture et de la viticulture, divinités gréco-romaines et figures judéo- chrétiennes s’ajoutent au cortège ; Bacchus (1730), Cérès (1747), Palés (1797) mais aussi Noé (1765), le premier homme à cultiver la vigne dans le récit biblique, sont joués par des figurants costumés. Au fil des ans, la notoriété comme la sophistication des parades ne cessent d’augmenter et le nombre de spectateurs s’accroit. Pour répondre à cet engouement et promouvoir cette tradition, le conseil introduit une nouvelle étape à sa procession : le couronnement. La mise en scène exige alors un lieu, la place du Marché étant toute indiquée. La parade se transforme alors en Fête.

Référence : Guillaume Favrod, 1797-2019 : Deux cent ans d’évolution des arènes de la Fête des Vignerons, 2018, p. 1.

Crédit photographie de couverture : Dépliant de la Parade de 1791 © Confrérie des Vignerons

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