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Maurice RAVEL, Don Quichotte à Dulcinée, Pierre MOLLET, OSR, Ernest ANSERMET, mercredi 20 novembre 1960

20 novembre 1960
Radio Télévision Suisse
Radio Suisse Romande, R.Gagnaux, sources indiquées dans le texte

Le recueil des trois chansons de Don Quichotte à Dulcinée est l'oeuvre ultime de Maurice Ravel, elles furent écrites en 1932-1933 sur des textes de Paul Morand, et éditées en même temps pour piano et en version d'orchestre. Elles devaient servir d'intermède musical dans le film de G.W. Pabst inspiré de l'oeuvre de Cervantès. Mais Maurice Ravel ayant pris du retard, le producteur confia le travail à Jacques Ibert, qui composa en toute hâte quatre mélodies pour illustrer le film.

Ernest ANSERMET donna la première audition suisse de cette oeuvre de Maurice Ravel le mercredi 23 novembre 1938, dans le 4e concert d'abonnement de la saison 1938-1939, avec Charles Panzera en soliste. Dans le programme de ce concert fut publié le court commentaire suivant:

"[...] Ces pièces vocales sont la dernière oeuvre due à la plume du regretté Maurice Ravel, qui n'en put même terminer l'orchestration; celle-ci fut achevée par son élève Rosenthal. Chacune de ces trois chansons est construite sur un rythme espagnol. La première «Chanson romantique» adopte le rythme de «guajira», danse espagnole vraisemblablement issue de l'Amérique du Sud, le mot guajiros désignant la population indienne de la presqu'île de Goajire. La deuxième pièce «Chanson épique» emprunte le rythme de «zortzico», danse basque à cinq temps. Enfin, la troisième, «Chanson à boire», est écrite sur un rythme de «jota», danse particulièrement populaire en Aragon. [...]"

Ces trois chansons de Maurice Ravel résument son humour, son goût de la vie et son attirance pour la couleur et le pittoresque ibériques.

Chanson romanesque - Moderato

"[...] inspirée de la danse et de la guitare (rythme initial), avec les pizzicatos des cordes et les effets de pédales. Pleine d'excès et de fleurs de rhétorique, elle exprime, en quatre strophes, les protestations d'amour ardentes du poète. Les figuralismes viennent souligner les moindres inflexions du texte, jusqu'au dernier soupir, murmurant «O Dulcinée» sur une appoggiature expressive et une sixte ajoutée, ouvrant à l'infini l'aveu du poète. [...]" (*)

Si vous me disiez que la terre

à tant tourner vous offensa,

je lui dépécherais Pança:

vous la verriez fixe et se taire.

Si vous me disiez que l'ennui

vous vient du ciel trop fleuri d'astres,

déchirant les divins cadastres

je faucherais d'un coup la nuit.

Si vous me disiez que l'espace

ainsi vidé ne vous plaît point,

Chevalier Dieu, la lance au poing,

j'étoilerais le vent qui passe.

Mais si vous me disiez que mon sang

est plus à moi qu'à vous, Madame,

je blêmirais dessous le blâme

et je mourrais, vous bénissant.

O Dulcinée!

Chanson épique - Molto moderato

"[...] De style presque liturgique (modalité, contrepoint), cette mélodie compare l'Aimée à la Vierge Marie avec une naïveté rappelant la chanson de Mélisande. La construction en arche intègre les trois strophes irrégulières du poème dans un mouvement continu. [...]" (*)

Bon Saint Michel qui me donnez loisir,

de voir ma Dame et de l'entendre,

Bon Saint Michel qui me daignez choisir

pour lui complaire et la défendre,

Bon Saint Michel veuillez descendre

Avec Saint Georges sur l'autel

de la Madone au bleu mantel.

D'un rayon du ciel bénissez ma lame

et son égale en pureté

et son égale en piété

comme en pudeur et chasteté: Ma Dame!

(o grands Saint Georges et Saint Michel).

L'ange qui veille sur ma veille

Ma douce Dame si pareille

à vous Madone au bleu mantel!

Amen.

Chanson à boire - Allegro

"[...] Cette dernière chanson pourfend l'humanité vulgaire (le bâtard, le jaloux, le pâle amant) pour assurer le droit à l'amour et à la joie. Deux couplets et refrains presque agressifs (vocalises, portés, accents) et l'implacable cadence parfaite en ut majeur, signe indubitable du bon droit. [...]" (*)

Foin du bâtard, illustre Dame,

qui pour me perdre à vos doux yeux,

dit que l'amour et le vin vieux

mettent en deuil mon coeur, mon âme!

Ah! ah! ah!... Je bois à la joie!

La joie est le seul but où je vais droit...

lorsque j'ai... lorsque j'ai bu!

Ah! ah! ah!... la joie!

La, la, la... je bois à la joie!

Foin du jaloux, brune maîtresse,

qui geint, qui pleure et fait serment

d'être toujours ce pâle amant

qui met de l'eau dans son ivresse!

Ah! ah! ah!... Je bois à la joie!

La joie est le seul but où je vais droit...

lorsque j'ai... lorsque j'ai bu!

Ah! ah! ah!... la joie!

La, la, la... je bois à la joie!

(*) ces trois citations proviennent d'un texte de Brigitte François-Sappey

Ernest ANSERMET dirige l'Orchestre de la Suisse Romande, le soliste est Pierre MOLLET. D'après le peu d'informations que j'ai pu trouver sur la toile, l'enregistrement semble dater du 20 novembre 1960. Il doit s'agir d'un enregistrement fait dans une salle de la Radio Suisse Romande, car dans la presse locale / régionale je ne peux trouver aucunes traces d'un concert avec cette oeuvre à son programme: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent!

L'enregistrement que vous écoutez...

Maurice Ravel, Don Quichotte à Dulcinée, Trois poèmes de Paul Morand, Pierre Mollet, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 20 novembre 1960, Genève

1. Chanson romanesque - Moderato 01:43 (-> 01:43)

2. Chanson épique - Molto moderato 02:44 (-> 04:27)

3. Chanson à boire - Allegro 01:57 (-> 06:24)

Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio Television Suisse

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René Gagnaux
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21 avril 2018
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