LE BÉLIER ÉCORCHÉ VIF (5)

1 janvier 1928
grimentz
(Extrait des „ Cahiers valaisans de Folklore ").
Michel Savioz

Une mère et sa fille vivaient à la montagne d'un petit et pauvre pâturage qui leur donnait à peine de quoi nourrir des moutons. Un soir qu'elles allaient se coucher, elles furent saisies d'inquiétude: à l'écurie, les bêtes se battaient et faisaient grand bruit. La femme dit: « Je me demande si j'ai bien fermé toutes les portes. Tu entends ce vacarme? Il y a déjà un moment que je l'entends », reprit sa fille. Elles s'approchèrent de la fenêtre et virent alors deux hommes qui sortaient un bélier de l'étable et l'emmenaient sous un arbre. Ils le pendirent à une branche et l'écorchèrent vif; de sa peau, l'un d'eux se fit une veste. Ils lui coupèrent ensuite les oreilles et les pieds et vinrent les déposer sur le lit de la femme terrorisée. Le reste fut mis dans un linge, déposé dans une caisse de fer et enterré. Avant de partir, un des inconnus dit à la mère: « Si vous touchez à cette chose avant une année, vous êtes perdue. » Elle, dès ce jour, craignait si fort un malheur qu'elle ne laissait approcher ni sa fille, ni ses moutons de ce mauvais creux. L'année passa et les deux hommes revinrent. Ils déterrèrent la caisse et l'ouvrirent: un bélier en sortit, bien reformé et bien vivant, à l'étonnement et à la joie de la femme et de sa fille.

Contes de Grimentz, par Robert Loup, professeur. Archives du Nouvelliste valaisan du 28 juillet 1928. Extraits des cahiers valaisans de folklore de l'abbé Luyet.

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Michel Savioz
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