Un pont de Fribourg s'effondre

9 mai 1919
1700 Fribourg
Gazette de Lausanne
Yannik Plomb

Un pont de Fribourg s'effondre

Fribourg, 9 mai1919

Le pont du Gotteron, construit en 1840, renforcé en 1895, qui franchit près de Fribourg les gorges du Gotteron à 65 mètres de hauteur, suspendu par deux câbles, l'un de 1000 fils et J'autre de 1500, s'est effondré vendredi après-midi, à 4 heures, sur une longueur de 30 mètres, sous le poids d'un camion automobile transportant des billons et conduit par le chauffeur Alfred Fleurdelys.Le conducteur est venu s'écraser avec son camion sur la scierie Brohy.

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Le Gotteron est une gorge étroite, profonde et sauvage, longue de quatre kilomètres, qui commence à Hayosmühle pour déboucher à Fribourg. Ses parois s'ont formées de rochers à pic, tapissés de mousse et de verdure, masqués de grands arbres montés d'un jet depuis le fond.

Le pont du Gotteron relie les hauteurs de Beaumont, sur la rive droite, à celles de Burguillon, sur la rive gauche, Il a été construit, comme le Grand-Pont suspendu jeté sur la Sarine, par l'ingénieur Chaley.
Il offre cette particularité que vu de loin. Il paraît être une moitié du Grand-Pont, car les câbles, partant du sommet d'un rocher de la rive droite, entrent dans le sol, de l'autre côté, dans les points d'amarre; ils ne présentent ainsi que la moitié de la courbe parabolique. Il n'a presque pas de maçonnerie : les culées, l'amarrage, l'ancien poste de gendarmerie à son extrémité, tout est taillé dans la molasse.

Le pont est en harmonie avec le caractère sauvage et pittoresque de la gorge, sur laquelle il offre un coup d'œil saisissant. A l'ancien câble de mille fils a été ajouté, en 1895, un second câble de 1500 fils n° 18 (de 3,08 mm de diamètre). Le pont n'a coûté que 62,000 Fr.; les travaux de consolidation effectués en 1895 sont revenus à 82000 Fr, ce qui fait un total de 144,000 Fr, le prix de la moindre passerelle moderne.

Les principaux ennemis des ponts suspendus sont les coups de vent; après Chaque vent violent, les amarrages sont soigneusement révisés; au passage des ponts suspendus, ont fait rompre le pas aux troupes et aux cortèges pour éviter de dangereuses oscillations.

Pour autant qu'il est permis de s'en rendre compte pour l'instant, ca il est difficile de s'approcher, ce sont les planches du tablier qui ont cédé sous le poids du camion, et non pas les câbles, ce qui limite l'importance de I' accident.

Quatre ouvriers occupés à de petites réparations usuelles au pont et qui venaient de faire les quatre heures allaient reprendre le travail et parvenaient à la tête du pont lorsque s'est produit l'accident.
S'ils étaient survenus une minute plus tôt, ils auraient été entraînés dans la chute

Source Gazette de Lausanne du dimanche 11 mai 1919

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Yannik Plomb
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11 mars 2013
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